Origine et histoire
L'église Saint-Martin du Vilhain est située sur la commune du Vilhain, dans le Bourbonnais (Allier). Elle témoigne de la transition de l'art roman à l'art gothique et est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 17 mai 1933. L'édifice, de la fin de l'époque romane, comprend une nef de deux travées (XIIe et XIIIe siècles) flanquée d'étroits bas-côtés et un transept non saillant. L'abside primitive a été remplacée au XIIIe siècle par un chevet à cinq pans voûté sur branches d'ogives; les bras du transept sont couverts de berceaux transversaux et le transept lui-même a été revoûté d'ogives au XIIIe siècle. La nef est couverte d'un berceau brisé sur doubleaux, tandis que les bas-côtés sont voûtés en quart de cercle. Les piles sont carrées et cantonnées de colonnes, et les chapiteaux sont sculptés de crochets de feuillage. La porte principale présente trois voussures toriques et un tympan polylobé; des modillons ornés de têtes subsistent sur les murs latéraux. Lors de la réfection du dallage au XIXe siècle, une pierre portant les armes des ducs de Bourbon a été trouvée puis encastrée dans le mur sud du presbytère ; certains y ont vu la sépulture supposée d'Archambaud VI, tandis que d'autres, comme Camille Gagnon, privilégient l'hypothèse d'un fils bâtard de la famille ducale ayant utilisé ces armes. Une tradition attribue la construction de l'église aux Templiers à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, la présentant comme le siège d'un couvent templier édifié sur une motte entourée d'eau et associé à un ensemble fortifié et à un cimetière. Cependant, les archives conservées dans divers centres départementaux (Rhône, Allier, Cher) ne fournissent aucune preuve de cette origine templière; le fait qu'un bois du Vilhain, au XVIIe siècle, dépendait de la commanderie templière de Francheville n'établit pas l'appartenance de l'église aux Templiers. Le portail polylobé rappelle celui d'autres églises de la région et laisse envisager que Le Vilhain se situait sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en Bourbonnais. L'abside du XIVe siècle est en cul-de-four et le clocher actuel a été ajouté au XVIIIe siècle; auparavant, un clocher-mur se dressait sur le mur de l'arc triomphal séparant la nef et le chœur, et sa face orientale ouverte de deux baies décorées a été intégrée dans le clocher du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle la toiture et la façade ont été surélevées. Les travaux de restauration en cours visent à reconstituer la charpente et la toiture à deux pans d'origine, antérieures au XVIe siècle et caractéristiques des petites églises romanes.