Origine et histoire de l'Église Saint-Manvieu
L'église Saint-Manvieu de Marchésieux, située dans le bourg de Marchésieux (Manche, Normandie), dépendait du prieuré fondé en 1070 par Robert d'Aubigny et donné à l'abbaye bénédictine de Cormery. Son histoire est mal connue ; l'archevêque Eudes Rigaud visita le prieuré en 1256, y trouva trois moines ne respectant pas les règles et y fit une nouvelle visite en 1266. De l'édifice du XIe siècle rien ne subsiste : la croisée du transept, la partie la plus ancienne, date de la seconde moitié du XIIe siècle. La nef et ses collatéraux, de style gothique, ont été élevés vers le milieu du XIIIe siècle, la construction ayant commencé par la première travée de la nef vers la croisée ; le collatéral sud fut le dernier construit. Les piles de la croisée furent remaniées au troisième tiers du XIIIe siècle lors de l'édification des croisillons, et le chœur date de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe. Le clocher, l'agrandissement de certaines fenêtres de la nef, l'achèvement du portail occidental et le porche relèvent de la même époque. L'édifice a connu des états de dégradation aux XVIIe et XVIIIe siècles, puis des interventions au XXe siècle, notamment l'abaissement du sol en 1914, un ravalement général en 1918 et la réfection des bases des colonnettes et des fenêtres des croisillons en 1925. La Seconde Guerre mondiale n'a pas causé de destruction générale, mais les voûtes de la première travée du chœur et de la travée adjacente du collatéral nord furent perforées et la toiture ainsi que la face orientale du clocher éventrées. Au cours des travaux de reconstruction après la guerre furent mises au jour des peintures murales du début du XIVe siècle qui décorent les tympans surmontant les grandes arcades et les voûtains du chœur. Ces peintures comprennent une dizaine de tableaux représentant notamment l'enfance du Christ, des légendes de saint Manvieu et de saint Jouvin, la Cène, des anges, des apôtres et un Christ en majesté entouré des évangélistes sur le mur du chevet. Des clés de voûte sculptées, attribuées au XVe siècle et d'influence angevine et saumuroise, illustrent l'Annonciation, la Nativité et l'Adoration des mages, tandis que des statuettes en nervures figurent trois moines donateurs. L'édifice conserve également un relief du XVIe siècle représentant le martyre de sainte Apolline. L'architecture associe éléments romans et gothiques : les piles de la croisée conservent un caractère roman du XIIe siècle, le transept appartient au troisième tiers du XIIIe siècle et le chevet à la fin du XIIIe siècle. L'église est totalement protégée au titre des monuments historiques : elle a été inscrite par arrêté le 14 octobre 1946 et les peintures murales du XIVe siècle, dont certaines représentent le massacre des Innocents et la Présentation au Temple, ont été classées par arrêté du 15 septembre 1953. Le mobilier comprend un aigle-lutrin du XVIIIe siècle classé aux monuments historiques, des fonts baptismaux du XVIIe siècle, des statues de saint Manvieu (XVIIIe siècle) et de sainte Marguerite (XVIe siècle), ainsi qu'une verrière du XXe siècle réalisée par Jean Barillot.