Origine et histoire de l'Église Saint-Léon
L'église Saint-Léon, église catholique du bourg de La Baussaine (Ille-et-Vilaine), est dédiée au pape Saint-Léon le Grand et figure parmi les plus remarquables églises rurales du département par son architecture gothique flamboyant et par ses verrières. Implantée sur un tertre délimité par la rue du Pont et la place de l'église, elle est encore entourée de son cimetière où se dresse une croix de granite datée de 1661, ornée d'un calice, d'une hostie, d'un bâton de pèlerin et d'une coquille Saint-Jacques. L'édifice actuel remonte essentiellement au XVIe siècle, mais des mentions anciennes de La Baussaine apparaissent dès 1197 et divers éléments d'architecture et inscriptions permettent d'en suivre l'évolution. La façade occidentale et le chevet appartiennent au dernier quart du XVe siècle, le collatéral nord semble se placer au tournant des XVe et XVIe siècles — le premier chapiteau occidental porte la cordelière d'Anne de Bretagne —, et des sablières portent les millésimes 1527 et 1555. La tour-clocher monumentale fut élevée en 1575, une chapelle attenante porte la date 1675 et une nouvelle sacristie fut édifiée dans les années 1834-1836. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1926.
Extérieurement, l'église présente un plan dissymétrique et des volumes imbriqués issus d'agrégations autour d'une nef originelle; la nef se termine par un chœur à chevet plat sans transept. Le flanc nord est rythmé par quatre chapelles de gabarits différents, perpendiculaires à la grande nef, dont les pignons sont percés de grandes baies à meneaux et coiffés de gables ornés de crochets et de gargouilles; ces chapelles, séparées par de puissants contreforts, conservent des remplages flamboyants. À droite de la nef s'alignent successivement un porche, une chapelle, la tour-clocher et une sacristie moderne. La façade occidentale en granite, marquée par un pignon effilé, est percée d'une porte ogivale aux archivoltes à motifs feuillagés et d'une grande fenêtre flamboyante; elle est ponctuée de trous de boulins et coiffée de crochets et d'un fleuron. La tour-clocher, élevée sur une embrase carrée en granite, s'appuie sur de massifs contreforts et se prolonge par un beffroi quadrangulaire puis une flèche octogonale en ardoise. Le chevet, résolument flamboyant et contemporain du pignon occidental, s'orne d'une maîtresse-vitre en trois lancettes garnie d'un tympan richement ajouré et est encadré par des contreforts plantés de biais couronnés de pinacles.
À l'intérieur, l'église est orientée et organisée autour d'une nef principale accompagnée au nord d'un collatéral formé par quatre chapelles sur toute la longueur, tandis que le sud compte deux chapelles, dont l'une se loge sous la tour-clocher; les dernières chapelles de chaque côté forment un pseudo transept bas. L'arcature qui sépare les deux nefs est composée de quatre arcs ogivaux de tailles différentes, appuyés sur des colonnes ou piliers aux chapiteaux variés; côté collatéral, ces arcs percent l'ancien mur gouttereau des chapelles. L'édifice développe un parti bas sans étage et est entièrement voûté de bois : la nef et le chœur sont couverts par un douvis qui repose sur des sablières apparentes, tandis que le collatéral nord présente des douvis successifs perpendiculaires à l'axe de circulation. Le plafond de la chapelle sous la tour est orné de moulures d'époque XIXe. La distribution intérieure s'organise selon l'axe est-ouest ; l'église compte trois accès — une porte centrale à l'ouest, une entrée sur le flanc sud et une porte dans la première chapelle sud — et la condamnation de la porte occidentale du collatéral nord renforce la prééminence du vaisseau principal. La lumière provient principalement de la maîtresse-vitre du chevet, accentuant la mise en valeur des vitraux de la Passion.
Les vitraux constituent l'élément le plus précieux de l'église et ont fait l'objet d'une mesure de classement en 1906 ; ils occupent quatre baies et datent de la première moitié du XVIe siècle. La maîtresse-vitre, datée des années 1520-1530, narre en dix-sept épisodes la Passion et la Résurrection du Christ répartis sur trois lancettes et un tympan ; elle présente un récit lisible de gauche à droite et de bas en haut et était autrefois ornée des armes du comte de Laval Guy XVI. Les autres verrières sont composites : la mouchette au revers de la façade occidentale montre une Vierge de Pitié ; la baie de la dernière chapelle du collatéral réunit dans plusieurs registres des scènes allant du serpent du jardin d'Éden et des mères des Saints-Innocents au Baptême du Christ, aux tentations et au Massacre des Innocents, jusqu'à saint Michel psychopompe et, au tympan, le Christ en gloire entouré de la Vierge et de saint Jean ; la verrière de la première chapelle sud présente des épisodes de l'enfance du Christ — Adoration des mages, circoncision, Nativité, songe de saint Joseph et Fuite en Égypte — et la Pentecôte au tympan.
Parmi les autres éléments remarquables figurent des fonts baptismaux octogonaux en granite, doubles et pédiculés, datés du XIVe siècle et portant les armes des seigneurs de Tinténiac, classés comme objets en 1911, ainsi qu'une pierre tombale du XVe siècle au bas de la nef, également classée en 1911 et portant des armoiries d'alliance. L'église conserve encore une Vierge à l'Enfant du XVIIe siècle placée à l'autel septentrional, deux sculptures attribuées à l'atelier de Jean-Baptiste Barré ornant le maître-autel (saint Léon et saint Joseph) et un important décor et mobilier néogothique dans le chœur.