Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin est une église catholique paroissiale située à Châtenay‑en‑France (Val‑d'Oise), un petit édifice néoclassique attribué à l'architecte Jacques Cellerier et classé monument historique depuis 1990. Elle se dresse rue de l'Église, près de la mairie, sur un terrain entièrement dégagé qui permet de l'entourer ; sa façade occidentale donne sur la rue et est précédée d'un petit parvis. L'édifice comprend une nef unique rectangulaire précédée d'un narthex et prolongée par une sacristie au chevet. Des lignes gravées dans l'enduit imitent la pierre de taille, mais l'appareil est en réalité constitué de moellons irréguliers.
La première mention d'une église à Châtenay‑en‑France remonte à 1097, lorsque Guillaume de Montfort donna l'église et la dîme au prieuré Saint‑Martin‑des‑Champs, donation confirmée peu après par une bulle d'Urbain II. D'autres bulles papales citent l'église et le prieuré devint le seigneur de la paroisse jusqu'à la Révolution. Les pouillés du XIIIe siècle confirment que la présentation à la cure appartenait au prieur et que, de fait, les religieux exerçaient les droits du curé primitif, le curé étant alors souvent un vicaire. Un arrêt du Grand Conseil de 1719 tranche un litige entre le curé et les religieux, qui conservent le droit de célébrer certaines fêtes et, plus tard, ce droit revient au prieur en titre. Le vocable de l'église est attesté sous le titre de Saint‑Martin lors d'une dédicace effectuée en juillet 1578, qui fixe la fête patronale au dimanche suivant la translation des reliques de saint Martin. Châtenay a longtemps été une très petite paroisse, avec vingt à vingt‑cinq feux au milieu du XVIIIe siècle, et n'a produit que peu d'ecclésiastiques notables cités par les sources.
L'église primitive se trouvait un peu plus au nord, dans l'enceinte du domaine du château et des bâtiments de la ferme seigneuriale ; elle fut partiellement remaniée en 1568 et son chœur renouvelé en 1645 aux frais du prieur Amador‑Jean‑Baptiste de Vignerot du Plessis de Richelieu. Au troisième quart du XVIIIe siècle, le mauvais état et l'emplacement malcommode décidèrent le prieur à faire reconstruire l'église à l'emplacement actuel face à sa résidence. L'architecte Jacques Cellerier imposa un style néoclassique sobre ; contraint par un budget limité, il utilisa des matériaux peu onéreux tout en respectant une conception cohérente que l'on compare à l'église de Tremblay‑en‑France. La nouvelle église fut inaugurée en 1786. Le clocher, qui posa des problèmes de stabilité, dut être rebâti en 1899. Après la guerre, l'usage dominical déclina : l'édifice ne fut plus utilisé que pour quelques célébrations et finit par être désaffecté dans les années 1970, puis restauré à partir de 1977 et rouvert au culte ; la paroisse rejoignit celle de Luzarches sur demande des fidèles. L'église est classée monument historique par arrêté du 2 janvier 1990 et les messes dominicales y sont aujourd'hui célébrées de façon irrégulière, environ tous les deux mois d'octobre à juin à 9 h 30.
La façade ne comporte qu'une porte rectangulaire à double vantail abritée sous un porche peu saillant formé de deux fortes colonnes doriques supportant un linteau et un fronton en arc de cercle portant l'inscription D.O.M. Le pignon présente des rampants brisés et le clocher carré, assis à cheval sur la toiture, ouvre chaque face par une baie abat‑son en plein cintre inscrite dans un panneau rectangulaire, scandée par deux larmiers et coiffée d'un toit à la hache en ardoise. Sur les murs gouttereaux, les chapelles du narthex en légère saillie sont couvertes d'appentis et l'éclairage est assuré de chaque côté par six oculi en demi‑lune ; les murs affichent un bossage simulé, une ébauche d'entablement et une corniche très sobre sans ornements sculptés. Le chevet est en croupe et la sacristie occupe presque toute sa largeur, éclairée par des fenêtres rectangulaires grillagées.
À l'intérieur, le narthex supporte la masse du clocher bâti en maçonnerie ; des piles carrées avec pilastres, reliées par arcades en plein cintre, portent une voûte d'arêtes et la trappe d'accès au clocher remplace toute cage d'escalier. Les chapelles nord et sud, chacune composée d'une travée droite et d'une abside en hémicycle, sont séparées de la nef par des ouvertures rectangulaires qui ont été obturées à la fin du XXe siècle pour compenser l'insuffisance des piles du clocher ; la chapelle nord renferme les fonts baptismaux et la chapelle sud est dédiée au souvenir des morts, avec le monument aux morts et une statue de sainte Jeanne d'Arc. La nef et le chœur forment un vaste espace unique, dominé par une voûte en berceau logée dans le volume du toit, structuré verticalement par des arcades simulées correspondant aux oculi et horizontalement par un bandeau bas et une corniche saillante couronnée d'une seconde corniche dentelée à la naissance de la voûte, ce qui donne aux murs une animation linéaire presque graphique ; la hauteur intérieure dépasse une dizaine de mètres. Le mur occidental est percé de l'arcade orientale de la base du clocher, encadrée de simulations d'oculi bouchés, et la grande arcade factice en faux marbre du chevet sert de cadre au retable du maître‑autel, tandis que la baie du chevet, seule baie vitrée, porte un vitrail polychrome représentant la Charité de Saint‑Martin.
L'église conserve six objets classés provenant de l'ancienne église : le dais du bâton de procession de la confrérie Saint‑Martin, en bois doré de style Louis XV et contenant une statuette équestre de saint Martin ; un confessionnal richement sculpté de style Louis XV ; deux statues en bois du XVIe siècle représentant la Vierge à l'Enfant et saint Jean‑Baptiste ; la dalle funéraire de Simon Le Cordier, déplacée de l'ancienne église et placée au milieu du chœur ; un grand tableau retable intitulé « Christ au désert servi par les anges » attribué à Liébault, inspiré d'une composition de Charles Le Brun et portant, en bas à gauche, les armes du prieuré ainsi que la date 1736 ; et une cloche provenant de l'ancienne église portant une longue inscription. Parmi les autres éléments remarquables figurent un tabernacle baroque orné d'un bas‑relief du Christ et d'un petit tabernacle inférieur à l'iconographie de l'Agneau, un aigle‑lutrin en bois doré probablement du XIXe siècle aujourd'hui relégué en sacristie, ainsi que deux dalles funéraires dont celle de Mathieu Porlier comportant une longue épitaphe encadrée de motifs macabres.