Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin de la Ville-Haute à Montmédy, dans la Meuse, s'élève sur un promontoire fortifié et domine la place de l'Hôtel-de-Ville. Une première paroissiale est attestée dès la première moitié du XVIe siècle, et un sanctuaire plus ancien, peut‑être signalé dès le XIe siècle, subsistait au même emplacement avant d'être remplacé par un édifice plus modeste du XIIe siècle. La chapelle de Malandry, construite en 1598 pour la famille d'Allamont, s'adossera au bas-côté nord de l'église lors des travaux du XVIIIe siècle. Après une restauration en 1668, l'ancienne église fut finalement démolie pour vétusté et reconstruite sur ses substructions entre 1753 et 1756 ; la sacristie fera l'objet d'une adjudication distincte en 1761. La reconstruction, engagée pour répondre à l'accroissement de la population et à l'état de délabrement du bâtiment, s'accompagna du déplacement du cimetière hors des murs, l'abbaye d'Orval participant pour environ 34 % du financement. Les travaux furent conduits par l'entrepreneur Jacques François Lelièvre sous la direction de l'architecte Chambeaux et de l'inspecteur Fenette, la date 1756 figurant sur le portail central. La chapelle de Malandry fut conservée et intégrée au collatéral nord, et la sacristie fut construite à droite du chœur, mais des contrats postérieurs laissent supposer un certain retard dans son achèvement.
L'édifice a subi de nombreuses interventions et restaurations : remplacement de pavés et dallages au XIXe siècle, réparations après les bombardements de 1870 avec pose de vitraux en 1871, travaux de couverture et consolidation des voûtes en 1874, reprises après les destructions de la Seconde Guerre mondiale et contrôles de la charpente en 1948. Des opérations importantes ont eu lieu dans la seconde moitié du XXe siècle et au début du XXIe siècle : consolidation du perron et des voûtes en 1974 avec l'adjonction d'arcs-boutants dans les combles par l'architecte Jean Rocard, restauration et restitution de la polychromie du bas-côté sud entre 1984 et 1990 par l'architecte Goutal, rénovation des couvertures des tours et de la façade occidentale entre 1992 et 1996, puis travaux sur la chapelle de Malandry et la sacristie en 1997 qui modifièrent la couverture de cette dernière en toit en pavillon et lui donnèrent un plafond en plâtre. La charpente et la couverture de la nef et du chœur ont été restaurées durablement entre 2001 et 2005, suivies de la restauration des intérieurs qui débuta en 2008 ; en 2013 l'orgue retrouva sa place avec une messe de bénédiction et un concert inaugural.
L'église est orientée et présente une nef à trois vaisseaux répartie en cinq travées, le vaisseau central étant deux fois plus large que les collatéraux ; le chœur, très court, se termine par un chevet pentagonal et inclut la dernière travée, tandis que les travées terminales des collatéraux font fonction de chapelles. La chapelle de Malandry, de plan presque identique à une travée de collatéral, s'ouvre au niveau de la troisième travée nord et communique à la fois avec l'extérieur et par une petite grille depuis le collatéral ; la sacristie, de plan carré, prolonge le collatéral droit et s'ouvre sur le côté sud du chœur. La toiture, en ardoises, couvre nef et collatéraux d'un pan continu, tandis que les deux tours carrées du massif occidental sont coiffées de toits à l'impériale.
La façade occidentale, en pierre de taille de calcaire lorrain à la couleur jaune-ocre, se compose d'un massif occidental sobre divisé en deux registres et rythmé par six pilastres toscans au registre inférieur et ioniques au registre supérieur, la frise inférieure présentant triglyphes et métopes. L'entrée principale se situe au centre, surmontée d'un cartouche portant la date 1756 et d'un oculus majeur ; les deux portes secondaires s'ouvrent dans les tours flanquant la façade. Les façades latérales sont rythmées par de grandes baies en plein cintre séparées par des contreforts au profil particulier, et le chevet pentagonal, également contrebuté, s'ouvre par cinq baies.
À l'intérieur, le gros‑œuvre en calcaire est recouvert d'un enduit blanc, les décors et moulures étant rehaussés d'une polychromie jaune ; chaque travée est couverte par une voûte d'arêtes et l'abside présente une voûte à quatre nervures. Les piliers cruciformes, composés d'un fût carré et de pilastres engagés, portent des chapiteaux toscans soulignés de jaune et soutiennent de grandes arcades reliées par un bandeau mouluré. Le jubé en bois occupe l'avant‑dernière travée, soutenu par piliers sculptés et polychromés, et deux escaliers à vis dans les angles ouest donnent accès aux tours et aux charpentes. Le sol de la nef est en pierre grise, tandis que le chœur présente un dallage alternant marbre noir et gris et des lambris en chêne ornés de motifs classiques, la sacristie ayant été restaurée et pourvue d'un plafond en plâtre à la fin du XXe siècle.
La chapelle de Malandry conserve des traces de polychromie rouge et la pierre tombale de Jean IV d'Allamont, ainsi que seize emplacements autour d'une fenêtre qui devaient recevoir les quartiers héraldiques de la famille. Certaines caractéristiques matérielles et la présence d'arcs-boutants dissimulés dans les combles expliquent les nombreuses campagnes de consolidation nécessaires pour contenir les poussées des voûtes.
Le style de l'église résulte de convergences diverses : influences « militaires » liées à son insertion dans les fortifications, éléments d'architecture de la période Louis XIV et ornements parfois rapprochés du style Louis XV, avec une évocation d'influence espagnole pour les toitures impériales ; aucune définition stylistique unique n'est toutefois consensuelle parmi les auteurs, qui soulignent la complexité et la multiplicité des références de l'édifice.