Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin, ancienne église prieurale, se situe au centre de Lurcy-Lévis, dans l'Allier, au cœur du Bourbonnais. Classée monument historique depuis le 16 décembre 1937, elle fait partie de la Route des églises peintes du Bourbonnais. L'édifice reposerait sur les assises d'un ancien temple gallo-romain qui aurait brûlé lors des invasions du Berry. Fondée au XIIe siècle et remaniée à diverses époques, son chœur trilobe, rare en France, indique une construction tardive du XIIe siècle. Le transept et la large nef à une seule travée sont postérieurs, sans doute du XIVe siècle, et le portail occidental, de style gothique tardif, date du XVe siècle. L'ensemble se compose d'une nef unique, d'un transept et d'un chevet tréflé formé de trois absides semi-circulaires voûtées en cul-de-four, groupées en trèfle et ouvrant sur un carré voûté en berceau qui constitue le chœur. La nef paraît postérieure au chevet ou avoir été remaniée; sa charpente est apparente. La croisée du transept est couverte d'une voûte à oculus datée du XIVe siècle : ses arcs retombent sur les chapiteaux sculptés des demi-colonnes engagées des piles. L'abside orientale présente un cul-de-four décoré d'une mandorle abritant une peinture du Christ Pantocrator entouré de quatre êtres anthropomorphes, décor soutenu par des arcades à chapiteaux sculptés. L'abside centrale est divisée par des colonnes à chapiteaux dont les sculptures, influencées par la statuaire bourguignonne tant sur le plan iconographique que stylistique, montrent notamment des lions dévorant des hommes ou des griffons à deux têtes. Le clocher, de plan carré et coiffé d'une flèche d'ardoise, s'élève au niveau de la croisée du transept. Le portail d'entrée a été remanié au XVe siècle. Parmi le mobilier, un vitrail au-dessus du portail est attribué à Jules Hardouin-Mansart et daté de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle ; l'église conserve aussi deux pietà d'inspiration baroque, un chemin de croix en bois sculpté et un dessin au fusain de Léon-François Bénonville offert en 1945 par la famille Waldner. Elle possédait autrefois une tapisserie flamande du XVIe siècle représentant Le Christ guérissant l'aveugle, donnée en 1865 et reprise au début du XXe siècle par des héritiers. En 1965, quatre statues des XVIIe et XVIIIe siècles (saint Pierre, saint Protay, saint Gervais et saint Roch) ont été volées. La disposition trilobée du chevet, qui rappelle certaines églises très anciennes de Rome, interroge les influences exercées sur l'art roman en Bourbonnais.
