Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin de Rousseloy, dans l'Oise, est une église catholique paroissiale affiliée à la paroisse Sainte-Claire de Mouy. Édifiée sur le plateau de Cambronne au-dessus du village, elle domine le paysage et n'est accessible que par un chemin escarpé depuis la route de Clermont ; le cimetière l'entoure et le versant sud descend abruptement vers l'emplacement d'une ancienne carrière. L'édifice conserve un clocher roman à la base transformée en porche, coiffé d'un toit à la hache recouvert d'ardoise, ainsi qu'une chapelle romane au nord présentant des chapiteaux décorés. Le chœur-halle gothique, daté du XIVe siècle, comprend deux vaisseaux de deux travées et constitue la majeure partie de l'église depuis la démolition de la nef en 1826 ; ces deux vaisseaux forment un ensemble approximativement carré et sont couverts par des toits indépendants en pierre. La base du clocher et la chapelle des fonts baptismaux datent du XIIe siècle, tandis que sacristie et certains aménagements remontent aux XVIIe et XIXe siècles. L'arcade entre la base du clocher et le chœur, supportée par deux colonnes toscanes, semble avoir été en partie refaite ; un massif de maçonnerie plaqué devant la façade occidentale date de la démolition de la nef. L'histoire écrite de l'édifice reste lacunaire et repose largement sur l'analyse architecturale pour la datation des différentes campagnes de construction. Au XVIIIe siècle la flèche du clocher fut abattue par la foudre, ce qui explique la configuration actuelle du toit, et au début du XIXe siècle l'église était en grand délabrement. Des constats et devis dressés en 1801 et en 1824 aboutirent à la décision municipale de démolir la nef et de vendre ses matériaux pour financer la réparation du chœur ; les travaux liés à cette décision furent réalisés entre 1825 et 1826. Le clocher fut de nouveau atteint par la foudre en 1863 et réparé en 1870. L'édifice est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 3 mai 1927.
À l'intérieur, la base du clocher est voûtée en berceau brisé et communique avec le chœur par une arcade en tiers-point non moulurée ; les arcades et chapiteaux romans montrent des motifs d'oiseaux, de chiens et de colombes buvant au même vase. La chapelle présente une voûte d'ogives très basse dont les ogives et formerets retombent sur des faisceaux de trois colonnettes ; les chapiteaux arborent des rinceaux, des rameaux et des feuilles sculptées, tandis que les bases des colonnes ont été coupées pour permettre l'installation de bancs en pierre. Les fonts baptismaux, classés au titre des monuments historiques, sont en pierre calcaire de la première moitié du XIIIe siècle : une cuve octogonale à cavité hémisphérique reposant sur un socle et un sommet presque carrés, avec colonnettes d'angle ornées de chapiteaux à crochets et une frise sur la partie supérieure de la cuve.
Le chœur et le collatéral forment un ensemble homogène issu d'une même campagne de construction, mais les travées sont irrégulières et le pilier central n'est pas exactement centré ; les voûtes d'ogives sont simples et les nervures retombent sur des chapiteaux de crochets s'appuyant sur des groupes de colonnettes. Quelques culs-de-lampe historiés et une niche au mur sud ainsi qu'une piscine liturgique dans le chevet du collatéral témoignent du décor sculpté. Trois fenêtres subsistantes, de largeurs différentes, se concentrent dans le vaisseau central et présentent des remplages variés avec lancettes à têtes tréflées et éléments géométriques ; des traces d'enduit et de polychromie, superposées à de plus anciennes peintures, sont encore visibles sur les voûtes et le chevet.
À l'extérieur, la façade occidentale est formée d'un massif plaqué contre la base du clocher, vestige de la suppression de la nef, tandis que l'étage de beffroi présente un appareillage roman soigné avec baies abat-son gémelées, colonnettes fines et tympans ajourés, surmontés d'une archivolte torique et d'une corniche beauvaisine à petites arcades. Les murs extérieurs du chœur-halle sont épaulés par des contreforts et percés de fenêtres dont le remplage est l'unique ornementation notable ; les toits en pierre, assez aigus, recouvrent les vaisseaux et la chapelle. Le clocher et certains détails architecturaux inscrivent l'église dans un type local fréquent dans la région, rapproché d'autres clochers voisins.