Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin de Branches, dans l'Yonne, est dédiée à saint Martin et dépend pour le culte du doyenné du Jovinien de l'archidiocèse de Sens‑Auxerre; elle est rattachée à la paroisse Notre‑Dame‑des‑Trois‑Vallées. Son histoire est étroitement liée aux évêques d'Auxerre au Moyen Âge et aux établissements religieux qui se sont succédé sur ses terres. Mentionnée dès le VIIe siècle, l'église et ses terres dépendaient de l'abbaye Saint‑Germain d'Auxerre, puis, autour de l'an 1000, des moines de La Charité‑sur‑Loire. En 1220, Guillaume de Seignelay, évêque d'Auxerre, fonda un prieuré à Branches rattaché à l'abbaye du Grand‑Saint‑Bernard de Montjoux; ce prieuré fut démantelé à la Révolution et l'église actuelle en reste le témoignage. L'édifice a été reconstruit et remanié à plusieurs reprises : il date en partie du XIIe siècle et a fait l'objet d'importants travaux au XVe siècle. De l'édifice roman du XIIe siècle subsiste la moitié sud de la nef unique, éclairée par de petites fenêtres romanes sans vitraux. La nef a été reprise au XVe siècle et les baies ainsi que le chœur présentent un style de transition vers la Renaissance. Inscrite au titre des monuments historiques en 2001, l'église conserve un mobilier rustique et homogène, provenant de différentes époques. Le chœur du XVe siècle abrite des stalles du XVIe siècle, dont le siège du prieur, le plus orné, est surmonté d'un dais. On y voit également des boiseries du XVIIe siècle, surmontées d'une Vierge à l'Enfant entourée de quatre statues, dont sainte Catherine, et, à droite, la statue de saint Sébastien attaché à son poteau. Dans la nef, un tableau représente Marie‑Madeleine au pied de la Croix et, plus loin, une Vierge des Douleurs; au sud, un panneau montre saint Hubert au‑dessus du banc d'œuvre. Un écu armorié est présenté par deux personnages aux pourpoints jaune et blanc, leurs chausses affichant les mêmes couleurs inversées. L'intérêt majeur de l'église réside dans ses peintures murales médiévales, classées au titre des monuments historiques. À l'origine, toutes les parois étaient peintes; la composition la plus lisible se trouve sur la paroi sud. Une longue procession peinte, longue de 9,50 m et haute de 1,46 m, montre trente‑deux personnages portant un cierge allumé et vêtus de tuniques ocre jaune ou ocre rouge, précédés d'un personnage barbu levant la main. Cette procession repose sur un bandeau de figures géométriques aux mêmes tons, typique de l'art roman régional, comme à l'église de Moutiers‑en‑Puisaye. À gauche de la procession, un personnage monté sur un âne est peu visible; un cavalier vient à la rencontre des processionnaires, et le personnage sur l'âne pourrait être identifié à Jésus entrant à Jérusalem le jour des Rameaux. La paroi nord conserve quelques restes de décors géométriques gothiques, avec une fleur stylisée et une main tenant un crucifix. D'autres traces datées de l'époque gothique et de la Renaissance représentent saint Barthélemy, un chevalier en armure coiffé d'un heaume à la mode du XIIIe siècle et portant un écu d'argent frappé d'une croix rouge. L'ensemble des peintures a fait l'objet d'une restauration en 2005. De nombreuses fresques anciennes ont été récemment mises au jour, renforçant l'intérêt patrimonial de l'église. À l'extérieur, l'édifice s'inscrit dans un plan rectangulaire : la façade ouest et le chevet sont plats, et l'aspect extérieur a été remanié au XIXe siècle.