Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin d'Ardentes, dans l'Indre (région Centre-Val de Loire), est une église catholique relevant de l'archidiocèse de Bourges, du doyenné de Châteauroux et de la paroisse de Saint-Vincent. Elle a été construite en deux temps au XIIe siècle : le chœur, aux chapiteaux plus grossièrement sculptés, date du début du siècle, tandis que la nef et le transept sud avec son absidiole appartiennent à la seconde moitié du XIIe siècle. Le transept nord et le clocher ont été reconstruits en 1837. L'édifice figure dès 1115 parmi les biens de l'abbaye de Déols et un acte de 1117, émanant de l'archevêque de Bourges Léodegard, confirme une donation antérieure ; l'église resta soumise à une double juridiction, celle de l'abbé de Déols et celle de l'archevêque de Bourges, source de conflits ultérieurs. Dès ses premières campagnes, l'abside se distingue par deux marches et un dallage de pierre, et l'autel repose sur un socle de deux marches ; le chœur conserva un sol en terre battue jusqu'au XVIe siècle, époque où fut posé un dallage de terre cuite. Au XIVe siècle, le clocher fut déplacé de la nef vers le transept nord. En 1775 des travaux prévoient notamment un tabernacle et un tableau destiné au grand autel, ensemble qui constitue aujourd'hui le retable du transept nord, ainsi que le réfection et le rehaussement du pavé du chœur. Après la reconstruction du transept nord avec clocher en 1837, l'église a été classée au titre des monuments historiques en 1862. Des travaux en 1899 ont consolidé la charpente, reconstruit la chaire et remplacé le dallage ancien (sauf dans le chœur) par un revêtement en ciment. Une restauration complète conduite par les Monuments historiques entre 1992 et 1994 a restitué en grande partie l'état d'origine de l'édifice : le sol a été abaissé d'environ cinquante centimètres et des vitraux obstrués ont été dégagés, tandis que la voûte du chœur et certains murs ont révélé des fragments de fresques. Des fouilles durant ces travaux ont mis au jour des vestiges gallo‑romains (IIIe siècle) et mérovingiens (VIe–VIIe siècles).
L'église, en forme de croix latine, se compose d'une large nef, de deux transepts — le nord supportant le clocher et le sud terminant par une absidiole — et d'une abside semi‑circulaire. La façade ouest, sobre, présente une fenêtre cintrée centrale bordée d'une voussure en damier et un portail encadré de colonnettes à chapiteaux sculptés ; entre les contreforts se voient deux petits corbeaux et une sculpture non identifiée sur le pignon, qui laisse apparaître la base d'une croix brisée (« Ad huc stat »). La façade nord, plus riche, offre un portail sans tympan typique de l'art de l'abbaye de Déols : encadré par deux contreforts massifs, il est surmonté d'un larmier porté par deux corbelets figurant têtes humaines et créatures monstrueuses, et coiffé d'une triple voussure. L'arcature supérieure, bordée de dents de scie, présente un claveau central orné d'un agneau pascal en relief et entouré d'une inscription latine qui donne le nom d'Hernaud, peut‑être l'auteur des sculptures. L'arcature médiane compte dix‑neuf rosettes toutes différentes et les quatre chapiteaux encadrant la porte forment un programme iconographique opposant le bien au mal et montrant la luxure et son châtiment.
Le chevet est décoré d'arcatures aveugles et de corbelets sculptés de motifs végétaux et de figures monstrueuses. Le clocher, couvert de tuiles et couronné d'un clocheton en ardoise coiffé d'un coq privé de sa queue, abrite une cloche datée de 1744 ; sur sa face ouest une porte en plein cintre, située à environ cinq mètres du sol, donne sur un petit balcon de pierre aujourd'hui en mauvais état. Des pierres sculptées en têtes humaines ont été réemployées sur le pignon de la nef et au‑dessus d'un contrefort du transept sud. Les travaux de restauration ont mis au jour la base des arcatures basses ornant les murs de la nef et du chœur. La nef est voûtée d'un lambris en bois restauré vers 1900 et le sol moderne masque un dallage ancien. À l'entrée du chœur se dressent quatre piliers puissants dont les chapiteaux, richement sculptés, montrent dragons affrontés, masques, lions, motifs végétaux, poissons et figures monstrueuses, ainsi qu'un chapiteau présentant deux oiseaux affrontés devant un calice. La présence de poissons sur un chapiteau renvoie, selon une tradition iconographique, à la possible proximité d'un cours d'eau souterrain. Le cul‑de‑four de l'abside conserve un fragment de fresque polychrome figurant peut‑être saint Marc avec son lion, et le mur nord du chœur porte un fragment représentant un cheval. Le transept nord, voûté d'un plafond plat, abrite le retable de saint Martin, originairement placé au fond du chœur, tandis que le transept sud conserve son absidiole et des fonts baptismaux installés sur une dalle funéraire en schiste noir. Les vitraux actuels ont été réalisés par Jean Mauret dans les années 1993–1994. Enfin, une inscription du portail latéral fait apparaître le nom d'Hernaud, qui pourrait être celui de l'auteur des sculptures ou de l'architecture du portail.