Origine et histoire de l'Église Saint-Malo
L'église Saint-Malo, en granite, se situe à Yvignac‑la‑Tour dans les Côtes‑d'Armor. Sa mise en œuvre peut remonter aux XIe‑XIIe siècles ; le chœur a été reconstruit au XVe siècle. De l'édifice primitif subsistent cinq travées de la nef et la majeure partie du mur de l'abside. La nef romane a fait l'objet de modifications aux XIIe et XIIIe siècles. Les bases des piles et les chapiteaux sculptés des piliers témoignent de cette ancienneté. À la rencontre des bandeaux et des nervures verticales qui séparent les travées, divers ornements enrichissent la maçonnerie. À la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, l'architecture a été renforcée : façade épaissie, portail encastré, piliers consolidés par pilastres et colonnes à bases et chapiteaux sculptés, et baies élargies. Les bas‑côtés ont été prolongés vers le chœur, côté nord au XIIe siècle et côté sud au XIIIe siècle. Les murs extérieurs des bas‑côtés ont été reconstruits au XVIIIe siècle. Au XIXe siècle l'église a été largement remaniée : le clocher a été élevé entre 1868 et 1874 par M. Jollivet de Tressaint d'après les plans de M. Ramard, et les bas‑côtés, le chœur et le transept ont été rebâtis selon les plans de M. Maignan entre 1881 et 1884. Ces travaux ont donné lieu à un conflit avec le service des Monuments historiques, représenté par MM. Ruprich‑Robert et Corroyer, et l'abbé Anger ; à l'issue du litige, les éléments les plus remarquables, notamment quatre travées de la nef avec leurs chapiteaux romans et la partie centrale de la façade, ont pu être conservés. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1889. Le chevet médiéval a été détruit lors des travaux du XIXe siècle, de même que certaines parties du chœur et des collatéraux, ainsi que la sacristie et les longères des bas‑côtés datées du XVIIIe siècle. Le portail occidental en plein cintre conserve trois voussures dont la première repose sur deux colonnettes coiffées de chapiteaux romans. L'église, en forme de croix latine, comprend une nef de six travées, des bas‑côtés, un transept et un chœur ; la nef est couverte d'une charpente et s'ouvre sur les bas‑côtés par des arcs de plein cintre à deux rouleaux. Les piles de la nef, de section carrée, associent trois colonnes engagées et un pilastre, une disposition caractéristique de l'école normande. Au‑dessus des chapiteaux côté nef, un second chapiteau inversé, d'où partent des colonnes engagées jusqu'aux cintres, supporte des chapiteaux portant les poutres ; l'ensemble, avec une moulure arrondie et des fenêtres hautes aujourd'hui aveugles en raison du rehaussement des bas‑côtés, révèle une influence anglo‑normande. Les chapiteaux romans, répartis sur les huit colonnes des quatre premières travées occidentales, sont pour la plupart datés du XIIe siècle et associés à des modillons ; ils représentent visages, têtes d'animaux, personnages entiers et scènes historiées, parmi lesquelles figurent cavaliers, scènes de chasse et motifs végétaux, ainsi que des animaux fantastiques et des têtes sculptées. Le chœur reçoit des vitraux, dont l'un est signé A. Laigneau de Saint‑Brieuc et daterait de 1883 ; ils illustrent notamment l'Annonciation, un évêque accompagné du Sacré‑Cœur et de saint Jean‑Baptiste, ainsi qu'une scène montrant un marin priant sainte Anne et la Vierge.