Origine et histoire de l'Église Saint-Léger
L'église Saint-Léger de Mouy est une église catholique paroissiale de style gothique située à Mouy, dans l'Oise (Hauts-de-France). Son chœur polygonal remarquable date du troisième quart du XIIe siècle, tandis que la nef et le transept, achevés avant le milieu du XIIIe siècle, présentent une grande homogénéité. Le caractère trapu de la nef et du transept, dû à un rehaussement du sol et à un clocher de faible hauteur, est compensé par une disposition originale des fenêtres et par une élévation sur trois étages incluant une galerie autrefois ouverte sur les combles et désormais obturée. Le portail occidental, richement décoré, a toutefois perdu une partie de son authenticité à la suite d'une restauration radicale au XIXe siècle. Classée au titre des monuments historiques depuis le 28 mai 1936, l'église occupe le centre de la paroisse Sainte-Claire de Mouy.
Située au cœur du bourg, la façade occidentale donne sur la place Cantrel tandis que la façade méridionale s'ouvre sur la place du docteur Avinin, un parking bordé par la mairie; un corps de bâtiments au sud-ouest limite la vue d'ensemble et l'abside n'est partiellement visible que depuis l'est, la façade septentrionale ne débouchant que sur une étroite impasse et l'angle entre le croisillon nord et le chœur donnant sur un terrain privé. La plupart des archives ayant disparu, l'histoire de l'église reste largement méconnue. On estime toutefois qu'une première église romane a vu son chœur remplacé par un chœur gothique vers 1160–1175, puis qu'un nouveau transept a été édifié à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, la nef et ses bas-côtés étant achevés vers 1235–1250, la construction s'étant ainsi déroulée sur trois générations.
Un ouragan provoqua l'écroulement du clocher à la limite des XVIe et XVIIe siècles, entraînant la reconstruction des voûtes du transept et l'ajout, à l'est du croisillon nord, de deux travées basses et d'une chapelle de style Renaissance; une absidiole sud fut transformée en sacristie. En raison des troubles de l'époque, le clocher ne fut remplacé qu'au milieu du XVIIIe siècle par une flèche en charpente comportant un étage de beffroi, et des restaurations eurent lieu au XIXe siècle. À la fin des années 1930 l'état de l'édifice était très préoccupant et le chœur fut interdit d'accès; après la Seconde Guerre mondiale des travaux dirigés par l'architecte en chef des monuments historiques Jean‑Pierre Paquet furent entrepris à partir de 1949. Le rehaussement des abords, imputé aux fréquentes crues du Thérain, a relevé le sol d'au moins un mètre et a nécessité la création de nouvelles bases de piliers; ce surhaussement ne semble pas antérieur au début du XVIIe siècle.
Orientée légèrement nord-ouest / sud-est, l'église se compose d'une nef de quatre travées barlongues flanquée de bas-côtés, d'un transept dont chaque croisillon comporte deux travées successives, d'une chapelle orientée à l'est du croisillon sud, d'une extension de deux travées prolongeant le croisillon nord vers l'est, et d'un chœur formé d'une travée droite et d'une travée avec abside à cinq pans, ainsi que d'une absidiole nord à trois pans communicant avec l'extension du croisillon nord et la travée droite du chœur. Le clocher, installé à la croisée du transept, ne dépasse plus le faîtage des toitures et porte une flèche pyramidale en charpente; l'église possède un portail occidental et un portail latéral dans la troisième travée du bas-côté nord.
La façade occidentale, rythmée par rangs de billettes, larmiers et glacis, présente un portail en tiers-point à triple archivolte encadré de contreforts à pinacles, un tympan orné d'une arcature accueillant une Vierge à l'Enfant et un gâble XIXe qui masque partiellement une grande fenêtre à lancettes; les murs gouttereaux de la nef comportent des baies hautes à remplage simple et des arcs-boutants reliant la nef aux bas-côtés en appentis. Le transept se distingue par une corniche de feuillages, des baies et contreforts variés, une tourelle d'escalier octogonale au sud-est et une grande rosace au pignon du croisillon nord.
À l'intérieur, la nef, malgré sa physionomie trapue, s'organise en trois niveaux avec grandes arcades, une galerie aujourd'hui obturée et fenêtres hautes; l'ensemble est voûté sur croisées d'ogives dont aucun appareil n'est entièrement d'origine et où coexistent des profils du XIIIe siècle et des éléments stylistiques qui évoquent les XVe–XVIe siècles. Les piles des grandes arcades présentent un dispositif complexe de colonnes et colonnettes engagées, préfigurant des piles ondulées, tandis que les chapiteaux restent souvent simplement esquissés; les bas-côtés ont conservé leurs voûtes d'origine avec ogives à deux tores et formerets monotoriques.
Le transept, sans galerie, a vu ses voûtes reprises après l'effondrement du clocher et présente des piles occidentales anciennes ainsi que des piles refaites à la fin de la période flamboyante; des chapiteaux de style Renaissance y côtoient des éléments flamboyants. Le croisillon sud, peu remanié depuis sa construction autour de 1200, comporte deux travées voûtées d'ogives avec grandes clés sculptées et fines colonnettes, tandis que le croisillon nord, plus simple, offre une rosace et a été complété au XVIe siècle par des chapelles Renaissance, dont l'une sert de confessionnal et l'autre, la chapelle de la Vierge, ouvre largement sur le chœur.
Le chœur, rarement utilisé depuis le transfert du maître-autel à la croisée après la réforme liturgique issue du concile Vatican II, comprend une première travée carrée bordée de stalles et une seconde travée avec abside polygonale ornée de boiseries et abritant l'ancien maître-autel; l'abside, élancée malgré ses pans étroits, s'appuie sur des colonnettes fines et présente un agencement original où ogives et archivoltes toriques dialoguent avec les fenêtres.
Parmi le mobilier, l'église conserve au moins trois éléments protégés au titre des monuments historiques : une cloche du troisième quart du XVIIe siècle, un harmonium monumental Alexandre en tribune daté de la fin du XIXe siècle et une verrière figurée (baie 13) du milieu du XVIe siècle représentant saint Crépin et saint Crépinien.