Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin d'Esnandes, située en Charente-Maritime, est classée monument historique depuis 1840. Son origine est ancienne : une première mention figure dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers et le prieuré dépendait dès 1029 de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély. L'édifice a été édifié aux XIIe et XIIIe siècles ; de l'église romane subsiste notamment la base de la façade et un portail sculpté. Reconstruite au XIVe siècle, l'église reçoit à la fin de ce siècle un dispositif défensif important qui lui confère l'allure d'une forteresse. Pour la protéger on a doublé, parfois triplé, l'épaisseur des murs, obstrué la plupart des baies, ajouté une enveloppe extérieure, creusé un fossé et élevé un chemin de ronde avec créneaux, mâchicoulis et une poterne. Les murs ainsi renforcés atteignent une largeur comprise entre 1,85 et 3 mètres. Sa situation côtière et les épisodes de conflit — descentes de corsaires, guerre de Cent Ans et guerres de Religion — expliquent ces aménagements et les dommages subis au fil du temps. En 1622, considérée comme place forte catholique, l'église fit l'objet d'un ordre de destruction émanant du Conseil de la Ville de La Rochelle, mais la démolition resta partielle. La reconstruction et les campagnes de restauration se déroulent ensuite entre 1629 et 1740 : des dates portées témoignent de travaux sur les piliers du chœur (1629, 1630, 1632), sur le clocher (1633) et sur la façade nord (1740), tandis que le chœur et une partie de la nef furent revoûtés en 1706. Des réparations et projets d'architectes se poursuivent aux XIXe et XIXe–XXe siècles : réparations autorisées en 1820, plans en 1845 par l'architecte Clerget, travaux en 1864 sur les plans de l'architecte départemental Brossard, repavage par les entrepreneurs Denis Graugeaud et Brard, interventions sur le clocher et la façade par l'entrepreneur Jamot en 1867 et 1872, restauration de vitraux en 1873‑1874 par Mongis, puis direction des restaurations dès 1880 par les architectes A. Ballu et Lisch avec les entrepreneurs Eugène Héraud et Joseph Philippon et le sculpteur Eugène Legrain. La couverture de l'église a fait l'objet d'une restauration en 1996. L'édifice présente un caractère gothique sobre et conserve un mobilier classé du XVIIIe siècle, notamment une chaire datée de 1775. Un cartouche indique la reconstruction du clocher en 1633, dont la charpente est réalisée en bois d'épaves. Du chemin de ronde, aménagé au cours des aménagements défensifs, la vue porte sur la baie de l'Aiguillon, le marais et le village environnant, offrant une lecture à la fois historique et paysagère de l'édifice.