Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin de Saint-Martin-de-Londres, paroissiale située dans l'Hérault en Occitanie, est un édifice roman établi entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle. Elle se distingue par un chevet trilobé peu courant et par des transepts arrondis donnant lieu, à la croisée, à une coupole sur pendentifs mise en valeur à l'extérieur et surmontée d'un lanternon. La coupole s'élève à environ quinze mètres et s'ouvre sur trois absides semi-circulaires ; l'abside axiale est précédée d'une courte travée de chœur voûtée en berceau. L'appareillage de pierre est très régulier et orné de "tailles en feuilles de fougère", témoignant d'une influence lombarde perceptible aussi dans les bandes verticales méplates et les arcatures avec frise en dents de scie, motifs fréquents en Languedoc à cette époque.
Le vallon de Londres dépendait au XIe siècle du comté de Montferrand, domaine des Guilhem de Montarnaud, vassaux des comtes de Melgueil et intégrés au diocèse de Maguelone. L'église apparaît dans le cartulaire de Gellone le 1er mai 1088, quand Adhémar-Guilhem de Montarnaud lègue à l'abbaye de Gellone l'édifice avec ses dîmes, prémices et cimetière. Elle est érigée en prieuré en 1090 et gagne en importance au XIIe siècle, provoquant des conflits récurrents avec les seigneurs de Montarnaud ; l'enclos du prieuré reste physiquement séparé du village par un rempart, vestige de cette division d'autorité. Le litige s'achève en 1250 par le rachat de la seigneurie par Gellone.
L'abbaye mère fut relativement épargnée par les guerres de Religion, tandis que pour financer des travaux elle dut céder la seigneurie en 1592 à la famille de Roquefeuil ; elle intègre la Congrégation bénédictine de Saint-Maur en 1644 et se fait restituer la seigneurie en 1689. Au fil des siècles, l'église connaît plusieurs aménagements : un clocher-tour est édifié au XIIe siècle puis détruit plus tard, le clocheton qui coiffe aujourd'hui la coupole date du XVIIIe siècle, et des remaniements importants ont lieu au XIXe siècle avec la démolition du clocher ancien, l'adjonction d'une chapelle au nord et l'allongement de la nef d'une travée vers l'ouest. L'édifice fait l'objet d'une restauration en 1932.
L'abside, le transept, la coupole, le porche et deux travées de la nef sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 16 février 1900. Le portail méridional du XIIe siècle, qui ouvre sur le porche correspondant à la base de l'ancien clocher, présente sur son linteau une statue de facture gothique installée au XIXe siècle et représentant saint Martin partageant son manteau. En avant du chevet se trouve une croix datée de 1642. L'ensemble, remarquable par son plan et la qualité de sa taille de pierre, constitue un exemple majeur de l'art roman en Languedoc.
