Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin, située au centre du bourg de Sorcy-Saint-Martin dans la Meuse, est un édifice catholique daté du XVe siècle. Elle occupe très probablement l'emplacement d'une abbaye bénédictine du IXe siècle, anciennement appelée Sainte-Marie-aux-Bois, et des sondages menés par l'entreprise Varnerot ont mis en évidence une nécropole du IXe siècle sous l'édifice. Après sa destruction lors d'un incendie paroissial au XVe siècle, l'église a été reconstruite dans un style ogival. Confisquée par le diocèse de Toul en 1499, elle devint l'église paroissiale tant pour le bourg de Saint-Martin que pour celui de Sorcy. Les sépultures des seigneurs du château haut et du château bas de Sorcy ont été récemment découvertes sous le dallage intérieur. L'édifice est inscrit comme monument historique depuis 1995.
Architecturalement, l'église présente une nef de quatre travées sans transept ni absidiole et se termine par un chevet pentagonal, caractéristique de la région, éclairé par cinq grandes baies au réseau flamboyant. Les vitraux, détériorés depuis la Révolution, ont été remplacés en 1887 par Antoine Bertin (1834-1904). La nef et les bas-côtés sont couverts de voûtes sur croisées d'ogives simples, tandis que l'abside présente une voûte à liernes et tiercerons. Deux autels, adossés aux murs collatéraux est, comportent des retables élégants probablement contemporains du chœur. La paroisse disposait autrefois d'une douzaine de chapelles consacrées aux saints des confréries, la plupart ayant disparu ou été transférées, notamment à l'église Saint-Remy de Sorcy. Les façades ne présentent pas d'ornementation particulière ; le bas-côté nord se prolonge par une sacristie ajoutée postérieurement.
Le clocher, probablement la partie la plus ancienne, est coiffé d'un dôme octogonal recouvert d'ardoises et surmonté d'un clocheton à huit pans ; il est flanqué d'une tourelle romane abritant un escalier à vis restauré en 2008. L'église possède trois cloches nommées Aimé-Marie (1868), Rose-Amélie (1868) et Françoise (1893), cette dernière étant destinée à sonner le sol. Au cours des trois derniers siècles, l'édifice a fait l'objet de diverses réparations ; des travaux de maçonnerie ont eu lieu entre 1980 et 1990, l'église a été fermée en 1999, puis rouverte en 2014 après d'importants travaux engagés en 2006. Le cimetière paroissial entourait l'église jusqu'en 1833 avant d'être déplacé à la limite des deux bourgs ; les colonnes de son entrée portent l'inscription HODI MIHI, CRAS TIBI (moi aujourd'hui, toi demain).
Le mobilier intérieur témoigne de la richesse de l'édifice au XVIIe siècle. Le chœur est orné de six panneaux sculptés dans la pierre de Sorcy, attribués par Dumont à l'artisan lorrain Saint-Joire, dont les hauts-reliefs, décapités pendant la Révolution, furent restaurés par le sculpteur François-Louis Comon ; ils représentent plusieurs épisodes de la vie de saint Martin, comme sa rencontre avec l'empereur Maxime, la destruction d'une idole, des scènes thaumaturgiques, la femme de Maxime, une messe et la mort du saint. La chaire à prêcher, en pierre et en bois sculptés et peints, est remarquable et imite la composition de l'église Saint-Roch à Paris selon Yves Caillaut ; elle est ornée des quatre évangélistes entourant le Christ et son abat-voix est surmonté d'un ange soufflant dans une trompette. Deux monuments funéraires des XVIe et XVIIe siècles, ainsi que des fonts baptismaux du XIXe siècle, complètent le mobilier.
Plusieurs objets de l'église ont été recensés dans la base Palissy en 2016 et sont inscrits ou classés au titre des monuments historiques : un voile d'exposition du Saint-Sacrement en soie (XIXe siècle), huit stalles et leurs devantures en chêne taillé (XVIIe siècle), un groupe Saint-Martin et le pauvre en calcaire (XVIIIe siècle), un Christ en croix en tilleul du XVe siècle restauré en 2013, des canons liturgiques d'autel en bois doré et aquarelle (XVIIe siècle), un ostensoir en argent doré de l'orfèvre François-Cécil Socard (XIXe siècle), le monument funéraire de Claude de Saint-Vincent et deux statues en pierre du XVIIe siècle, les fonts baptismaux et la chaire à prêcher (classés MH), six bas-reliefs de la vie de saint Martin attribués à Saint-Joire (classés MH), une Vierge à l'Enfant en pierre polychrome du XVe siècle (classée MH) et neuf verrières à personnages d'Antoine Bertin datées de 1887 (Inventaire général). L'édifice figure dans la base Mérimée comme église du XVe siècle.