Origine et histoire de l'Église Saint-Léonard
L’église Saint-Léonard, située dans la haute ville de Fougères en Ille-et-Vilaine, est une des paroisses catholiques de la commune, voisine de l’hôtel de ville et du jardin public ; l’impasse Saint-Léonard la sépare de l’ancien siège de la Chambre de commerce et d’industrie. Le texte signale que l’église a été commencée en 1380 et qu’elle avait précédemment été érigée au XIIe siècle par les moines de Pontlevoy, fondation liée à un différend avec l’église Saint-Nicolas ; elle devint rapidement la paroisse du bourg-neuf. L’édifice a fait l’objet d’importantes reconstructions entre 1407 et 1636 dans un style gothique flamboyant, puis a été profondément remanié au XIXe siècle, avec notamment une transformation et un agrandissement en 1877, la réorientation du sanctuaire et l’élévation d’une nouvelle façade principale par les architectes Tourneux et Prioul. Profanée à la Révolution, l’église a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 15 mars 1944.
Sans transept et terminée par un chevet plat, Saint-Léonard présente un plan basilical simple : une nef ample de neuf travées flanquée de collatéraux, la première travée servant de narthex ouvrant sur deux chapelles dont une sous la tour. L’édifice, proche de l’église-halle, conserve des élévations à deux étages avec grandes arcades, arcature continue et douvis rythmé par des arcs doubleaux ; les collatéraux, initialement chapelles indépendantes, ont été transformés et régularisés au XIXe siècle, leurs voûtes d’ogives en pierre et certains aménagements liturgiques conservant des traces des dispositions primitives. L’éclairage direct de la nef reste limité : la grande vitre occidentale et la rosace contribuent, mais la luminosité provient surtout des fenêtres des collatéraux.
La façade principale, datant du XIXe siècle et posée sur un haut emmarchement, transpose des modèles flamboyants d’Île-de-France en kersanton et se distingue par une porte au tympan ajouré, des contreforts sommés de pinacles, une grande rosace de six mètres et des galeries ornementées. Le côté nord, tourné vers la ville, est plus richement décoré que le collatéral sud : il présente une galerie Renaissance à balustres le long du chéneau, six pignons anciens, gâbles ornés de feuillages, pinacles sculptés, gargouilles et une fenêtre dont l’archivolte est ornée d’Adam et Ève. Le clocher, en granit local, combine une base ancienne et des étages supérieurs d’inspiration Renaissance, avec gargouilles, galerie et un haut beffroi couronné d’un dôme à lanternon.
La plupart des vitraux datent de 1959 : après le bombardement de la ville en 1944, François Lorin de Chartres a réalisé des verrières pour les collatéraux et le chevet représentant des saints bretons ou particulièrement vénérés (sainte Jeanne de France, sainte Geneviève, saint Yves, le Curé d’Ars, saint Crépin et saint Crépinien, saint Aubert et saint Michel). L’église conserve aussi des fragments de vitraux du XVIe siècle et le plus ancien vitrail de Bretagne, un rondel du XIIe siècle provenant de l’abbaye de Saint-Denis, ainsi que d’autres pièces de Saint-Denis exposées dans les chapelles flanquant la façade principale ; ces éléments ont été classés le 10 décembre 1906. Des fragments du XVe-XVIe siècle représentant notamment l’entrée du Christ à Jérusalem, la résurrection de Lazare et des scènes évangéliques sont conservés dans la chapelle des fonts et la chapelle du Sacré-Cœur.
Le mobilier comprend des œuvres classées et datées : les grandes orgues construites en 1881 par Louis Debierre, inaugurées le 15 décembre 1881 par César Franck et Eugène Gigout, possèdent trois claviers, un pédalier, 37 registres pour 34 jeux réels avec traction électropneumatique ; le buffet, modifié en 1902 pour suivre la courbe de la rosace, et la partie instrumentale ont été classés le 21 décembre 1990 et l’instrument restauré de 1991 à 1994. Un orgue de chœur du même facteur, classé le même jour, comporte deux claviers, un pédalier, 10 registres pour 8 jeux réels, une traction mécanique avec tirage pneumatique et cinq combinaisons. Parmi les statues et tableaux figurent un groupe de l’Éducation de la Vierge, œuvre flamande du premier quart du XVIe siècle, et une statue de sainte Marguerite du dernier quart du XVIe siècle, toutes deux classées le 17 mars 1975, ainsi qu’une Vierge à l’Enfant sculptée en 1873 par Amand Harel. Deux tableaux des frères Devéria, l’Assomption d’Eugène Devéria et la Résurrection de Lazare d’Achille Devéria, sont classés à titre d’objet depuis le 25 octobre 1919 ; d’autres peintures du même ensemble ont été classées antérieurement et certaines se trouvent aujourd’hui au couvent des Ursulines ou à l’Hôtel de Ville.
Parmi les autres œuvres d’art se trouvent une chaire à prêcher de 1716, un maître-autel néogothique en marbre, cuivre et émaux réalisé par Poussielgue-Rusand en 1882 et classé le 28 septembre 1977, dont l’antependium porte des cartouches figurant l’Agneau et le tétramorphe ainsi que des bas-reliefs autour du tabernacle, et une grille de clôture du chœur en ferronnerie également classée. L’ensemble fait de Saint-Léonard un témoignage notable de l’architecture religieuse et du mobilier liturgique de Fougères, mêlant éléments médiévaux, réemplois et restaurations modernes.