Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin est un édifice catholique de Fleurigné, en Ille‑et‑Vilaine, inscrit au titre des monuments historiques le 17 avril 1931. Elle se dresse au centre du cimetière communal, sur une parcelle en forme de poire bordée au sud et à l'est par l'avenue de Bretagne, et domine légèrement la chaussée par quelques degrés. Sous l'Ancien Régime, la paroisse dépendait du doyenné de Fougères, de l'archidiaconé et du diocèse de Rennes ; après la Révolution et le Concordat de 1801 elle fut rattachée au doyenné de Saint‑Sulpice de Fougères, archidiaconé de Saint‑Malo. Aujourd'hui la communauté chrétienne de Fleurigné fait partie de la paroisse de Sainte‑Thérèse du Bocage Fougerais, dans l'archidiocèse de Rennes, Dol et Saint‑Malo. Jusqu'en 1790, l'église formait le prieuré de l'abbaye Saint‑Pierre de Rillé à Fougères ; l'administration paroissiale par des chanoines réguliers de saint Augustin remonte au XIIe siècle, suite aux droits concédés en 1163 par le baron de Fougères. L'édifice actuel date du XVIIe siècle.
De plan en croix latine, l'église présente des croisillons et un chœur de longueur comparable, terminés en pans coupés, flanqués de deux sacristies de plan presque carré. L'élévation se développe sur un seul niveau ; la construction associe moellons de cornéenne et pierre de taille en granite pour les encadrements et les angles, le chaînage alterné marquant les arêtes. Des joints en ciment appliqués au siècle passé altèrent toutefois l'aspect originel de l'ouvrage. L'ensemble dégage une unité stylistique classique, sobre, mais certains détails révèlent des moyens restreints et une exécution par phases : la corniche à modillons en granite qui couronne le chœur et le transept s'interrompt presque à la jonction avec la nef, remplacée à l'ouest par un couronnement plus simple, et des pierres de taille plus grossières et moins soignées apparaissent dans la nef. Une porte en accolade de style gothique flamboyant a été remployée dans le mur ouest de la chapelle méridionale.
L'intérêt principal réside dans le couvrement et la variété des volumes à l'est : toits en croupe pour les chapelles et le chevet, dômes à l'impériale sommant les sacristies, et un élégant clocher octogonal à la croisée du transept qui superpose deux campaniles, jouant sur les lignes droites et courbes pour renforcer la dynamique verticale. L'accès au clocher se fait par une tourelle coiffée d'un toit en poivrière, située à l'angle de la nef et du croisillon nord. La façade occidentale, relativement dépouillée, s'organise autour d'une porte à arc plein cintre sensiblement surbaissé dont le claveau central porte un cœur transpercé sommé d'une croix ; un cordon de granite à la naissance du pignon prolonge la corniche et un oculus l'interrompt, tandis qu'un cartouche porte le millésime 1769.
L'église abrite un ensemble homogène de six vitraux historiés, classés au titre d'objet et réalisés par l'atelier rennais Lecomte et Colin en 1879‑1880, situés dans les deux bras du transept et dans le chœur, les costales de la nef étant pourvues de verrières mécaniques. Les vitraux des croisillons, offerts en 1879 par les familles Le Bouteiller et Tréton de Vaujuas‑Langan et ornés de leurs armoiries, présentent sur fond rouge une architecture Renaissance encadrant les saints patrons des donateurs : le Christ et sainte Élisabeth de Hongrie dans la chapelle sud, saint François d'Assise et sainte Thérèse d'Avila dans la chapelle nord. Les verrières du chœur, datées de 1880 et disposées sur fond bleu, offrent respectivement la charité de saint Martin à gauche — don des paroissiens, avec le monogramme du saint et les armes du pape Léon XIII — et la scène de Blanche de Castille éduquant saint Louis à droite, don du curé Louis Tirel, dont les initiales figurent dans le soubassement ; au sommet apparaît les armoiries de Monseigneur Charles‑Philippe Place.