Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin de Layrac, en Lot-et-Garonne, est un vaste édifice roman principalement daté du XIIe siècle, élevé par les Bénédictins à la fin du XIe siècle et implanté sur une terrasse dominant la vallée du Gers. La charte de fondation du prieuré, datée du 16 décembre 1064, relate une donation faite par Hugues, vicomte de Brulhois, et son frère Hunald, ce dernier devenu moine puis abbé de Moissac en 1072. Des inscriptions aujourd'hui disparues, dont l'une portée sur le sol du chœur — HAS AEDES SACRAS FVNDAVIT HVNALDVS — et une autre citée par le chanoine Labénazie, ont laissé la mémoire de ces origines; une inscription perdue indiquait aussi une consécration par le pape Urbain II au retour du concile de Clermont. Le plan et les élévations montrent toutefois que l'édifice actuel relève essentiellement du XIIe siècle, les inscriptions antérieures se rapportant à un bâtiment disparu. Les sources anciennes sont rares et les vicissitudes historiques ont rendu difficile la reconstitution précise de la chronologie de construction; pour certains auteurs, l'édifice s'inscrit dans une succession d'ouvrages romans régionaux postérieurs à Sorde-l'Abbaye et à l'abbatiale de Saint-Sever. L'église a fait l'objet de restaurations et d'aménagements aux XVIIIe et XIXe siècles — la coupole de la croisée a été réparée, le chœur s'est enrichi d'un baldaquin monumental et d'une décoration peinte disparue — puis de campagnes de consolidation au XXe siècle par l'administration des monuments historiques. Lors de fouilles, les recherches du niveau ancien du sol ont mis au jour des fragments de mosaïques dont la datation a été discutée : ils pourraient remonter à la première église des années 1064-1072, à la consécration attribuée à Urbain II, ou à la reconstruction du chœur au XIIe siècle ; des similitudes ont été notées avec des mosaïques découvertes à l'abbatiale Saint-Sever. L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1908 et sa tour-clocher isolée a été inscrite en 1926. Architectoniquement, l'église est considérée comme un chef-d'œuvre de l'art roman du XIIe siècle : elle présente une nef à vaisseau unique voûtée en berceau, un transept dont la croisée est coiffée d'une coupole octogonale et un chœur voûté s'ouvrant sur une abside demi-circulaire ajourée de plusieurs fenêtres ornées de colonnettes. Deux absidioles orientées et voûtées en cul-de-four flanquent les bras du transept; les murs, épais, sont renforcés à l'intérieur et à l'extérieur par des dosserets et des arcatures. Le portail occidental s'ouvre depuis une surépaisseur de maçonnerie qui permet le développement des voussures, et la nef, endommagée, a été partiellement refaite selon les dispositions anciennes. La coupole de la croisée a été décorée de peintures et surmontée d'un dôme en ardoise et d'un campanile. Parmi les éléments intérieurs remarquables figurent des restes de mosaïques au pavement représentant Samson terrassant le lion, de nombreux chapiteaux sculptés — notamment celui de la croisée du transept —, la nef voûtée en berceau avec arcs-doubleaux et le baldaquin du chœur.