Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin, paroissiale et catholique, se situe à Cormeilles‑en‑Parisis (Val‑d'Oise) et succède à une église romane dont deux chapiteaux subsistent au début de la nef. Elle résulte de plusieurs grandes campagnes de construction et de remaniements : la crypte et le chœur appartiennent à l'époque romane ou à la première période gothique, le chœur a été surélevé et voûté au début du XIIIe siècle, la nef a fait l'objet d'interventions au XVe siècle et le bas‑côté sud du sanctuaire a été repris au début du XVIe siècle ; des embellissements ont encore été apportés aux XVIIe et XVIIIe siècles. L'abbaye de Saint‑Denis, principal seigneur du lieu, a financé la crypte sous l'autorité de l'abbé Suger vers 1145 ; cette crypte, peu connue et généralement fermée au public, figure parmi les deux plus anciennes cryptes gothiques connues et présente un grand intérêt archéologique. Le chœur à chevet plat, édifié au dernier quart du XIIe siècle puis prolongé vers l'ouest au XIIIe siècle, a été plusieurs fois remanié pour raisons de stabilité. Dans la nef, la coexistence d'une base de pilier du XIIIe siècle et de la plupart des chapiteaux datés des années 1515‑1525 témoigne de reprises importantes et d'une physionomie d'ensemble complexe, dont l'interprétation reste discutée. Le clocher, dont la base est ancienne, a été largement surélevé et repris au XIXe siècle et la façade occidentale a été reconstruite dans le même temps sous la direction de l'architecte diocésain Blondel. Ces phases successives font de Saint‑Martin un édifice hétérogène et atypique, caractéristique qui a motivé son classement au titre des monuments historiques par arrêté du 13 février 1997, classement qui s'étend à la crypte. L'intérieur présente en grande partie l'aspect que lui ont donné les restaurations du XIXe siècle ; le mobilier, modeste, comprend toutefois des boiseries et un retable du maître‑autel d'une valeur artistique. L'église demeure le principal lieu de culte d'une paroisse active, accueillant régulièrement les offices de la communauté de Cormeilles‑La Frette, et l'Association pour la Sauvegarde de l'Église Saint‑Martin contribue à sa conservation. Implantée au 124 rue Gabriel‑Péri, la façade occidentale ouvre directement sur le trottoir sans parvis ; une petite place permet d'en prendre du recul, une impasse et des terrains privés limitent la circulation autour du bâtiment, et un square au sud donne accès au parking d'où l'on voit le chevet. Le plan associe deux ensembles distincts : une nef non voûtée avec bas‑côtés et un chœur voûté d'ogives avec collatéraux, chaque partie comprenant trois vaisseaux de travées ; le chœur est désaxé vers le sud et le chevet est plat. La nef, vaste mais sobre, conserve des grandes arcades et des chapiteaux remarquables du début du XVIe siècle ; ses murs hauts sont relativement nus et ses fenêtres petites. Les bas‑côtés, conçus sans voûtement, restent dépouillés ; le bas‑côté sud est suffisamment large pour accueillir des bancs de part et d'autre d'une allée centrale et le bas‑côté nord comprend la chapelle de la Vierge. La base du clocher mêle éléments anciens et remaniés, présente une voûte d'ogives et des impostes sculptées ; sa datation a fait l'objet d'analyses divergentes et des études récentes proposent une lecture nuancée de ses phases. Le chœur, plus obscur, rassemble supports et chapiteaux de différentes périodes, des voûtements d'ogives et des travées inégales, signes des campagnes successives et des restaurations jusqu'au XIXe siècle. Le collatéral nord, étroit et remanié, conserve une voûte d'ogives ancienne, tandis que le collatéral sud, reconstruit dans le style flamboyant, a réutilisé des éléments plus anciens et abrite aujourd'hui la chapelle baptismale. À l'extérieur, la façade occidentale néo‑gothique de 1865, réalisée en pierre de taille, est ornée d'une rosace et d'un tympan représentant le Christ entouré d'anges ; la surélévation du clocher et les éléments décoratifs datent de la même campagne. La crypte, creusée en partie dans le rocher, est une salle rectangulaire à trois vaisseaux voûtés d'ogives, avec piliers, chapiteaux et massifs de maçonnerie ; conçue pour un double accès, elle n'est aujourd'hui accessible que par un escalier dans la base du clocher et sa rareté justifie l'intérêt archéologique qui lui est porté. Le mobilier inscrit comprend notamment des boiseries de la première travée du collatéral nord, datées du XVIe siècle et composées de panneaux architecturés et de motifs religieux ; d'autres éléments dignes d'intérêt — retables, fonts baptismaux, maître‑autel néogothique, tableaux et monuments commémoratifs — complètent l'ensemble, certains ayant fait l'objet de restaurations et au moins un tableau ancien ayant été volé. Les recherches et publications récentes permettent d'affiner la chronologie et la lecture des campagnes constructives, sans toutefois lever toutes les incertitudes sur certains états anciens.
