Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin de Breny, située à Breny dans l'Aisne, est un édifice roman du XIIe siècle classé au titre des monuments historiques. Elle présente une nef unique orientée est‑ouest, terminée à l'est par une abside semi‑circulaire et, au nord, un appentis formant chapelle latérale. Construite en pierre taillée du Soissonnais, l'église comporte des éléments de réemploi et plusieurs modifications, notamment au sud où l'on distingue l'emplacement d'une ancienne porte voûtée. L'abside, éclairée par trois baies à fenêtres géminées, est couverte de lauzes, un détail de couverture rare dans le département. Le clocher est orné de pignons à redents, caractéristiques du pays soissonnais et fréquentes sur les maisons d'habitation, mais peu répandues sur les édifices religieux de l'Aisne : seize églises axonaises seulement présentent ce particularisme. Saint‑Martin de Breny, qui date du XIIe siècle, est avec Saint‑Pierre de Bitry l'un des plus anciens exemples de ce trait local toutes architectures confondues ; les redents du clocher sont aujourd'hui très érodés, voire presque disparus pour certains. Le dallage intérieur se situe environ quarante centimètres, soit deux marches, en dessous du niveau du terrain extérieur. Deux dalles funéraires scellées au sol, classées au titre des monuments historiques, portent des effigies gravées : l'une renferme les restes de Jehan Mérast, seigneur des Pisserolles, et de sa femme, datée de 1557 malgré une inscription partiellement effacée ; l'autre est consacrée à Anne Thuret et remonte à 1642. L'église repose sur une terrasse qui domine l'Ourcq, perceptible à travers les frondaisons d'un parc privé, et sert aujourd'hui de petit cimetière au village. Selon certains auteurs, cette terrasse correspondrait aux substructures de la villa de Brennacum, attribuée à Clotaire Ier, fils de Clovis. Jusqu'à une date récente, le cimetière présentait de nombreuses tombes anciennes, dont celle d'un "consul de Portugal à Bahia" ; ces monuments funéraires centenaires ont été détruits en 2011 après une procédure de reprise engagée par la commune en 2005. L'historien Bernard Ancien indique qu'une trentaine de crânes néolithiques, découverts fortuitement à la fin des années 1930, auraient été inhumés dans le cimetière, mais l'emplacement de cette inhumation n'a pas été noté et n'est plus connu au village. Immédiatement à l'est de l'église, le presbytère, seule maison ouvrant directement sur la place et propriété privée, est mentionné dès 1766 ; sa façade sud a été remaniée au XIXe siècle puis après la Première Guerre mondiale, et son verger, visible depuis la terrasse, comporte une tonnelle de pommiers antérieure à 1907. L'église a inspiré des artistes : le peintre Fernand Pinal lui a consacré une eau‑forte et l'a choisie pour la simplicité de son roman, tandis que le photographe Jean‑Marie Petit a relevé la beauté de son abside romane couverte de lauzes. L'ensemble de l'édifice bénéficie d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 17 mai 1921.