Origine et histoire de l'Église Saint-Lié de Mohon
L'église Saint-Lié de Mohon, aujourd'hui rattachée à Charleville-Mézières dans les Ardennes, est placée sous le vocable de saint Lié, moine du Berry protecteur des malades. Un premier édifice, probablement dédié à saint Gilles, existait déjà au XIIIe siècle. Au XVIe siècle fut édifiée une nouvelle église de style gothique flamboyant, apparemment achevée entre 1607 et 1611, avec des réparations attestées en 1683 par une inscription. Le corps de Lié de Micy aurait reposé dans l'église à cette époque. En 1523 une confrérie chargée de vénérer les reliques de saint Lié fut fondée et obtint une indulgence du pape Paul V, puis en 1611 l'édifice fut définitivement consacré à saint Lié en lieu et place de saint Gilles. En 1613 l'église et le village de Mohon furent vendus par René d'Anglure à Louise Marguerite de Lorraine et rattachés à la principauté de Château-Regnault, puis Mohon et son église furent réunis à la France le 6 mars 1629. Mohon fut intégré en 1966 à Charleville-Mézières, à laquelle l'église est depuis rattachée. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis le 14 octobre 1911. L'un des deux reliquaires contenant les reliques de saint Lié fut volé en 1977 ; seule subsiste aujourd'hui la tête reliquaire contenant le crâne du saint et une clavicule.
La façade ouest porte les dates 1607 et 1611 et adopte un style classique en contraste avec le reste de l'édifice. On y relève des éléments d'inspiration renaissance italienne, notamment le portail, des tourelles hexagonales et un balcon. Le porche est couvert d'une voûte cintrée à caissons dont les lignes convergent vers le tympan. Une loggia ajourée de trois baies, surmontée d'un fronton triangulaire, surplombe l'entrée, flanquée de deux tourelles latérales hexagonales. Les bas-côtés sont couverts par une succession de petites toitures à trois pans séparées par des arcs-boutants, et la partie droite de l'édifice présente deux cadrans datés de 1562, l'un solaire et l'autre lunaire.
L'intérieur, de style flamboyant, offre un vaste espace sans cloisonnement du fait de l'absence de transept, de l'emploi de piliers circulaires et de la faible différence de niveau entre le vaisseau central et les collatéraux. La nef centrale est large ; le style des voûtes des deux premières travées indique une campagne de construction postérieure à celle du chœur. Les colonnettes reposent sur des piles circulaires et les ogives forment des nervures complexes. Les chapiteaux de style renaissance sont ornés de putti et de guirlandes de fruits encorant la partie haute des supports, et la clé de voûte de la deuxième travée porte une sculpture du Christ ressuscité entouré des évangélistes. Le décor du XVIIIe siècle se manifeste notamment par le retable du chœur représentant la Résurrection, encadré d'une décoration riche en marbre polychrome et surmonté, sur la corniche, de deux anges assis présentant les emblèmes de la Passion ; des boiseries sculptées habillent les murs latéraux.
Parmi les éléments remarquables conservés figurent l'autel principal et les fonts baptismaux, tous deux classés, le mobilier et le décor du XVIIIe siècle, des reliquaires du XVIIe siècle, douze vitraux réalisés en 1986 par le maître-verrier et sculpteur Gérard Lardeur, le visage du Christ sculpté sur le chapiteau d'une colonne de droite, ainsi que un autel latéral et les stalles de chœur inscrits au patrimoine. La bibliographie cite notamment le Dictionnaire des églises de France (Tome V-A), Christine Martin (Pèlerinages d'Ardenne méridionale) et le Guide Champagne-Ardenne.