Origine et histoire de l'Église Saint-Lucien
L’église Saint‑Lucien, paroissiale et catholique, se trouve à Avernes (Val‑d'Oise), dans le parc naturel régional du Vexin français, et est classée monument historique par arrêté du 7 mai 1945. Dédiée à saint Lucien, apôtre du Beauvaisis et premier évêque de Beauvais, son origine documentée remonte au moins au milieu du XIIe siècle, période à laquelle appartient le portail en plein cintre. Ce portail, rare dans le Vexin par sa triple archivolte et ses colonnettes, témoigne d’un style de transition entre roman et gothique ; son tympan et son linteau ont disparu mais une inscription révolutionnaire subsiste au‑dessus. Le chœur et la croisée du transept furent édifiés d’abord, à la fin du XIIe siècle, puis vinrent rapidement les croisillons ; ces parties, de style gothique primitif, conservent des éléments authentiques, en particulier la croisée du transept. La nef a probablement été reconstruite à la fin du XVe siècle en n’utilisant que quelques chapiteaux anciens et le portail plus ancien, puis elle a fait l’objet de restaurations importantes à la fin du XIXe siècle qui ont installé des voûtes d’ogives factices en plâtre et modifié les supports. Le chœur et le croisillon sud ont subi des restaurations radicales en 1883 et 1888, qui ont notamment remplacé les clés de voûte et la quasi‑totalité des chapiteaux ; la restauration du croisillon nord, entreprise en 1901, est restée inachevée et a laissé des blocs cubiques à la place de chapiteaux. La première travée du chœur, couverte d’une voûte sexpartite, et la disposition particulière des supports restent des éléments remarquables de l’édifice, tandis que la croisée du transept apparaît comme la travée la plus fidèle au XIIIe siècle. L’histoire paroissiale est mal connue et de nombreuses phases de construction doivent encore être précisées par l’analyse archéologique ; certains auteurs ont proposé des hypothèses sur des remaniements ultérieurs, dont il convient de conserver la prudence. Autrefois rattachée au doyenné de Meulan et au prieuré de Saulseuse, la cure était vraisemblablement un prieuré‑cure, et un prieuré se situait au sud de l’église. Après des réorganisations diocésaines modernes, la paroisse est aujourd’hui regroupée avec Marines au sein de la paroisse Avernes et Marines, qui rassemble de nombreuses clochers ; la communauté organise plusieurs messes de semaine et des célébrations sont tenues fréquemment, même si les messes dominicales ne se déroulent pas systématiquement chaque semaine en l’église Saint‑Lucien. L’édifice s’inscrit dans un plan cruciforme avec une nef de quatre travées, bas‑côtés, transept et chœur profond à deux travées ; le clocher central, trapu, porte une haute flèche de charpente. À l’extérieur, le chœur et le transept présentent des contreforts à ressauts, des fenêtres en lancettes flanquées de colonnettes et une corniche du chœur particulièrement soignée; le bas‑côté nord autour du portail est appareillé en pierre de taille tandis que le reste de la nef est en moellons. L’accès principal se fait par le portail placé dans la seconde travée du bas‑côté nord ; la façade occidentale est enclavée dans l’ancien cimetière et n’est pas visible depuis la rue. À l’intérieur, la nef est largement reconstruite et éclairée surtout par une grande baie occidentale de style rayonnant et par les baies des bas‑côtés, dont certaines présentent un remplage flamboyant tardif ; les voûtes de la nef sont factices et laissent apparaître des choix de restitution du XIXe siècle. Les chapiteaux médiévaux, lorsque conservés, montrent des sculptures végétales et des crochets, et l’on note des chapiteaux tournés ou reposés de travers à l’occasion de remaniements anciens ou récents. La croisée du transept conserve des chapiteaux richement sculptés, une polychromie architecturale subsistante et des clés de voûte néogothiques, et les croisillons conservent des lancettes hautes ; le croisillon sud est mieux préservé que le nord, où des remplacements maladroits ont affaibli l’état. Le chœur, profond et lumineux, comportait neuf fenêtres et une première travée sexpartite ; il montre des faisceaux de colonnettes et des profils d’ogives conformes à la première période gothique, malgré des remplacements et des sculptures resculptées au XIXe siècle. Parmi le mobilier, deux éléments bénéficient d’une protection au titre des objets : une cloche en bronze datée de 1729 et d’autres pièces sont remarquables, notamment un tableau de l’Ecce homo attribué au frère Luc, deux crédences de style rocaille, un banc d’œuvre de type flamboyant probablement du XIXe siècle, un crucifix en fonte et une plaque funéraire de Jean Le Noir datée de 1657. L’environnement immédiat montre l’ancien cimetière herbeux devant l’église, une ruelle qui contourne le chevet et une source avec lavoir au sud, éléments qui signalent l’humidité du terrain et les dommages que celle‑ci a causés à l’édifice.