Origine et histoire
L'église Saint-Louis est située à Marseille, au cœur du quartier Saint-Louis, au n°20 chemin de Saint-Louis au Rove, dans le 15e arrondissement. Une première église paroissiale du XVIIIe siècle, d'environ 480 m² et capable d'accueillir 300 fidèles, se trouvait à l'emplacement de l'actuelle place Charles Susini. Après la Première Guerre mondiale, l'extension industrielle des quartiers nord rendit cette capacité insuffisante. L'évêque Mgr Dubourg, consacré en février 1929, nomma l'abbé Gabriel Pourtal pour relancer la vie paroissiale et lui confia la mission d'édifier une nouvelle église de 900 places. En 1932 une paroissienne offrit un terrain pentagonal de 1 100 m² entouré d'installations industrielles, et la construction fut confiée en décembre 1933 à l'architecte Jean-Louis Sourdeau. Le terrain irrégulier empêchant une disposition en croix latine, Sourdeau proposa un plan ambitieux qui exploita presque entièrement la parcelle. L'édifice fut inauguré en 1935 et a été inscrit dans son intégralité au titre des monuments historiques en 1989. L'église comprend une tour-clocher, un narthex, une nef surmontée d'une coupole et une ancienne chapelle dédiée à la Vierge, l'ensemble réalisé en béton armé. La coupole repose sur un tambour circulaire de 21 mètres de diamètre et d'environ 50 cm d'épaisseur, percé de quarante ouvertures circulaires pour l'éclairage. Dans ces ouvertures, des rosaces formées de lettres composent le début de l'hymne "gloria in excelsis deo et in terra pax". Les sculptures en béton de Carlo Sarrabezolles, obtenues par taille directe dans le béton frais, ornent l'extérieur : l'archange Gabriel de 9 mètres au sommet du clocher et un grand Christ entouré de deux anges sur la façade. L'entrée principale s'ouvre au pied d'une tour carrée qui porte le clocher, celui-ci étant décalé et orienté à 45° par rapport à la tour, et surmontée d'un chrisme ajouré au-dessus de la porte. La façade donnant sur le chemin de Saint-Louis au Rove est la seule à comporter un décor sculpté ; elle se divise en trois panneaux verticaux séparés par des pilastres. Le panneau central présente un Christ en croix en très haut relief de 6,5 m, sous lequel est inscrit "L'amour est plus fort que la mort", tandis que les panneaux latéraux associent bas-reliefs d'anges en partie haute et verrières en pavés de verre en partie basse. À l'intérieur, l'édifice, qui ne devait initialement comporter aucune statue, accueille aujourd'hui une Vierge à l'Enfant en plâtre dans le narthex, œuvre de François Carli réalisée pour la bénédiction du terrain le 15 octobre 1933, et une stèle en marbre blanc de sainte Fortunée par Louis Botinelly, figurée tenant la palme et accompagnée d'un lion endormi sur un fond mosaïqué d'or. Le chemin de croix est une frise peinte à la fresque par Jac Martin-Ferrières — fils d'Henri Martin — en un mètre de hauteur réparti sur cinq panneaux qui couvrent les quatorze stations; l'ensemble a été réalisé en un mois et demi et a fait l'objet d'une restauration en 2016 après des altérations causées par des infiltrations d'eau. Le narthex abrite six vitraux rectangulaires figurant Martin de Porrès, Jeanne d'Arc sur le bûcher, Vincent de Paul protégeant un enfant, saint Louis nimbé tenant la couronne d'épines, l'archange saint Michel et le bienheureux Antoine Chevrier. Dans l'église se trouvent également huit verrières en pavés de verre consacrées à l'histoire de saint Louis, réalisées selon la technique de la "mosaïque transparente" inventée par Jean Gaudin ; elles se répartissent en six rosaces de trois mètres de diamètre et deux panneaux rectangulaires de 2,10 m par 2,80 m, chacun divisé en trois parties par des meneaux en béton. Les deux panneaux de la partie basse de l'ancienne chapelle de la Vierge représentent la piété des marins avec un bateau et l'inscription "Stella Maris", et une dédicace à la Vierge avec un M surmonté d'une croix et l'inscription "Salve Regina". Les rosaces illustrent divers thèmes : la cité de Sion avec ses murailles et une croix de Jérusalem, la couronne d'épines, les bateaux des croisades, ainsi que des symboles de royauté (globe surmonté d'une croix, épée et sceptre entrecroisés sous une couronne), la ville de Tunis et la devise royale "Montjoie ! Sant Denis !". L'ensemble des décors sculptés et des verrières, de style épuré, participe de l'originalité architecturale et artistique de l'édifice.
