Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
Les restes de l’église Saint-Martin de Caen sont les vestiges d’une ancienne paroissiale catholique inscrits au titre des monuments historiques le 25 juin 1929. Un village se développe du Ier au IIIe siècle sur les bords de l’Odon, puis se déplace au IIIe siècle vers un site plus au nord, à l’amorce des coteaux menant à la plaine de Caen. Un lieu de culte dédié à Martin de Tours est fondé au VIIe siècle sur ce nouvel emplacement. La proximité de l’ancienne voie romaine, aujourd’hui rue Saint-Martin, a suggéré l’hypothèse d’une nécropole païenne antérieure, mais les plus anciennes sépultures mises au jour datent du VIIe siècle et aucune preuve archéologique ne confirme l’existence d’une nécropole plus ancienne. Des fouilles menées par Michel de Boüard dans les années 1960 ont mis au jour des traces d’une église pré-romane entourée d’un important cimetière haut-médiéval comprenant entre cent cinquante et deux cents sarcophages. Aux Xe et XIe siècles, le développement urbain le long de l’Odon conduit à l’enceinte du bourg et place la majeure partie de la paroisse Saint-Martin en situation de faubourg, dit Bourg-l’Abbé. À la même époque, le patronage passe à l’abbaye aux Dames après un échange impliquant le chapitre de la cathédrale de Bayeux, tandis que les évêques de Bayeux conservent la perception d’une partie de la dîme. Une portion de la paroisse est détachée pour former la paroisse Saint-Nicolas sous le patronage de l’abbaye aux Hommes ; la paroisse Saint-Martin, qui relève du doyenné de Caen dans le diocèse de Bayeux, est traversée par la route menant à la Bretagne et au Bessin et est connue sous le surnom de Saint-Martin-de-la-Tannerie en raison de la présence de tanneurs sur les berges de l’Odon. L’église romane est édifiée au début du XIIe siècle, puis reconstruite dans le style gothique au XVe siècle. À la suite d’une décision judiciaire, le cimetière paroissial est transféré hors de la ville en 1784-1785, vers le cimetière des Quatre-Nations. L’ordonnance de 1791 qui réduit le nombre de paroisses caennaises incorpore Saint-Martin à la paroisse Saint-Étienne ; l’église est désaffectée en 1793, vendue comme bien national en 1796 et détruite en 1798. Le jeune Bernardin de Saint-Pierre a été pensionnaire au presbytère. Sur le plan architectural, des travaux d’élargissement de la rue de l’Académie dans les années 1850 ont exhumé une partie de l’ancien cimetière, un modillon roman et deux chapiteaux à godron, et le site a fait l’objet d’une fouille scientifique en 1964. L’édifice était orienté nord-nord-ouest – sud-sud-est ; à l’origine il ne comportait pas de collatéraux et les cloches étaient logées dans un clocher-mur. Une seconde nef dite « la collatérale » a été ajoutée ensuite à l’est, et un clocher-tour a été élevé en 1736 du côté opposé. Le chœur roman se terminait par une abside semi-circulaire ; l’église du XVe siècle présentait deux nefs à chevet plat, dont une partie subsiste encore en élévation.