Origine et histoire de l'Église Saint-Marcel
L'église Saint-Marcel, ancienne collégiale aujourd'hui paroissiale, se dresse à Prémery, dans la Nièvre, au cœur de l'ancien bourg épiscopal et canonial. Elle se distingue par une unité architecturale et des proportions harmonieuses, dégageant une impression de solidité et de sobriété plutôt que de légèreté. Les origines du collège de chanoines sont obscures ; le fief de Primeriacum dépendait de l'évêché de Nevers depuis le IXe siècle et la charte de 1173 a probablement renforcé la présence épiscopale sur place. En 1196, neuf clercs furent pourvus de prébendes par l'évêque et formèrent un collège de chanoines, et la mise en œuvre de l'édifice actuel semble remonter au tout début du XIIIe siècle, sur un emplacement où subsiste un chapiteau du XIe ou du début du XIIe siècle servant aujourd'hui de piédestal au bénitier. Des compléments datent des XIVe et XVIe siècles, notamment la façade et une chapelle, et l'édifice ne comporte ni transept ni triforium. L'église est ouverte sur demande ; les clefs sont disponibles à la mairie.
La documentation conserve des mentions ponctuelles du chapitre entre les XIIIe et XVe siècles, ainsi qu'une donation de Philiberte de Tremblay en 1436 qui institue la célébration annuelle d'une messe de requiem à l'autel de Notre-Dame en échange de prés. En 1478, le pouillé signale un chapitre de douze chanoines et un doyen ; on relève aussi certaines obligations liturgiques liées à la cathédrale et aux hôpitaux locaux. La figure locale la plus célèbre est le chanoine Nicolas Appleine, mort le 11 août 1466 et inhumé dans le chœur ; des miracles furent attribués à son tombeau, la dévotion se propagea et des actes épiscopaux et royaux au XVe et XVIe siècles officialisèrent son culte, l'érection d'un autel et la création d'une confrérie dont la fête se tenait le 12 août. Les ossements furent relevés et replacés à plusieurs reprises, notamment en 1646 et en 1731, et des pratiques dévotionnelles locales restent évoquées autour de lieux comme la Chaume Saint-Nicolas.
Des fouilles réalisées dans les années 1990 ont mis au jour des éléments de la nécropole voisine et du mobilier ancien : en 1993 des sondages extérieurs ont révélé une portion d'ancien cimetière et un petit ossuaire au niveau du clocher ; en 1995 plusieurs sépultures et trois sarcophages probables mérovingiens furent découverts, dont deux ont été disposés à l'intérieur de l'église ; en 1999 une tranchée au chevet a fourni quelques tuiles proches de la tegula romaine sans mise au jour de sépulture.
Le plan de l'église comprend une nef de cinq travées sans transept, un chevet polygonal à sept pans, deux collatéraux fermés par des murs droits et un clocher implanté sur la première travée occidentale du bas-côté sud. Une chapelle rectangulaire et la sacristie datent du XVIe siècle. La façade, épaulée par quatre contreforts, présente une porte modeste à archivolte en tiers-point, un tympan trilobé et des colonnettes à collerettes de feuilles, tandis qu'une grande fenêtre flamboyante éclaire le haut du pignon ; des corbeaux témoignent de l'existence d'un porche en charpente anciennement en place. Les façades latérales sont renforcées par des arcs-boutants à faible pente et ouvragées de fenêtres en tiers-point étroites, et le chevet est appuyé par six contreforts et percé de deux niveaux de baies s'ornant de colonnettes et de moulures. Le clocher, dont le soubassement est ancien, est renforcé par des contreforts et coiffé d'une pyramide en charpente ; son architecture extérieure évoque davantage les silhouettes romanes bourguignonnes que les grandes basiliques gothiques du domaine royal.
À l'intérieur, le chevet, construit en premier, offre une élévation à deux étages avec arcatures et colonnettes qui reçoivent les ogives de la voûte ; chapiteaux sculptés, ogives à huit nervures et une clef ornée de feuillages soulignent la lisibilité de l'ensemble. La nef garde aussi une ordonnance à deux niveaux : grandes arcades et fenêtres hautes, mais les supports et profils varient selon les campagnes, révélant des phases de construction distinctes entre le chevet et les travées occidentales. Les piliers cylindriques sont cantonnés de colonnettes engagées et les voûtes d'ogives, parfois en matériau d'appareil moyen ou de petit appareil, présentent des profils divers. Les bas-côtés, voûtés de croisées d'ogives plus simples, reprennent la même logique constructive et la petite chapelle sud, ajoutée au XVIe siècle, s'ouvre par un arc en tiers-point orné de culs-de-lampe sculptés et d'un écusson aux armes de Jacques d'Albret, évêque de Nevers. L'ensemble donne une impression d'ampleur et de robustesse dominée par une sobriété décorative.
Les dimensions mentionnées sont les suivantes : longueur totale 38 mètres, longueur de la nef 29 mètres, largeur 21 mètres et hauteur sous voûtes 20 mètres. Le mobilier comporte plusieurs pièces classées au titre des Monuments historiques en 1973, parmi lesquelles une pietà de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, un tableau représentant un martyr daté de 1838 (copie d'un original du XVIIe siècle), un bénitier en fonte du XVIIIe siècle et un tableau intitulé La Vierge à l'Enfant dans les cieux des XVIIe–XVIIIe siècles. D'autres éléments notables présents dans l'église comprennent deux sarcophages probablement mérovingiens, un chapiteau du XIe ou XIIe siècle à entrelacs serpentiformes, une statue de saint Jean évangéliste, des stalles du XVIIe siècle, un fragment peint de La Cène du XVIe siècle, un baldaquin en bois peint de la fin du XVe siècle et le maître-autel consacré par l'évêque Dominique Augustin Dufêtre le 2 février 1857. L'édifice est protégé au titre des monuments historiques depuis 1840.
Parmi les doyens attestés figurent Jean de Fontenay (1499), Nicolas Dubois (1631), Roch Lasne (1687), Joseph Rabuteau (mentionné entre 1701 et 1718), Antoine Laisné (mentionné entre 1731 et 1747) et Gontin de Ferrus (1750).