Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin de Mareil‑en‑France (Val‑d'Oise) est une église paroissiale catholique dont l'essentiel a été bâti lors d'une unique campagne au début du dernier quart du XVIe siècle. Depuis le domaine public, seuls le clocher et la façade occidentale, remaniés au milieu du XIXe siècle, sont visibles, tandis que les parties Renaissance restent largement masquées par des bâtiments et l'ancien cimetière. L'édifice se distingue par l'homogénéité et la qualité de son architecture Renaissance, où le voûtement d'ogives hérité du gothique se combine à des supports d'inspiration antique. L'ordonnancement et la sculpture monumentale portent la signature du maître‑maçon Nicolas de Saint‑Michel, de Luzarches, attribution établie par comparaison stylistique avec l'église Saint‑Martin d'Attainville et des rapprochements documentaires. Le plan est remarquable : il comprend un déambulatoire complet sans chapelles rayonnantes, et une enfilade de chapelles peu profondes rendue possible par des contreforts intérieurs. Cette disposition, rare pour une église Renaissance du nord de l'Île‑de‑France, a été qualifiée d'exceptionnelle par les historiens ; elle explique aussi la relative pénombre du chevet, l'abside étant entourée par le déambulatoire. Si la disposition générale et le voûtement renvoient à la tradition gothique, les supports, chapiteaux et entablements relèvent d'un langage formel résolument Renaissance. Les élévations latérales et le chevet, bâtis en pierre de taille, présentent un rythme modulaire et un décor sculpté sobre mais soigné. La paroisse, évoquée dès 1150 et placée sous le patronage de saint Martin, dépendait du doyenné de Montmorency et du diocèse de Paris jusqu'à la fin de l'Ancien Régime ; la présence du prieuré Saint‑Martin‑des‑Champs explique l'antique dévotion et les liens fonciers anciens. Les textes et les armes visibles laissent supposer l'intervention des seigneurs locaux, notamment la famille du Val, dans le financement de la reconstruction du XVIe siècle. Au milieu du XIXe siècle, l'architecte Volkers a remplacé le clocher menaçant, allongé la nef d'une travée et réalisé la façade néorenaissance, opérations qui ont été intégrées à l'intérieur sans rompre l'ordonnance d'ensemble. L'église conserve un mobilier abondant : parmi les pièces remarquables figurent une Charité de saint Martin en bois peint du dernier quart du XVIe siècle, un lutrin‑aigle soutenu par un atlante, des sculptures anciennes, des dalles funéraires et une cloche de 1599 ; plusieurs de ces éléments sont classés au titre des monuments historiques. L'ensemble de l'édifice a lui‑même été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 21 février 1914. Affiliée à la paroisse de Luzarches et intégrée à la « paroisse des onze clochers », l'église Saint‑Martin n'accueille que rarement des messes dominicales. Malgré la sobriété extérieure due aux remaniements et aux contraintes de l'environnement agricole, l'intérieur révèle une œuvre de la Renaissance française d'une rare homogénéité et d'une grande finesse décorative.
