Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'ancienne église Saint-Martin se situe à Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône. Les vestiges mis au jour lors d'une fouille programmée en 2008-2009 révèlent une longue continuité d'occupation. Le plus ancien bâtiment reconnu est une domus romaine du IIe siècle, abandonnée dans la première moitié du IVe siècle puis remplacée par une nécropole païenne. Cette nécropole a été suivie, aux Ve et VIe siècles, par la construction d'une vaste basilique funéraire paléochrétienne qui a accueilli de nombreuses inhumations en sarcophages, en murets de moellons et en coffres de tuiles romaines. Un monastère fondé autour de la présence de saint Colomban s'est développé aux abords du site. Vers 629, les habitants sollicitent le futur saint Valbert pour diriger la communauté ; à sa mort (vers 668) il est inhumé dans une crypte qui devient un lieu de pèlerinage et favorise l'extension d'une nécropole monastique. La crypte dite de saint Valbert, construite dans les années 670, présente une architecture élaborée qui traduit l'importance liturgique et mémorielle de cet espace ; ce type de crypte externe reste exceptionnel pour la période mérovingienne. L'église fut reconstruite au début du IXe siècle, intégrant un groupe de sarcophages plus anciens et une abside à caractère mémoriel. À partir des XIIe-XIIIe siècles, Saint-Martin voit son rôle évoluer d'un usage monastique vers une fonction paroissiale, avant d'être détruite en 1797. La redécouverte du site intervient après le lancement d'un projet de parking place de la République en 2006 ; les fouilles menées par l'INRAP sous la direction de Sébastien Bully ont mis au jour en 2009 une crypte mérovingienne et plus de 125 sarcophages très bien conservés sur une surface d'environ 650 m². Le site, classé au titre des monuments historiques en 2010, livre ainsi l'un des ensembles de sarcophages les plus importants de l'est de la France. En 2018, un centre d'interprétation et d'animation du patrimoine (CIAP) a été aménagé pour présenter les vestiges et les sarcophages dans un grand espace sans pilier intérieur conçu par l'architecte Michel Malcotti ; le lieu est parfois désigné sous le nom d'Ecclesia.