Période
XIIe siècle, XIVe siècle, XVIe siècle
Patrimoine classé
Eglise (cad. B 459) : classement par arrêté du 9 juillet 1956 ; Les terrains situés aux abords de l'église, tels qu'ils sont délimités par un trait rouge sur le plan annexé à l'arrêté (cad. B 461 à 464, 720, 11, 12, 15, 16, 465, 466, 467, 485, 486) : inscription par arrêté du 12 mars 1959
Origine et histoire de l'Église Saint-Martial
L'église Saint-Martial de Paunat, en Dordogne, est l'abbatiale d'une ancienne abbaye bénédictine ; elle est classée au titre des monuments historiques depuis le 9 juillet 1956 et le terrain aux abords est inscrit depuis le 12 mars 1959. La tradition situe la fondation du monastère au VIe siècle par saint Cybard, qui aurait confié l'église aux religieux de Saint-Martial de Limoges, mais les documents originaux ont disparu et certains textes anciens sont jugés douteux ou apocryphes. Une charte de donation connue par des copies médiévales rattache Paunat à Saint-Martial ; son datation a fait l'objet d'hypothèses divergentes, et une analyse récente propose de la situer au printemps 848, date à laquelle Charles le Chauve accorde aussi des privilèges au monastère. La tradition attribue la destruction du couvent aux invasions normandes vers 849, mais cette chronologie reste incertaine ; les moines, dispersés, participèrent à la fondation d'autres établissements comme Vabres. Après la reconstruction du monastère, des documents ultérieurs mentionnent l'abbé de Paunat et la présence de la communauté ; en 991 l'évêque Frotaire accorde un privilège lors de la bénédiction de l'église. Au XIe siècle Paunat est érigé en prévôté : un prévôt nommé Hugues est attesté en 1080 et un bref pontifical de 1097 cite la prévôté parmi les possessions de Saint-Martial, la communauté comptant alors seize moines. L'église actuelle a été reconstruite entre les XIIe et XIVe siècles ; le clocher-porche date probablement du début du XIIe siècle, tandis que le chœur, voûté en style angevin, et le transept relèvent d'étapes de la campagne de construction médiévale. La guerre de Cent Ans et les périodes d'occupation anglaise entraînèrent des dommages et un affaiblissement des ressources ; pour maintenir la vie monastique la prévôté reçut des renforts de revenus et des travaux de restauration furent engagés ensuite. Au XVe siècle des contrats autorisent l'abattage de bois pour reconstruire et réparer l'abbatiale ; la nef fut alors renforcée par de grands contreforts extérieurs et la voûte du chœur ainsi que la coupole de la croisée furent probablement refaites. Les guerres de Religion au XVIe siècle provoquèrent pillages et dégradations, les seigneurs de Limeuil s'emparant des biens du monastère pendant plus d'un siècle, ce qui réduisit fortement ses revenus. Les visites pastorales des XVIIe et XVIIIe siècles notent l'état dégradé de la nef et des réparations ponctuelles ; la Révolution voit des troubles locaux et la destruction de mobilier en 1789-1790. Au XIXe siècle des travaux importants sont menés pour permettre la poursuite du culte : la voûte de la nef est refaite en briques, les murs gouttereaux sont surhaussés et un vitrail est installé dans le chevet ; de nouvelles cloches sont posées en 1896. L'église est inscrite à l'Inventaire supplémentaire en 1948 puis classée en 1956 ; d'importants chantiers de restauration sont ensuite conduits, le toit étant refait sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Bernard Fonquernie en 1975, une tranche majeure de travaux se terminant en 1990, et la statue du Christ offerte par Alain Predo étant installée dans le chœur en 1994 ; des travaux sur le mur nord de la nef sont signalés en 2010. Architectoniquement, l'édifice suit un plan en croix latine et a été conçu aussi comme un refuge en période troublée : le chœur rectangulaire du XIIe siècle est voûté au style angevin, le transept lui est accolé et la nef, reconstruite au XIVe siècle, reçoit ses voûtes en briques au XIXe siècle. Une vaste chambre de défense a été aménagée au-dessus des voûtes du chœur et du transept, probablement prolongée au-dessus de la nef jusqu'à un couloir dans le clocher-porche. Le clocher-porche, peu remanié depuis le début du XIIe siècle, présente une base extérieure quasiment carrée ; l'espace intérieur inférieur forme une travée circulaire ouverte sur quatre portes en plein cintre et couverte d'une coupole, tandis qu'au-dessus se trouve une salle accessible par une porte placée à six mètres de hauteur sur le flanc sud-est. Cette salle, voûtée par une coupole très accentuée qui passe d'une assise carrée à une assise circulaire, est considérée comme singulière en Périgord et était autrefois reliée à la nef par un couloir et une baie ; des traces de bâtiments monastiques ont presque totalement disparu, hormis les solins visibles sur les faces sud de la tour et du transept. Les élévations extérieures sont typiques de la région, faites de grands murs plats en pierres d'appareil rythmés par des contreforts plats.