Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin, paroisse catholique de Landiras (Gironde), se situe au centre du bourg, près de la mairie ; elle est classée aux Monuments historiques. L'édifice est dédié à Martin de Tours et présente un plan en croix latine composé de trois nefs précédées à l'ouest d'un clocher‑porche ajouté au XVIIIe siècle. La nef aboutit à une abside et un transept dont chaque bras ouvre sur une absidiole. L'édifice, d'origine romane, remonte au XIIe ou au début du XIIIe siècle et a conservé le chevet et le transept de cette période. Il a été élargi par l'adjonction de bas‑côtés au sud au XVIe siècle et au nord au XIXe siècle, l'absidiole nord et la sacristie datant du XIXe siècle. Les voûtes de la nef, du transept et des bas‑côtés ont été réalisées au XIXe siècle en briques puis recouvertes de plâtre ; les voûtes en berceau en brique datent notamment de 1838. Le clocher accolé au portail roman a été reconstruit en 1765. L'absidiole nord a été successivement reconstruite au cours du XIXe siècle, en 1838 puis à nouveau entre 1865 et 1868, pour retrouver la symétrie de l'absidiole sud. Le chœur a été rénové en 1980 et des peintures murales médiévales, révélées par des sondages en 2002, ont été dégagées et restaurées en 2006‑2007. Ces fresques, probablement du XIVe siècle, figurent en partie basse les travaux des mois : on distingue surtout septembre (foulage du raisin), octobre (glandée) et novembre (tuailles). Le monument a été protégé à plusieurs reprises : classement du chevet en 1907, classement du transept en 1984 et inscription de l'ensemble en 2004.
À l'extérieur, l'appareil roman comprend le portail à archivolte en plein cintre, l'abside et les absidioles ; l'abside actuelle, percée de neuf baies symétriques, résulte en grande partie d'aménagements de la seconde moitié du XIXe siècle. La corniche de l'absidiole sud repose sur quatorze modillons sculptés, datés de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, qui associent figures (dont un homme portant une barrique et deux oiseaux buvant au même calice) et décors d'entrelacs ou de rinceaux. La corniche de l'abside comporte trente‑huit modillons, dont dix sculptés, également attribuables à la même période. Les chapiteaux des baies de l'abside et du transept présentent un riche répertoire sculpté roman : lions, porteur de poisson, équidé, lièvre, rinceaux et motifs végétaux figurent sur les corbeilles. Sur la façade nord de l'abside et la façade sud existaient des ouvertures rectangulaires murées : diverses hypothèses ont été émises, mais un croquis de 1837 conservé aux Archives départementales montre qu'il s'agissait alors de la porte d'entrée d'une sacristie nord aujourd'hui démolie.
À l'intérieur, la sculpture romane est concentrée sur les chapiteaux du carré du transept, des entrées d'absidioles, de l'arc triomphal, de l'arc du chœur et de l'abside. Les deux chapiteaux de l'arc triomphal constituent un ensemble remarquable : au nord, Daniel dans la fosse aux lions, et au sud des animaux crachant des rinceaux. Le chapiteau nord de l'arc du chœur porte une scène figurée montrant une créature féminine diabolique, un homme lié par des cordes et un ange tenant un livre, interprétée comme une mise en garde destinée au clergé. Des hauts‑reliefs romains remployés du XIIIe siècle ornent l'arc occidental du transept ; quatre d'entre eux, représentant notamment une Rencontre attribuée à Joachim et Anne, le Christ en mandorle entouré de la Tétramorphe, le « faux Daniel » et la Vierge à l'Enfant, sont classés objets historiques depuis 1984. Des traces de peintures murales subsistent dans le bras nord du transept et d'autres décors peints ont été repérés lors des restaurations.
L'église conserve quinze vitraux réalisés par des maîtres‑verriers ; les verrières du chœur posées en 1869 par Joseph Villiet remplacent celles détruites par la tempête de 1865, et quelques vitraux des bas‑côtés nord sont l'œuvre de Louis Hutrel (années 1860‑1870). Les baies du sanctuaire figurent des saints et des scènes hagiographiques, tandis que les vitraux des collatéraux présentent des motifs figuratifs ou décoratifs selon les travées. Le mobilier liturgique est riche : fonts baptismaux anciens (bénitier réemployé du XVIIe siècle et une coquille monumentale Tridacna du XVIe siècle), chandelier pascal et lutrin du XIXe siècle, chaire de 1818, stalles du XVIIIe siècle, tableaux et statues inscrits à l'Inventaire ou à l'I.G.P.C. Parmi les œuvres peintes se trouvent un tableau du miracle de saint Blaise (début XIXe siècle) et une Mort du Christ, tandis que les statues incluent plusieurs Vierges et des figures de saints datées des XIXe et XXe siècles.
L'église abrite trois cloches : une cloche de 1654 inscrite à l'I.G.P.C., une cloche de campanile fondue en 1839 par Martin père et fils et une cloche nommée Jeanne‑Marie‑Magdeleine fondue en 1881 par Henri Deyres, toutes inscrites ou répertoriées. Autour de l'église subsistent une croix de cimetière et une croix de chemin du XVIIe siècle, et la paroisse voisine comprenait autrefois les communes de Brax et de Saint‑Martin‑de‑Lassats, aujourd'hui disparues ou intégrées.