Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin de Cormeilles-en-Vexin, dédiée à saint Martin, se trouve dans le Val-d'Oise, au sein du parc naturel régional du Vexin français. L'édifice se compose de deux parties bien distinctes, séparées par le transept qui porte le clocher central. La nef présente un caractère roman marqué : de grandes arcades retombent sur des chapiteaux très archaïques que la plupart des auteurs rattachent au dernier quart du XIe siècle, tandis que d'autres privilégient le début du XIIe siècle, ce qui en fait l'une des plus anciennes nefs conservées dans le département. Environ un siècle après sa construction, la nef et les bas-côtés furent voûtés d'ogives. Le transept, contemporain de la nef, conserve deux voûtes en berceau et une voûte d'arêtes d'origine, particularité rare dans la région, et il est décoré de peintures murales en faux appareil réalisées au XIVe siècle. Le chœur, rebâti au milieu du règne de saint Louis, affiche une élévation ambitieuse sur trois niveaux avec un triforium, témoignage visible de l'influence de la basilique Saint-Denis et de l'architecture parisienne de l'époque ; l'étage des fenêtres hautes n'a toutefois été construit ou achevé qu'au XVIe siècle. En raison de défaillances des arcs-boutants, les voûtes du chœur ont failli s'effondrer vers 1970 ; le chœur a alors été étayé pendant trente-cinq ans avant une restauration menée entre 2006 et 2008. L'ensemble de l'église se présente aujourd'hui en excellent état et l'édifice est classé monument historique depuis 1911.
L'église occupe un emplacement rectangulaire légèrement orienté vers le sud-ouest ; la façade occidentale donne sur la rue Guynemer et le chevet sur la rue du Général Leclerc (RD 190). On peut faire le tour du bâtiment : un petit portail latéral au nord sert d'accès habituel, un petit parvis précède la façade ouest et une grande pelouse au sud correspond à l'ancien cimetière déplacé en 1865. La première mention du village date d'un diplôme de 843, mais la première preuve documentaire de l'église provient d'un accord de 1071 entre l'abbé de Saint-Denis et l'archevêque de Rouen ; dès lors, l'abbé de Saint-Denis présentait à la cure sous l'Ancien Régime.
Trois campagnes de construction principales se distinguent : la première concerne la nef, les bas-côtés, le transept et l'essentiel du clocher et se situe à la fin du XIe siècle ; la seconde porte sur le voûtement d'ogives de la nef et des bas-côtés à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, période durant laquelle les murs gouttereaux des bas-côtés sont rebâtis et probablement élargis ; la troisième correspond à la démolition des absides romanes et à l'édification du chœur actuel au cours du second quart du XIIIe siècle, la grande baie du chevet étant créée ensuite vers 1255 environ. À la fin du XIIIe siècle l'édifice présente déjà sa configuration générale, mais de nombreuses interventions ultérieures modifient ses élévations et ses ouvertures.
Aux XIVe et XVIe siècles des consolidations et remaniements importants ont été menés : au XIVe siècle on renforce les piles orientales du clocher et on reconstruit diverses arcades, tandis qu'au XVIe siècle sont refaits les fenêtres hautes, les arcs-boutants et les voûtes du chœur, le clocher est surélevé en 1580 et les meneaux de la baie centrale du chevet sont repris en 1613. Le mobilier est renouvelé au XVIIIe siècle et des éléments modernes comme la sacristie et un porche ont existé avant d'être supprimés lors des restaurations du XXe siècle.
Classée par arrêté du 23 septembre 1911, l'église fit l'objet de propositions de restauration dès 1915 ; des travaux partiels furent exécutés, puis une restauration plus étendue dirigée par Jules Formigé débuta en 1927 avec remise en état des toitures et consolidation des arcs-boutants, complétée par d'autres campagnes au cours du XXe siècle, la consolidation finale et la restauration complète du chœur s'achevant en 2008. La façade occidentale a été restituée dans son état d'origine en 1987, avec suppression du porche et démolition d'une travée moderne.
L'extérieur montre la sobriété romane de la façade ouest avec contreforts plats, modillons et billettes, des baies en plein cintre des bas-côtés et un portail décoré d'un rang de billettes et d'un rang de damiers, surmonté d'un tympan nu ; les vantaux en bois datent du XVe siècle. Le chevet, daté autour de 1250, offre une élévation gothique en trois niveaux dont le remplage de la grande baie combine une traçerie du XIIIe siècle et des meneaux refaits en 1613, tandis que les arcs-boutants du XVIe siècle portent des culées ornées et des gargouilles.
Le clocher conserve une assise romane jusqu'à une corniche partiellement conservée, puis des remaniements importants au XVIe siècle qui ont modifié l'ordonnancement des baies et introduit des éléments de style Renaissance ; il est couvert en bâtière et abrite un beffroi en charpente du XVIe siècle et trois cloches refondues en 1865–1866. À l'intérieur, la nef romane communique avec les bas-côtés par de larges arcades en plein cintre à double rouleau reposant sur des piliers carrés flanqués de demi-colonnes, et les chapiteaux, de facture très archaïque, ont fait l'objet de nombreuses analyses sur leur datation. Le voûtement d'ogives de la nef repose sur des colonnettes en délit et des corbeaux intégrés aux murs, et les parties hautes de la nef sont obscurcies par des fenêtres hautes bouchées.
Les bas-côtés, voûtés lors de la même campagne que la nef et probablement élargis à ce moment, présentent des supports adossés et des chapiteaux à crochets variables ; la travée nord contient la chapelle baptismale et la travée sud a été provisoirement séparée par un mur. Le transept conserve sa structure romane bien que remaniée : les croisillons voûtés en berceau et la voûte d'arêtes de la croisée subsistent, et l'ensemble intérieur est orné de peintures murales en faux appareil du XIVe siècle. Le chœur, voûté sur croisées d'ogives, se distingue par son triforium composé de trois arcades en tiers-point par travée, d'une forte parenté avec le modèle de Saint-Denis, et par des voûtes légères dont l'épaisseur de remplissage reste faible.
Le mobilier compte neuf éléments classés au titre des objets : sculptures et statues en bois polychrome des XVe au XVIIe siècles (dont la Charité de saint Martin, saint Nicolas, saint Michel et deux Vierges à l'Enfant, dont une datée du XIVe siècle), trois bas-reliefs en bois du XVIe siècle remontés dans le maître-autel, un petit monument funéraire en marbre et bronze du XVIIIe siècle, un tableau d'Adoration des bergers attribué à l'atelier de Charles André van Loo datant du milieu du XVIIIe siècle, et un meuble de sacristie en chêne du premier quart du XVIIIe siècle. Enfin, après la Révolution la paroisse fut d'abord rattachée au diocèse de Versailles puis intégrée au diocèse de Pontoise en 1966 ; l'église n'a plus de curé résident et accueille des célébrations eucharistiques de manière irrégulière au sein de la paroisse de Marines.