Origine et histoire de l'Église Saint-Léger du Vieux-Bourg
L'église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux est un édifice anciennement affecté au culte catholique, situé sur la commune de Cravant-les-Côteaux (Indre-et-Loire). Elle conserve des éléments attribués à l'époque carolingienne, notamment des pilastres aux entrelacs primitifs, et sa nef pourrait remonter entre la fin du IXe siècle et la première moitié du XIe siècle. Au XIIe siècle la façade occidentale est reprise, une porte latérale est ouverte ou refaite et l'ancienne abside est démolie pour laisser place à une travée carrée formant transept et à un chœur composé d'une travée et d'une abside semi-circulaire percée de trois baies. La construction de la chapelle méridionale semble dater du XIIIe siècle ; cette chapelle porte cependant un décor peint daté du XVe siècle. Le carré central était probablement surmonté d'un clocher ; ce dernier est reconstruit au XVe siècle et un ouragan l'abat le 29 novembre 1838. Au XVe siècle, la reconstruction du clocher s'accompagne d'une surélévation du chœur qui entraîne la modification des baies et l'élévation d'un escalier en vis dans le chœur. Des travaux sont encore menés sur le clocher en 1841 par l'architecte Georges Ott, tandis qu'en 1851 la fabrique, confrontée à la vétusté de l'édifice, projette des réparations qui ne seront pas réalisées. Une nouvelle église paroissiale est ouverte au culte en 1863 et l'ancienne église est désaffectée, puis vendue aux enchères et acquise par la Société française d'archéologie le 8 janvier 1865. L'édifice est classé monument historique en 1913 et, dans les années 1930, il est cédé à l'Association des Amis du Vieux-Cravant, qui aménage un musée dans la nef et s'engage à entretenir le bâtiment. La découverte d'une fresque dans la chapelle sud date de 1934; plusieurs artistes semblent y avoir participé. En 1960 la charpente de la nef est refaite, tout en conservant certains éléments d'origine.
Architectoniquement, les murs de la nef sont en maçonnerie parementée de petit appareil alternant avec des pierres plus grosses, formant un décor de triangles et de pyramides, et présentent des lits de moellons en arête de poisson empruntés à l'art carolingien. À l'origine cinq baies éclairaient chaque mur gouttereau de la nef, mais deux des baies occidentales du côté nord sont aujourd'hui murées ; toutes les ouvertures sont en plein cintre. Un vestige de porte murée dans le mur nord pourrait correspondre à une ancienne Porte des Morts ouvrant sur le cimetière. La nef n'a jamais été voûtée mais couverte en charpente et en ardoises ; cette charpente a sans doute été remaniée au XVe siècle puis refaite en 1960. Le décor des arcs surmontant les baies est attribué au milieu du XIIe siècle par l'archéologue Charles Lelong.
La travée carrée qui remplace l'ancienne abside est voûtée en croisée d'ogives retombant sur des chapiteaux datés du milieu du XIIe siècle, tandis que la chapelle méridionale est voûtée en berceau brisé. Des blocs décorés, vraisemblablement issus de l'ancien chœur, sont remployés dans la nouvelle abside. La travée du chœur est couverte d'un berceau brisé en cul-de-four, prolongée par une abside également en cul-de-four dont deux baies ont été murées au XVe siècle.
Deux piliers monolithes, taillés dans un calcaire du Turonien supérieur et mesurant 1,78 m, sont entreposés à l'extrémité orientale de la nef ; gravés sur trois faces, ils portent des décors attribués à l'époque carolingienne, mais leur datation et leur fonction originelle restent discutées. Ces piliers avaient été remployés au XVe siècle lors de la construction d'une galerie méridionale et pourraient avoir été piédroits d'une ancienne porte ou éléments d'un chancel, une hypothèse plaçant leur date possible au XIe siècle malgré les attributions mérovingiennes puis carolingiennes.
Les murs et la voûte portent plusieurs cycles de peintures murales : une frise romane sur le mur nord de la nef, une scène du martyre de Léger sur la voûte de la travée carrée et, dans la chapelle méridionale, une fresque du XVe siècle représentant la Vierge et des fidèles sous un ciel étoilé, peut-être des donateurs. Des faux-joints rouges se superposent à la fresque de la chapelle et apparaissent également ailleurs sur les murs de l'église. Le musée installé dans la nef présente des découvertes archéologiques locales, notamment un alignement de sarcophages mérovingiens.