Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin, dite aussi Saint-Éloi ou Saint-Sylvain, est située à Chalivoy-Milon dans le département du Cher. Initialement dédiée à saint Sylvain, elle est surtout connue sous le vocable de saint Éloi, tandis que le nom de saint Martin figure dans la notice des monuments historiques. De style roman, l'édifice conserve un important ensemble de peintures murales. Le domaine de Chalivoy appartenait à l'abbaye Saint-Sulpice de Bourges dès 819. Une mention d'une église Saint-Sylvain apparaît en 1032, mais elle ne correspond pas à l'édifice actuel. L'église telle qu'on la voit aujourd'hui a été bâtie au deuxième quart du XIIe siècle et servait alors d'église prieurale. Dans la seconde moitié du XIIe siècle a été ajouté un clocher latéral. La charpente de la nef a été reconstruite au XVe siècle. Au XVIIe siècle, une sacristie a été accolée au mur latéral nord. Cette sacristie a été remplacée vers 1837-1838 par une nouvelle dépendance au sud de l'abside. En août 1544, l'église fut consacrée de nouveau à saint Sylvain et à la Vierge; l'évêque bénit alors quatre autels, chacun dédié à plusieurs saints. Au cours du XVIIIe siècle, saint Éloi est attesté comme patron et, en 1732, la dédicace à saint Éloi est déjà mentionnée lors d'une visite pastorale. En 1759 on perça une petite porte latérale dans le mur sud de la nef, porte qui fut murée en 1885. La tribune fut construite en 1854 et la découverte de fresques est signalée en 1868. Les travaux de 1885 ont entraîné la construction de voûtes d'ogives en briques pour trois travées de la nef, le percement de nouvelles baies et la destruction de fresques de la nef. Les parties hautes du clocher ont fait l'objet d'une réfection complète en 1951. À la fin du XXe siècle, la voûte et les travées de 1885 ont été supprimées et les baies romanes obturées au XIXe siècle ont été rouvertes, permettant la vue directe sur la charpente en châtaignier du XVIe siècle. L'édifice est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 13 juillet 1911. L'église se compose de trois parties; le clocher, placé du côté sud entre le chœur et la nef, communique autrefois avec la charpente par une passerelle en bois visible sur sa face nord. La sacristie actuelle date de la reconstruction du XIXe siècle et la façade nord de la nef comporte une petite porte dont le tympan est décoré d'un agneau portant une croix soutenu par deux anges. L'édifice était entièrement recouvert de fresques qui avaient été masquées sous du plâtre jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les peintures du chœur et de l'abside ont été restaurées, bien qu'elles soient abîmées, tandis que les fresques de la nef ont en grande partie disparu lors des travaux de 1885. Les décors du chœur et de l'abside représentent de nombreuses scènes bibliques et évangéliques : la Résurrection de Lazare, l'entrée de Jésus à Jérusalem, la Nativité, l'annonce aux bergers, la fuite en Égypte, le massacre des Innocents, la Cène, le lavement des pieds, le baiser de Judas et divers épisodes de la Passion tels que la Crucifixion, la Déposition et la Mise au tombeau, ainsi que des scènes judiciaires et de flagellation. La voûte du cul-de-four de l'abside montre le Christ en majesté dans une mandorle, entouré des symboles évangéliques, de séraphins et de vingt-quatre vieillards couronnés; les ébrasements des baies portent des figures de saints et d'évêques et l'arc d'entrée de l'abside illustre les travaux des mois. Un grand médaillon circulaire portant l'agneau pascal occupait la jonction des bras d'une grande croix peinte sur la voûte; autour s'alignaient des médaillons avec le buste de martyrs et, sous les arcades, douze personnages debout, apôtres ou Pères de l'Église, tenaient des phylactères. Dans la nef subsistent des fragments, notamment un vestige de la partie supérieure d'une mappemonde et deux petites figures en costume du XIIe siècle en position d'orants, dont la signification (signature des peintres ou représentation des commanditaires) reste interrogée. La mappemonde géante, d'environ six mètres de diamètre, peinte sur le mur sud en avant du clocher, a été détruite lors des travaux de 1885; elle a fait l'objet de descriptions détaillées par l'abbé Pierre-M. Lenoir et par Alphonse Buhot de Kersers, qui signalent la présence d'éléments bibliques et mythologiques, de fleuves et de cités telles que Babilonia, ainsi que de personnages remarquables comme Nimrod et des êtres fabuleux.