Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin se dresse à Ermenonville (Oise), sur la place de l'Église, au point le plus élevé du village. Elle dépend aujourd'hui de la paroisse Notre‑Dame de la Visitation du Haudouin, et des messes dominicales anticipées y sont célébrées certains samedis. La paroisse d'Ermenonville a été érigée par le chapitre Notre‑Dame de Senlis en 1213 ; la construction de l'édifice avait commencé dès 1170‑1180 par le clocher, tandis que le chœur, de la première période gothique, ne voit son voûtement achevé qu'au cours du XIIIe siècle. Une nouvelle nef est engagée au XIVe siècle mais son voûtement semble retardé, vraisemblablement par la guerre de Cent Ans. Des réparations importantes sont décidées en 1528 et la reconstruction de la nef se déroule entre 1534 et 1540, en conservant les grandes arcades antérieures et en adoptant des voûtes et remplages de style gothique flamboyant. Au début du XVIIe siècle, le seigneur Méry de Vic fait exécuter un retable pour le maître‑autel et commande au peintre Louis Finson le tableau de la Charité de saint Martin ; en 1625 Dominique de Vic y est consacré archevêque de Corinthe. L'édifice fait l'objet d'une restauration importante entre 1883 et 1886, financée en grande partie par le prince Constant Radziwiłł et la princesse Louise, qui apportent également un mobilier néo‑gothique, mais ces travaux altèrent en partie l'authenticité du monument tout en respectant globalement sa disposition d'origine. L'église figure parmi les monuments historiques dès le XIXe siècle ; elle est inscrite sur la première liste de 1840, rayée de la liste après la restauration de 1886, puis classée définitivement par arrêté du 14 octobre 1911.
L'édifice, construit en moellons, présente une nef aveugle de deux travées flanquée de bas‑côtés, et un chœur de deux travées doubles terminé par un chevet plat ; l'ensemble est voûté d'ogives, les voûtes du chœur étant sexpartites. La troisième travée du bas‑côté nord correspond à la base de l'ancien clocher ; le clocher lui‑même comporte plusieurs étages et un beffroi largement remanié au XIXe siècle. La façade occidentale, décorée d'un portail richement sculpté et d'une rosace, est la partie la plus visible de l'église, les élévations latérales étant pour l'essentiel enclavées dans des propriétés voisines.
À l'intérieur coexistent des éléments datés des XIIe–XIIIe siècles, comme certains chapiteaux et la structure du chœur, et des réfections tardives : les grandes arcades, des supports rayonnants et des clefs de voûte présentent des traits du XIVe siècle, tandis que les voûtes et les remplages des bas‑côtés relèvent du style flamboyant du XVIe siècle. Les chapelles de la Vierge et Saint‑Michel conservent des dispositions anciennes et des fenêtres remaniées à la Renaissance ; la sacristie et d'autres aménagements sont postérieurs. Le décor sculpté mêle frises de feuilles de vigne, chimères et têtes humaines, tandis que certains culs‑de‑lampe et clés de voûte portent des motifs adoptés ou restaurés aux XIXe et XXe siècles.
Le mobilier provient surtout du XVIIe siècle et des années 1880 ; parmi les œuvres notables figurent le retable du maître‑autel sculpté sur contrat de 1614 par Simon Guillain et le tableau de Louis Finson peint en 1615, qui illustre la Charité de saint Martin et fait l'objet d'une protection au titre des objets. Deux monuments funéraires commandés en 1611 pour Dominique de Vic et son épouse subsistent au chevet, quoique mutilés à la Révolution. Le mobilier néo‑gothique offert par la famille Radziwiłł comprend notamment la tribune et le buffet d'orgue, la chaire, les confessionnaux, des bancs seigneuriaux et des stalles, ainsi que des vitraux et un triptyque florentin offert en 1887. Enfin, la chapelle, le calvaire, les fonts baptismaux et deux plaques de fondation complètent un ensemble dont l'histoire paroissiale est richement documentée dans des manuscrits et archives locaux.