Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin, inscrite aux Monuments historiques en 1925, est une paroisse catholique de Lormont (Gironde) située au fond du vallon des Garosses entre le port et le bourg haut. Petit édifice d'origine médiévale, elle présente une nef de deux travées flanquée de bas-côtés, un chœur polygonal et, à l'entrée, un clocher massif. Des tuiles gallo-romaines trouvées sur le site attestent une occupation antique, mais l'implantation semble remonter à une fondation romane, peut‑être aux XIe ou XIIe siècles, comme le suggère aussi le vocable. Une partie des fondations de la nef romane a été retrouvée à l'intérieur, 50 cm en retrait par rapport à la nef actuelle, et un sarcophage d'enfant du XIIe siècle a été mis au jour dans le cimetière. Des ouvriers travaillant au clocher sont attestés en 1434, et la présence de nervures et de sculptures intérieures ainsi que le décor roman et végétal de la porte d'entrée indiquent un remaniement à cette période. La nef a été reconstruite et consacrée en 1451 par l'archevêque Pey Berland, et l'ensemble du décor de la nef et du chœur laisse penser que la construction s'est achevée à la charnière des XVe et XVIe siècles. L'édifice paraît avoir eu primitivement un transept qui fut allongé d'une travée vers l'ouest, et les bas-côtés ont été édifiés peu après la nef, les chapelles orientales constituant les premières adjonctions. Les archives signalent des réparations de toiture en 1577, probablement liées aux dégâts subis pendant les guerres de Religion. Au XVIIe siècle, on aménage de nouvelles portes dans le clocher, la sacristie et son lavabo, on surélève le clocher et l'on enrichit le décor intérieur ; une tribune est ajoutée en 1770 au rez-de-chaussée du clocher. Le XVIIIe siècle voit d'autres aménagements intérieurs : chapelle des fonts baptismaux (1770 et 1779), remise à chaises, chaire à prêcher avec rampe en fer forgé, tribune éclairée par un large oculus, croix du cimetière (1767) et bénitiers. Aux XIXe et début XXe siècles, de nombreuses réparations concernent toitures, clocher, murs du cimetière, sacristie et porche ; le perron est construit en 1848 et le chœur est remanié et décoré par la peinture en 1877. L'ornementation néogothique des portes, l'apposition d'armoiries épiscopales et la pose de nouvelles verrières datent de la période 1876-1890. En 1933 l'architecte Picard entreprend des réparations à la nef, au clocher et aux toitures, et à la fin du XXe siècle sont réalisées la reconstruction d'une voûte après un éboulement en 1970, la suppression de l'extension de la sacristie et la restauration des murs extérieurs. Une partie du décor et du mobilier est déposée ou en restauration au Musée des Amis du Vieux Lormont. L'église mesure 32 m de longueur et 20 m de largeur intérieure ; la nef fait 16 m de long et 8 m de large, les bas-côtés mesurant chacun 6 m de largeur. L'abside à cinq pans s'allonge sur 8 m et s'éclaire par cinq hautes fenêtres flamboyantes, chaque pan étant renforcé par un contrefort saillant. Les travées et le chœur sont couverts de voûtes à nervures prismatiques et de croisées d'ogives, et plusieurs clefs de voûte portent des sculptures du XVe siècle. Le clocher, tour carrée de 9 m de côté, compte deux étages et abrite une cloche en bronze fondue en 1839 par Martin et fils ; au-dessus du portail se trouvait un grand oculus aujourd'hui muré. Le rez-de-chaussée du clocher forme une travée d'entrée et la salle voûtée sous la tour reçoit les ossements issus du déplacement de l'ancien cimetière en 1848. L'intérieur est décoré principalement entre 1875 et 1900 : fresques de l'artiste Terral dans les chapelles, peintures murales du chœur et des chapelles, et onze vitraux signés Gustave Pierre Dagrant (1877) commandés par des donateurs locaux. Le maître-autel et le tabernacle, réalisés en 1878 par Bernard Jabouin, ainsi que autels, retables, chaire, tribune, bénitiers, stalles et fonts baptismaux (1779) composent le mobilier liturgique, dont plusieurs pièces sont protégées ou inscrites à l'Inventaire général et aux Monuments historiques. Le bas-côté nord abrite le baptistère et la chapelle de la Vierge, ornés de peintures de Terral et de vitraux représentant saint Jean-Baptiste et Notre-Dame de Lourdes ; la chapelle sud est dédiée à saint Joseph et reçoit un vitrail offert par la famille Chaigneau. Le cimetière conserve la croix datée de 1761 provenant de l'ancien enclos et un sarcophage d'enfant sculpté, utilisé comme bac à fleurs et attribué au XIIe siècle ou considéré comme une très bonne copie. L'ensemble de l'église est inclus dans le périmètre de la ZPPAUP de Lormont depuis l'arrêté du 12 janvier 2004.