Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin dite Le Grand Fort, à Saint-Martin-de-Ré (île de Ré, Charente-Maritime), est une église fortifiée de style gothique flamboyant dédiée à saint Martin de Tours. L'édifice a été largement reconstruit aux XVe siècle et conserve l'organisation générale de son plan ainsi que des parties classées au titre des monuments historiques en 1903. Les origines de la ville et de l'église restent mal connues ; il est probable qu'elles aient été détruites lors des invasions normandes du IXe siècle. Au XIe siècle, la paroisse fut donnée au chapitre du Puy-en-Velay par le comte du Poitou ; les chanoines gardèrent la paroisse jusqu'au XVIe siècle, mais aucun vestige de l'édifice roman n'est conservé. La construction de l'édifice gothique débute au XIVe siècle et se poursuit au XVe siècle ; il était alors spacieux, lumineux et doté d'aménagements défensifs tels que mâchicoulis et chemin de ronde, d'où son surnom de « Grand Fort ». L'église fut plusieurs fois ravagée par les conflits : saccagée lors des guerres de Religion en 1586, elle fut partiellement ruinée au début du XVIIe siècle puis restaurée et consacrée le 9 juin 1641. Des destructions ultérieures la frappèrent encore, notamment lors du bombardement de 1696, après lequel l'édifice fut rallongé vers l'ouest et enrichi de deux chapelles construites en 1700. Le clocher s'effondra en 1774, entraînant l'effondrement de voûtes ; l'orientation du chœur fut inversée et, autour de 1784, un clocher-porche fut élevé par Pierre-Étienne Bouffard à l'emplacement du chevet, l'église étant alors charpentée. Au cours du XIXe siècle, des travaux réguliers dégagèrent les abords et embellirent l'intérieur par des vitraux et des peintures. Le culte fut momentanément interrompu pendant la Révolution ; un autel fut ensuite dédié aux prêtres réfractaires déportés et détenus dans la citadelle. Un incendie en 1964 détruisit notamment l'orgue ; la restauration générale du chœur et du transept s'est déroulée de 1965 à 1970 et les couvertures durent être reconstruites. L'édifice fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques pour ses parties anciennes depuis le 29 décembre 1903 ; le reste de l’église a été inscrit par arrêté du 29 décembre 1997. Aujourd'hui, l'aspect complexe du bâtiment est dominé par les ruines gothiques du transept : les murs des croisillons datent du XVe siècle et conservent chemin de ronde et portails à statuaire mutilée. Subsistent également les chapelles médiévales de l'actuel chœur et du bas-côté sud, ainsi qu'une fenêtre flamboyante obstruée sur le mur gouttereau nord. Les parties hautes de la fortification, y compris les tourelles d'escalier, sont inaccessibles au public. Le clocher néo-classique, érigé lors du réaménagement du XVIIIe siècle, forme aujourd'hui une tour carrée visitable et sert de terrasse d'observation offrant une vue panoramique sur la ville et le port ; il renferme trois cloches importantes nommées Marie Thérèse, Charles Catherine et Marie Pierre Michel Samuel Augustine. On note dans l'église une statue du Saint-Jean-Baptiste, traditionnellement présentée comme un don du pape Léon X à François Ier mais considérée en réalité comme une œuvre du XVIIe siècle attribuée au sculpteur flamand François Dieussart. Parmi les personnalités liées à l'église, Celse-Bénigne de Rabutin (1596-1627) y repose.