Origine et histoire de l'Église Saint-Lucien
L'église Saint‑Lucien est une église catholique paroissiale située rue de la Libération à Courcelles‑sur‑Viosne, dans le Val‑d'Oise, au cœur du parc naturel régional Oise‑Pays de France, bordée par le cimetière au nord et au sud et accessible depuis la rue par un escalier de quatorze marches. La paroisse, dédiée à saint Lucien, est attestée comme érigée en 1161 selon l'abbé Vital Jean Gautier ; sous l'Ancien Régime elle relevait du doyenné de Meulan et de l'archidiocèse de Rouen, dont l'archevêque était collateur de la cure. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 14 octobre 1908 (à l'exclusion de la nef), l'église dépend aujourd'hui de la paroisse Avernes et Marines et accueille des messes dominicales de façon irrégulière, environ cinq fois par an.
L'édifice présente un plan dissymétrique à double nef résultant d'une adjonction : la nef méridionale correspond à la nef primitive tandis qu'un vaisseau septentrional plus large a été ajouté, conférant à Saint‑Lucien la particularité locale d'une double nef couverte par une toiture commune à deux rampants. L'élément le plus ancien est la base du clocher, roman, qui conserve une voûte d'ogives parmi les plus anciennes du département ainsi qu'une dizaine de chapiteaux romans aux motifs variés (feuilles plates, volutes, godrons, palmettes et entrelacs). Le chœur, de la première époque gothique et daté du début du XIIIe siècle, apparaît austère à l'extérieur mais montre un travail soigné à l'intérieur : il s'agit d'un chœur à double vaisseau rare dans la région, réglé en cinq travées et voûté d'ogives, le vaisseau nord servant de chœur liturgique.
L'intérieur offre deux nefs à un seul niveau d'élévation, simplement plafonnées et dépourvues d'ornement sculpté ; les plafonds plats à poutres apparentes et le sol en tomettes accentuent la sobriété des vaisseaux, attirant le regard vers les parties orientales plus raffinées. La base du clocher, de plan carré, communique avec la nef méridionale et le chœur ; elle s'ouvre par un arc triomphal et reçoit des ogives en plein cintre reposant sur colonnettes installées à 45°, tandis que la clé de voûte reste sobre et les formerets sont absents. Les tailloirs et les chapiteaux de la base témoignent d'un répertoire roman simple, les sculptures variant d'un angle à l'autre et présentant des influences normandes pour certains godrons.
Le chœur, conçu selon les principes d'un chœur‑halle à double vaisseau, présente des ogives profilées en forme d'amande, des clés de voûte ornées de rosaces feuillagées et des doubleaux longitudinaux plus larges que les doubleaux transversaux ; la sculpture se concentre sur des crochets stylisés et des feuilles polylobées appliquées sur les grands chapiteaux, tandis que les fenêtres sont des lancettes hautes régulièrement réparties et, au chevet, regroupées par deux sous un arc de décharge. Quelques irrégularités dans le tracé et l'appareil résultent des raccords avec la base de clocher romane et avec le vaisseau ajouté au nord ; une petite chapelle peu profonde, voûtée en berceau, s'ouvre au nord de la deuxième travée et peut correspondre à un enfeu ou à un aménagement postérieur.
À l'extérieur, le mur occidental conserve l'empreinte du pignon primitif du vaisseau ajouté au nord ; le portail occidental simple en plein cintre est précédé d'un porche sobre à plafond de bois, où une niche abrite une Vierge à l'Enfant offerte par l'archiconfrérie de la Vierge Marie. Les élévations latérales diffèrent selon les campagnes : la face nord, côté rue, est rythmée par des contreforts et des lancettes en tiers‑point, tandis que la face sud, côté cimetière, garde un contrefort plat roman et ne comporte que deux fenêtres en plein cintre. Le chevet, d'apparence massive et dépourvu d'ornementation, est percé d'ouvertures hautes correspondant aux lancettes visibles à l'intérieur.
Le clocher roman, largement lisible depuis le flanc sud, se compose de la base, d'un étage intermédiaire, d'un beffroi et d'une flèche octogonale en pierre cantonnée de quatre pyramidons ; l'étage de beffroi s'ouvre sur des baies géminées en plein cintre à double archivolte, reposant sur colonnettes, et se termine par une corniche à modillons, tandis que la flèche est couverte d'écailles et percée d'ouvertures rectangulaires. Une tourelle d'escalier cylindrique, ajoutée ultérieurement, vient s'appuyer sur l'angle sud‑ouest du clocher.
Le mobilier compte deux objets protégés au titre des monuments historiques : une Vierge à l'Enfant en pierre du XIVe siècle, classée en octobre 1905 et exposée dans le retable du chœur droit, aujourd'hui en mauvais état et recouverte de badigeons et de dorures, et un bahut en bois, jadis coffre de fabrique, classé en juin 1908 mais absent de l'église. Parmi les autres éléments remarquables se trouvent des lustres en laiton à pampilles, une grille de communion en fer forgé, un vitrail du XIXe siècle représentant saint Lucien signé Charles Lévêque (Beauvais) dans la deuxième fenêtre de la nef de droite, une plaque de fondation de Nicolas Le Clerc datée de 1639 et quelques fragments d'anciennes boiseries et statues postérieurs à la Révolution.
