Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin, église paroissiale catholique de Bonneuil-en-Valois (Oise), est un édifice cruciforme à nef basilicale principalement daté du XIIe siècle.
Ses éléments romans les plus anciens remontent aux alentours de 1120 : la façade occidentale avec son portail, les trois premières grandes arcades au nord de la nef et la base du clocher latéral nord, voûtée en berceau.
La présence du clocher au nord du chœur provoque une certaine irrégularité : le chœur est flanqué au nord d'une petite chapelle et au sud d'une grande chapelle constituant un croisillon.
La petite chapelle nord et l'abside sont attribuées au dernier quart du XIIe siècle, la chapelle sud datant des alentours de 1200 ; l'abside rectangulaire à chevet plat est la partie la plus remarquable de l'ensemble.
Le sanctuaire se signale par des ogives ornées de petites fleurs de violette, des fenêtres encadrées de doubles archivoltes toriques retombant sur deux paires de colonnettes à chapiteaux, et des soubassements rythmés d'arcatures plaquées.
La nef n'a jamais été voûtée et conserve un lambris à pans coupés mis en place à l'époque gothique, tandis que les bas-côtés présentent une charpente apparente.
L'édifice a été peu transformé jusqu'au XVIe siècle, quand deux campagnes de remaniement ont profondément modifié l'avant-chœur et les bas-côtés : les murs des bas-côtés furent reconstruits et l'avant-chœur subit des interventions successives affectant voûte et supports.
Au sud, les grandes arcades de la nef ont été refaites dans le goût de la Renaissance, avec colonnes ioniques et chapiteaux d'inspiration antique, et un projet inabouti de voûtement d'ogives a laissé la nef lambrissée.
Au nord subsistent des arcades romanes basses surmontées d'un étage de fenêtres hautes et une large arcade flamboyante, d'où résulte une dissymétrie marquée entre les élévations latérales.
L'actuelle première travée du chœur résulte de la réunion de deux travées anciennes et est couverte d'une voûte d'ogives flamboyante tardive à liernes, dont l'exécution a nécessité des reprises en sous-œuvre des supports.
La deuxième travée, ou abside, offre une architecture gothique raffinée : double archivolte, colonnettes à chapiteaux, tailloirs sculptés et une clé de voûte ornée d'une rose à sept pétales.
La chapelle nord, dédiée à saint Joseph, est compacte mais finement pourvue d'ogives et de colonnettes à chapiteaux ; le croisillon sud, dédié à la Vierge, combine des élévations Renaissance et des voûtements gothiques datés autour de 1200.
L'édifice est construit en pierre de taille soigneusement appareillée ; son volume et sa physionomie restent représentatifs des églises cruciformes du XIIe siècle dans la région, malgré les remaniements postérieurs.
Le clocher latéral nord, dont la base voûtée appartient à la campagne romane, se développe ensuite en étages ajourés de baies géminées et se termine par une corniche de modillons ; il différencie l'église des clochers centraux plus fréquents.
La façade occidentale, cantonnée de contreforts romans, est percée d'une grande baie ornée d'un cordon de fleurs de violette et présente un portail assez archaïque surmonté d'un bas-relief de la Charité de Saint-Martin encastré après coup.
Les pignons et les réseaux des fenêtres des bas-côtés montrent les interventions du XVIe siècle, visibles notamment par de petits gâbles et des profils de fenêtres caractéristiques de la période.
Du côté oriental, la tourelle d'escalier du croisillon sud, l'abside et la chapelle nord conservent des corniches et des contreforts caractéristiques de la première architecture gothique ainsi que des éléments romans.
À l'intérieur, les grandes arcades en plein cintre à double rouleau reposant sur impostes et les fenêtres hautes irrégulièrement disposées témoignent de l'origine romane de la nef.
L'église Saint-Martin est classée monument historique par arrêté du 20 janvier 1913.
Une restauration intégrale a été engagée en 2014 ; fin 2016 les toitures et les élévations extérieures étaient déjà terminées, à l'exception du bas-côté sud.
La commune est aujourd'hui rattachée à la paroisse Saint-Sébastien de Crépy-en-Valois ; les messes dominicales y sont célébrées en alternance avec d'autres églises de la communauté et, hors travaux, ont généralement lieu tous les deux mois environ à 11 h.
Depuis le début des travaux de restauration en 2015, les messes dans l'église ont été provisoirement suspendues et certaines célébrations déplacées à la chapelle du Berval.
Le mobilier liturgique comprend plusieurs éléments protégés au titre des objets : fonts baptismaux, bénitier, chaire à prêcher et clôture de chœur sont inscrits depuis septembre 2005, tandis qu'un chandelier d'autel classé en 1913 a disparu.
Les fonts baptismaux, de style Renaissance et placés au début du bas-côté sud, présentent une cuve ovale et une bordure moulurée ; le bénitier, en pierre, est daté de la seconde moitié du XVIe siècle ou du XVIIe siècle.
La chaire à prêcher en chêne est datée du XVIIIe siècle, l'abat-voix ayant été remonté au début du XIXe siècle, et la clôture de chœur réunit des panneaux sculptés du second quart du XVIe siècle surmontés d'une grille de fer forgé du XVIIIe siècle.
Des fragments de verrières polychromes du XVIe siècle subsistent dans les tympans de trois baies du bas-côté nord, fortement détériorés lors des bombardements de 1940, et sont protégés avec l'édifice.
L'église s'inscrit dans son paysage entre la vallée de l'Automne et la forêt de Retz, au bout du vallon du ru de Bonneuil, à l'est du cimetière communal et au sud de la rue de Villers ; l'accès principal se fait par un escalier de seize marches depuis la route, avec un accès de plain-pied possible par la rue du Berval et l'impasse Saint-Martin, et des jardins et vergers entourent le chevet.