Origine et histoire de l'Église Saint-Martin-au-Val
L’église Saint-Martin-au-Val se situe dans l’ancien hôpital Saint-Brice à Chartres, dans le département d’Eure-et-Loir. Elle occupe le centre d’un sanctuaire gallo-romain d’environ six hectares fouillé depuis 2006 et intégré à un programme de fouilles à partir de 2011. Avec l’église Saint-Pierre, elle a été un lieu d’inhumation habituel des évêques de Chartres. Les campagnes de construction s’échelonnent aux XIe, XVe et XIXe siècles ; l’édifice est le seul vestige du monastère auquel il appartenait et qui est cité pour la première fois dans la vie de saint Lubin, inhumé en ce lieu. La présence de sarcophages découverts lors des fouilles et d’un chapiteau dans la crypte suggère l’existence d’une église antérieure. En 1128, le monastère est rattaché à l’abbaye de Marmoutier de Tours et devient un prieuré. L’église et le couvent sont dévastés en 1568 par les calvinistes, incendiés et profanés, puis pillés de nouveau lors du siège de la ville en 1591. Restaurée en 1648, l’église est alors amputée de plusieurs travées sur une vingtaine de mètres. En 1663, la communauté des capucins achète l’église et le terrain, reconstruit les bâtiments conventuels et relève le sol de l’église d’environ deux mètres. Vendu comme bien national à la Révolution, le couvent est transformé en hospice et l’église conventuelle devient chapelle. En 1845, Ferdinand de Reverdy lègue des biens aux hospices de Chartres à la condition de restaurer la chapelle dans son état primitif, donnant lieu à d’importants travaux au XIXe siècle : création d’une nouvelle façade, rabaissement des sols et reconstruction des absidioles entre 1858 et 1864 ; une rue voisine porte son nom. De plan roman et orientée, l’église mesure 50 mètres de longueur et 39 mètres de largeur pour une superficie de 1 420 m² ; l’abside circulaire comprend trois chapelles absidiales et deux autres chapelles sont accolées aux bras du transept. La façade occidentale, datée du XIXe siècle, est flanquée de deux petites tours aux extrémités. La nef compte aujourd’hui trois travées, soit quatre de moins qu’au XIe siècle, tandis que le chœur est surélevé et que le déambulatoire est abaissé par rapport à la nef. À l’est, le long de la rue Georges-Brassens, un petit cimetière clos rend hommage aux bienfaiteurs de l’édifice ; chaque sépulture porte un panonceau expliquant le lien avec le lieu et ce carré contient notamment les tombes de Ferdinand de Reverdy (1796-1852), de Marie-Charlotte Midy, veuve Renouard de Saint-Loup (1767-1834), d’Édouard Auguste Demolliens (1836-1898), ancien aumônier de Saint-Brice, et du père Pierre Louis Bordier, dont le monument a été élevé « en témoignage de reconnaissance » par les administrateurs, sa famille, ses amis, les vieillards, les orphelins et les sœurs de Saint-Paul. Une campagne de fouilles menée en 1858-1862, préalablement aux travaux de reconstruction, a mis au jour dix sarcophages mérovingiens dans la nef, témoignant d’une période encore mal connue à Chartres. En raison des fouilles de 2013-2014, le culte n’y est plus célébré, sans que l’église soit formellement désaffectée. L’édifice est classé monument historique depuis 1886 et une statue en bois sculpté et peint de saint Sébastien est également protégée. Les photographies réalisées à la fin du XIXe siècle par Séraphin-Médéric Mieusement et Paul Robert ont documenté l’extérieur, l’intérieur et la crypte, notamment des vestiges mérovingiens, des arcatures du chœur et des chapiteaux historiés.
