Origine et histoire de l'Église Saint-Maclou
Église Saint-Maclou
L'église Saint-Maclou est un lieu de culte catholique situé au centre-ville de Rouen, en Seine‑Maritime, en Normandie. Son nom provient de Maclou, l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne continentale, qui vécut entre le VIe et le VIIe siècle. Un premier sanctuaire fut édifié au Xe siècle sur une île de la Seine, dans une zone marécageuse ensuite asséchée par le duc de Normandie. La chapelle primitive donna naissance à un noyau urbain et fut élevée au rang de paroisse par le roi Louis IX en 1253. Deux premières églises furent détruites par des incendies au XIIIe siècle et la nef de la troisième s'effondra au début du XVe siècle par manque d'entretien. En 1432 les trésoriers de la fabrique demandèrent à l'archevêque Hugues des Orges la reconstruction de l'édifice ; les travaux commencèrent en 1436, encouragés par une ordonnance accordant des indulgences aux donateurs. Pierre Robin fut le premier architecte ; Oudin de Mantes, Simon le Noir, Ambroise Harel et Pierre Gringore se succédèrent jusqu'au milieu du XVIe siècle. Le gros œuvre fut achevé au début du XVIe siècle et la construction progresa ensuite vers la tour‑lanterne. L'apport financier des paroissiens, documenté par le petit et le grand cartulaire de la fabrique, permit l'achat d'ornements, la construction d'une sacristie et l'installation de grandes portes sculptées.
L'édifice, chef-d'œuvre du gothique flamboyant, a été construit entre 1437 et 1517 ; sa façade occidentale s'ouvre sur une rosace et un porche à cinq baies couronné de gables ajourés. Les trois baies centrales abritent des portails, dont le portail principal présente des voussures ornées de scènes de résurrection et un tympan figurant un jugement dernier ; deux vantaux en bois sculpté datent de la Renaissance et sont l'œuvre des huchiers. Le plan comporte un transept peu saillant par rapport aux chapelles latérales, un déambulatoire sans chapelle d'axe et un chœur terminé par une abside à quatre pans. La tradition normande de la tour‑lanterne est respectée et celle-ci fait office de clocher ; sa flèche de 83 mètres, œuvre de l'architecte Jacques‑Eugène Barthélémy, fut édifiée entre 1868 et 1872. La sacristie orientale est un pastiche néo‑Renaissance dont les colonnes de marbre proviennent d'Italie. L'intérieur, conçu pour capter un maximum de lumière, se caractérise par l'absence de chapiteaux sur les piliers et par de grandes baies qui remplissent l'espace entre les travées. Le chœur, fort remanié, a perdu la plupart de ses boiseries baroques d'avant‑guerre, à l'exception d'une chapelle ; la poutre de gloire du XVIIIe siècle a été conservée et une chapelle au sud du déambulatoire n'a pas été reconstruite après la guerre.
Peu de vitraux anciens subsistent ; on peut toutefois voir un arbre de Jessé du XVe siècle au‑dessus du portail nord et une crucifixion au‑dessus du portail sud. Un orgue de la Renaissance subsiste sur le revers de la façade occidentale ; son buffet est attribué à Nicolas Castille. L'église connut des violences au cours de son histoire, notamment le saccage par les protestants en 1562 et la fermeture pendant la Révolution en 1793. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, elle subit d'importants dommages : la chute de deux bombes provoqua destructions et incendies et elle fut également touchée par une torpille allemande. Des travaux conservatoires s'ensuivirent ; l'édifice fut partiellement rendu au culte en 1965, le chœur restauré en 2000 et la tour‑lanterne inaugurée de nouveau le 23 juin 2007. En 2008 la ville de Rouen signa, avec l'État, la Région et le Département, un « Plan Patrimoine » de plus de 7 millions d'euros pour des travaux jugés indispensables. Un chantier engagé en septembre 2011 a traité les parties hautes de la couverture et la totalité de la façade occidentale, tandis que la façade sud et la reconstruction de la chapelle Sainte‑Clotilde restent à achever. Classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, l'église a vu, parmi les personnalités qui y sont liées, les baptêmes des graveurs Noël Le Mire et Jean‑Jacques Le Veau et la présence comme curé de l'académicien Julien Loth en 1886.