Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L’église Saint‑Martin de Breuil‑le‑Vert, située dans la vallée de la Brêche en Oise, est une paroisse catholique désormais rattachée à la Miséricorde Divine en Clermontois et classée monument historique. L’édifice présente une composition atypique : une large nef unique qui s’ouvre à l’est sur les deux vaisseaux d’un grand chœur à chevet plat, et une chapelle latérale sud avec abside à pans coupés accolée aux deux premières travées du chœur. Sur la façade et dans la nef subsistent les grandes arcades romanes bouchées, vestiges de l’église primitive de la fin du XIe siècle, aujourd’hui visibles aussi depuis l’extérieur en raison de la disparition du bas‑côté sud au début du XIXe siècle. La nef actuelle relève majoritairement du début du XVIe siècle, mais elle a reçu sa configuration intérieure avec des voûtes d’ogives en briques et plâtre lors des travaux de 1870–1872 qui masquent une charpente lambrissée en carène renversée du XVIe siècle. En revanche, le chœur forme un ensemble assez homogène de la première moitié du XIIIe siècle ; il ne compte qu’un seul niveau d’élévation et témoigne d’une architecture gothique soignée. La deuxième travée du côté sud supporte la base du clocher en bâtière, qui constitue l’élément extérieur le plus remarquable de l’édifice, tandis que les deux dernières travées des vaisseaux forment un chœur‑halle aux supports amincis. L’église occupe le bourg, rue du Marais, dans l’enclos du cimetière qui précède la façade occidentale ; elle est bordée au nord par la rue Saint‑Martin, à l’est par l’impasse des Écoles et au sud par la ferme du prieuré, successeur du prieuré dépendant de l’abbaye de Saint‑Germer‑de‑Fly. La donation de la paroisse à l’abbaye, attestée aux alentours de 1099–1100, permit la fondation d’un prieuré qui joua un rôle dans la vie paroissiale jusqu’à sa suppression définitive et sa transformation en ferme au XVIIIe siècle. L’état roman de la fin du XIe siècle se reconnaît notamment aux chapiteaux géométriques des grandes arcades et à des traces de transept, tandis que la campagne gothique des XIIe–XIIIe siècles a remplacé la croisée du transept et édifié le vaste chœur à collatéral nord. Au fil des siècles, l’édifice a connu des remaniements importants : suppression du bas‑côté nord et élargissement de la nef au XVIe siècle, embellissements et réparations aux XVe–XVIe siècles financés par des mécènes locaux, puis travaux de consolidation et aménagements au XIXe siècle, parmi lesquels la voûte néo‑gothique de la nef et la construction de la sacristie. La Révolution entraîna un inventaire en 1790, la refonte d’une cloche la même année, la vente des biens de la fabrique en 1794 et une reprise du culte seulement après le Concordat avec la nomination d’un nouveau curé au début du XIXe siècle ; c’est également autour de cette époque qu’a eu lieu la démolition du bas‑côté sud et le bouchage des ouvertures donnant sur l’ancien prieuré. Les interventions du XIXe siècle ont modifié l’authenticité de certains éléments : démolition partielle de boiseries, percement de nouvelles baies au nord, remplacement des petites fenêtres romanes et installation des voûtes de 1870–1872, mesures parfois critiquées pour leur manque de respect de l’état ancien. Au XXe siècle, la paroisse a vécu la mise sous séquestre des biens de la fabrique, la classification de l’église en 1921 et la disparition de nombreux registres et archives pendant la Première Guerre mondiale ; l’organisation des offices a progressivement évolué vers un rythme partagé entre clochers voisins. Des recherches et opérations de conservation ont été menées plus récemment : des vitraux du XIIIe siècle provenant de la chapelle sud ont été retrouvés aux États‑Unis en 1979 et des reproductions en ont été réalisées, un architecte du patrimoine a relevé en 1989 la proposition de restituer la charpente lambrissée en supprimant les voûtes néo‑gothiques, et une association de sauvegarde fondée en 2015 a mobilisé des fonds pour restaurer la chapelle latérale sud et le versant sud des premières travées du chœur. L’édifice est régulièrement décrit : nef unique de quatre travées, chœur de quatre travées prolongé d’un collatéral nord de même hauteur, chapelle sud de deux travées, tourelle d’escalier, clocher en bâtière et sacristie moderne accolée au collatéral. Les dimensions intérieures et extérieures montrent une longueur totale hors‑œuvre de 36,55 mètres, une nef longue de 17,55 mètres, un chœur de 19,00 mètres, une largeur intérieure moyenne de 8,90 mètres dans la nef et de 12,20 mètres dans le chœur, et des hauteurs sous voûte qui varient autour de 8,75 mètres pour la nef et de 9,09 à 9,35 mètres pour le chœur. À l’intérieur, la nef conserve les quatre grandes arcades romanes bouchées au sud avec des piliers cruciformes et des chapiteaux à décor archaïque, tandis que le chœur présente des piliers fasciculés, des chapiteaux végétaux typiques du XIIIe siècle, des clés de voûte sculptées et quelques irrégularités liées aux différentes campagnes de construction et de réparation. Le chœur‑halle oriental, plus léger par l’amincissement des supports, offre un espace soigné avec un chapiteau central et des bases évoluées proches du rayonnant, tandis que le collatéral nord a bénéficié de reprises flamboyantes et de refaits ponctuels. La chapelle latérale sud, aujourd’hui dédiée à saint Joseph, associe des éléments a priori plus anciens et des remaniements ultérieurs, tant au niveau des ogives que des supports, et communique encore par une arcade bouchée qui rappelle l’existence du bas‑côté roman disparu. Le clocher en bâtière, appareillé en pierre de taille, combine des traits romans à son premier étage et un étage de beffroi gothique élancé à double baie par face, et se termine par deux pignons flanqués de gargouilles. Le mobilier comporte des éléments remarquables : fonts baptismaux romans aux reliefs mutilés, le groupe sculpté de la Charité de saint Martin en bois de la première moitié du XVIe siècle, la poutre de gloire conservée avec ses sculptures, des tableaux et plusieurs plaques funéraires et de fondation. Trois éléments du mobilier — la plaque commémorative de la consécration de 1521, le groupe sculpté de la Charité et la poutre de gloire — sont classés au titre des objets depuis 1912, et deux autres objets font l’objet d’une inscription depuis juillet 2002.