Origine et histoire de l'Église Saint-Leufroy
L'église Saint-Leufroy est une église catholique paroissiale située à Thiverny, dans la vallée du Thérain, dans le département de l'Oise, en région Hauts-de-France. Bâtie à flanc de coteau à la limite sud‑ouest du village, elle domine légèrement la partie basse et est orientée de façon irrégulière du fait du terrain ; la façade méridionale donne sur la rue Victor‑Hugo et le chevet regarde une propriété privée mais reste visible depuis la voie publique. L'édifice, de dimensions modestes (environ 15 m de long sur 5 m de large), se compose d'une nef de deux travées et d'un chœur de deux travées, voûtés d'ogives, sans bas‑côtés ni transept ; l'accès unique se fait par le portail occidental précédé d'un porche, et une petite flèche en charpente est posée sur la première travée de la nef. La construction remonte à la seconde moitié du XIe siècle ; de cette phase romane subsistent notamment tout le mur nord de la nef et une partie du mur occidental, ainsi que le portail à bâtons brisés daté d'environ 1130. La nef a été élargie et voûtée d'ogives vers 1230–1240 sous l'influence stylistique de l'ancienne nef de Saint‑Médard de Creil, et le chœur a été reconstruit une vingtaine d'années plus tard dans un style gothique rayonnant sobre. Le chevet conserve un rare fragment de vitrail d'origine, daté du XIIIe siècle et représentant saint Leufroy en habit épiscopal; ce vitrail occupe le tympan et fait l'objet d'une protection et d'une restauration après les dommages subis lors des bombardements de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'église a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 16 octobre 1930 et a fait l'objet de plusieurs campagnes de restauration, notamment en 1858, avec des interventions sur le chœur en 1870, des travaux de remise en état après 1945 (réparations de la charpente et du clocher en 1948–1950), une restauration du chœur en 1981 et un réaménagement du parvis en 2005 ; une grille protège aujourd'hui la grande baie du chevet. Sur le plan paroissial, les reliques de saint Leufroy ont été apportées à Thiverny lors des invasions normandes et une vertèbre, envoyée par l'abbaye de Saint‑Germain‑des‑Prés en 1769, est conservée dans une châsse à droite du chœur ; la paroisse dépendait du doyenné et de l'archidiaconé de Clermont du diocèse de Beauvais et, depuis la réorganisation diocésaine de 1996, elle fait partie de la paroisse Notre‑Dame des Deux Rivières dont le siège est à Montataire. La vie paroissiale a connu des ruptures pendant la Révolution et la Seconde Guerre mondiale, la procession de la Saint‑Leufroy du 21 juin subsistant jusque dans la première moitié du XXe siècle mais cessant après la guerre ; l'église n'est plus utilisée pour les célébrations régulières. Extérieurement, l'édifice est bâti en pierre de taille et présente la juxtaposition des maçonneries romanes et gothiques : contreforts plats et fenêtres romanes au nord, contreforts plus élevés et lancettes gothiques au sud, et un chevet percé d'une grande baie tripartite en tiers‑point surmontée d'un trèfle. Le portail roman fait saillie devant la façade, s'ouvre en anse de panier entre deux séries de colonnettes aux chapiteaux variés et se signale par une triple archivolte ornée d'un tore, d'un rang de bâtons brisés et d'un cordon de feuilles d'acanthe stylisées ; le porche conserve une charpente ancienne et deux bancs de pierre usés par l'usage. À l'intérieur, on descend six marches pour pénétrer dans la nef dont les proportions compactes et la hauteur des voûtes donnent une impression de nef basse ; les ogives présentent des profils soignés et des traces de polychromie, les doubleaux retombent sur des faisceaux de colonnettes et certains éléments comportent des consoles ou massifs maçonnés en lieu et place de chapiteaux sculptés. Le chœur, plus élevé et aux travées moins profondes, se distingue par des profils d'ogives différents, des fenêtres hautes en lancettes et une austérité ornementale marquée, tandis que des peintures murales en ocre représentant des rinceaux et une Cène subsistent au niveau du chevet et dans la niche du tabernacle. Le mobilier comprend un fragment de vitrail classé (vers 1240), la châsse renfermant une vertèbre de saint Leufroy probablement datable du XIXe siècle, de petites statues de saint Leufroy et de saint Benoît, un tableau de retable représentant la Résurrection, des fonts baptismaux monolithiques en calcaire et plusieurs dalles funéraires et plaques de fondation liées à des bienfaiteurs de la paroisse. L'ensemble se présente aujourd'hui en bon état de conservation après les divers travaux menés au cours des XIXe et XXe siècles.
