Origine et histoire de l'Église Saint-Mamet
L'église Saint-Mamet de Peyrusse-Grande, ancien prieuré clunisien, se compose d'une nef voûtée en plâtre flanquée de bas-côtés non voûtés, d'un transept dont la croisée et les croisillons sont voûtés en coupoles ovoïdes sur pendentifs, et d'un chœur voûté en berceau s'ouvrant sur une abside profonde entourée de deux chapelles latérales terminées par des absidioles en cul-de-four. La nef paraît avoir été reconstruite au XVIIIe siècle et les bas-côtés plafonnés, tandis que le transept, le chœur et ses chapelles remontent au XIe siècle. Une pièce de l'étage couronne le chœur et l'abside. Dans l'abside, les chapiteaux sont ornés de feuillages et d'entrelacs en méplat; la voûte en cul-de-four de l'abside a été remplacée à une époque indéterminée par une voûte plate, et l'abside a été remaniée au XIXe siècle, la voûte pouvant dater de 1850 et les fenêtres d'éclairement ayant été refaites. La première mention documentaire connue figure dans une bulle de confirmation de possessions du prieuré de Saint-Orens d'Auch par le pape Pascal II à Roger de Montaut en 1115, et l'existence d'un édifice avant 1060 est jugée probable en lien avec le transport du buste de saint Mamet pour une consécration solennelle. Deux inscriptions de dédicace, l'une pour le chœur et l'autre pour la chapelle méridionale, présentent des caractères rares que Paul Deschamps a liés à une époque carolingienne ou au début du XIe siècle. Marcel Durliat propose de dater la construction du chœur du dernier quart du XIe siècle; selon lui, l'église romane initiale comprenait le chevet actuel et deux chapelles parallèles raccordées à un transept non saillant, la nef primitive n'étant aujourd'hui conservée que par ses piliers. Les murs romans de la nef ont été démolis pour la création des collatéraux; le bas-côté sud a été établi en réutilisant des murs des bâtiments du prieuré tandis que le bas-côté nord serait postérieur, construit après les guerres de religion aux XVIe ou XVIIe siècles. Le transept a été prolongé par une chapelle au nord et la sacristie au sud; un contrefort de la chapelle septentrionale porte la date de 1759. Le couvrement de la nef centrale a été refait en 1883 par une fausse voûte en plâtre remplaçant un lambris; le transept et le chœur ont été couverts en 1884 par trois coupoles ovoïdes qui ont remplacé une charpente, et un courrier de l'archevêque d'Auch indique que la chapelle nord et la sacristie, chacune autrefois coiffée d'une coupole, ont été démolies en 1885. L'église est classée au titre des monuments historiques le 29 mars 1972. Le chevet présente un plan original cloisonné, composé de trois éléments séparés — chœur et chapelles latérales échelonnées — chaque partie étant droite et fermée par une abside en cul-de-four insérée dans un massif rectangulaire; cette organisation, d'origine orientale, s'est diffusée en Occident au Moyen Âge. Les contreforts plats du chevet, animés par des arcatures supérieures, sont percés en partie basse par des fenêtres préromanes aujourd'hui bouchées, témoignant d'un élévation antérieure plus écrasée qui laissait place à une chambre au-dessus du chœur. L'encadrement des fenêtres est décoré d'entrelacs et de palmettes, décor archaïque que l'épigraphie des dédicaces rattache à une période de transition allant de la fin du IXe siècle à la fin du Xe siècle. Les chapiteaux de l'abside montrent des motifs géométriques répétés et des compositions — dont des colombes affrontées buvant dans un vase — que Marcel Durliat et Louis Grodecki rapprochent de modèles pré-romans d'Italie et d'Espagne; ces formes se diffusent dans le Languedoc, l'Auvergne et le Rouergue dans la seconde moitié du XIe siècle et trouvent des affinités stylistiques avec des églises comme Saint-Pierre de Bougneau et Saint-Thomas-de-Conac, rapprochement favorisé par l'appartenance commune à l'ordre de Cluny. Les cul-de-four existants ont été remaniés de façon maladroite lors des restaurations, et, à l'inverse, d'autres parties plus récentes de l'édifice présentent moins d'intérêt historique. Plusieurs objets mobiliers de l'église (tableaux, reliquaire, etc.) sont référencés dans la base Palissy et des études anciennes et récentes, notamment de Paul Mesplé, Marcel Durliat et F. Crouzel, documentent l'édifice.