Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin, située au bourg de Haux en Gironde, est un édifice composite d'origine romane qui a fait l'objet de remaniements aux XIXe et XIXe siècles tout en conservant son portail roman. La nef unique, la partie la plus ancienne, paraît dater du XIe siècle et conservait une charpente apparente qui fut masquée par un lambris en 1878. Le chevet, le chœur voûté en berceau et l'abside en cul-de-four relèvent du XIIe siècle, tandis que le bas-côté nord a été édifié à la fin du XVIIe siècle. La façade occidentale est dominée par un clocher-mur doté d'un balcon sur de gros corbeaux et s'ouvre par un porche encadré de deux arcatures partiellement masquées par des contreforts. Le portail s'ouvre entre voussures en plein cintre qui retombent sur trois colonnettes aux chapiteaux sculptés, parmi lesquels figurent l'Adoration des Mages et les Saintes Femmes au tombeau. La voussure interne porte des rinceaux et des animaux en relief méplat ; la seconde représente deux équipes d'hommes tirant sur une corde, surmontées d'un cordon peuplé d'oiseaux ; la troisième montre les vieillards de l'Apocalypse groupés autour du Christ, entourés d'une frise de quadrupèdes et ceinturée par deux meutes de molosses convergeant vers la clef. La quatrième voussure illustre des occupations agricoles et la clef de l'arc présente le tétramorphe ; le dernier cordon représente des personnages se tenant la main. Plusieurs éléments sculptés incrustés dans la façade et les contreforts proviennent de l'abbaye de La Sauve-Majeure, notamment quatre clés de voûte du XIIIe siècle représentant des scènes de la Nativité, de l'Adoration des Mages, de la Fuite en Égypte et de la Présentation au Temple. On trouve également une Piéta polychrome du XVIe siècle et deux anges gothiques insérés dans les contreforts, ainsi que deux hauts-reliefs très érodés dont la disposition suggère qu'ils proviennent des fausses portes aujourd'hui masquées. Le portail compte six chapiteaux historiés : côté nord se lisent des épisodes de la vie terrestre du Christ — l'annonce à Hérode, le massacre des Innocents et une scène aujourd'hui non identifiable — et côté sud figurent l'Adoration des Mages, une scène mutilée et la Résurrection, la dernière étant représentée par les Myrrhophores au tombeau guidées par un ange. Les chapiteaux nord détaillent la colère d'Hérode installé sur son trône, le massacre des enfants et une corbeille très dégradée dont l'interprétation reste incertaine. La voussure interne est composée d'un motif animal répété et prolongé sur les piédroits, tandis que la voussure des tireurs de corde oppose deux files d'hommes selon un schéma proche de celui d'autres portails régionaux. La voussure des vieillards de l'Apocalypse réunit une succession de rois couronnés tenant coupes et luths autour d'une clef centrale ornée du Christ encadré par deux anges. L'archivolte externe développe les travaux agricoles et des scènes de la vie quotidienne, avec 28 personnages identifiables en train de tondre, vaner le blé ou donner du fourrage, et des files de personnages convergents évoquant une danse en carole. Au chevet, la corniche et ses chapiteaux présentent un décor rudimentaire et des modillons figurant animaux, motifs géométriques et figures humaines aux connotations sexuelles, motifs interprétés comme des rappels moraux. À l'intérieur, on relève plusieurs chapiteaux romans au sanctuaire et autour de la fenêtre axiale : scènes animalières, allégories de la luxure, chiens accompagnés d'un disque aux allusions eucharistiques, feuillages, et sirènes-poissons à la fenêtre axiale, tandis que d'autres corbeilles sont trop érodées pour être précisées. Un double chapiteau dit « à têtes », issu de la production régionale autour de l'an 1200, rappelle l'ornementation des cloîtres voisins. L'église, à l'exception des parties classées, a été inscrite au titre des monuments historiques en 1925 ; le portail et l'ensemble de la façade occidentale ont été classés en 1953.