Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église du prieuré Saint-Martin à Vallenay est une ancienne église romane, construite au XIIe siècle et désaffectée après la construction, à la fin du XIXe siècle, de la nouvelle église Saint-Roch ; elle a été inscrite au titre des monuments historiques en 1998 en raison de la présence de peintures murales. Au début du siècle suivant, Vallenay devint un prieuré dépendant de l'abbaye de chanoines réguliers de Plaimpied, et, au XVe siècle, l'église fut incluse dans l'enceinte du château des seigneurs de Vallenay, dont subsistent à proximité immédiate une tour et un corps de logis. L'édifice, d'abord paroissial puis prieural et seigneurial, a vu sa cure démantelée à la Révolution : il fut transformé en « temple de la raison » en 1793 avant que le culte ne reprenne en 1797. Au XIXe siècle, l'église se dégrada et, face à l'ampleur des travaux, la municipalité décida de construire une nouvelle église à la fin du siècle ; les statues, lustres et meubles, ainsi qu'une cloche datée de 1688, furent transférés dans la nouvelle église et l'ancien bâtiment fut abandonné. Louée à un négociant en vin qui en fit un entrepôt jusqu'en 1982, l'église subit d'importantes transformations : le portail d'entrée fut remplacé par une ouverture carrée pour le passage des charriots et de grandes baies carrées percées sur le flanc sud détruisirent des peintures; la nef servit ensuite de garage municipal. À partir de 1987 des travaux de restauration du portail et de la toiture furent entrepris avec l'aide du Pays d'accueil Boischaut, puis la restauration du chœur fut menée par l'association Les Amis du Vieux Vallenay. Des campagnes de rénovation plus lourdes commencèrent autour de 2010; l'association La Sauvegarde de l'art français participa en 2012 au financement de travaux de drainage et la restauration, achevée en 2014 après quatre ans, a bénéficié de dons, notamment d'un don de 36 000 dollars de l'association French Heritage Society et d'appuis via la Fondation du patrimoine. L'édifice, parfois appelé « Le Clos Saint-Martin », est depuis devenu une Maison du patrimoine utilisée occasionnellement pour des manifestations culturelles.
L'église présente une nef romane unique couverte d'un plafond de bois, percée de plusieurs petites fenêtres dont une seule est conservée dans son état primitif; elle communique par une grande arcade cintrée avec deux travées de chœur construites à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, voûtées d'ogives. L'ancien chevet roman a été réemployé pour la plupart des modillons de la corniche extérieure; une sacristie est accolée au chevet et une chapelle seigneuriale, dite chapelle de Bigny, a été ajoutée légèrement plus tard au sud, au niveau de la première travée du chœur. Un petit clocher cubique à toit octogonal, revêtu de bardeaux, se trouvait autrefois entre la nef et le chœur; il a disparu mais l'accès qui y menait a été conservé dans la chapelle de Bigny. L'édifice est de petite taille : la nef mesure 5,70 m de largeur, le chœur 5,30 m de largeur et 9,50 m de longueur, pour une longueur totale de 25,40 m; la nef contient deux autels vides, un de chaque côté du chœur. La chapelle de Bigny renferme plusieurs tombeaux et épitaphes : une grande épitaphe noire partiellement brisée à la mémoire de Joseph de Bigny, une épitaphe en pierre blanche au nom de Sylvine Binet datée du 22 mai 1693 et la pierre tombale de Claude de Bigny, représenté en habit de combat avec une inscription rappelant sa mort le 10 septembre 1622.
Malgré de nombreuses altérations, l'église conserve plusieurs décors peints exécutés du XIIe au XVIIe siècle, encore en grande partie recouverts de badigeon. Les murs de la nef conservent les vestiges d'un calendrier d'époque romane figurant les travaux des mois de l'année sous forme de médaillons, dans lesquels on reconnaît notamment des scènes pour janvier et mars. Sur le mur nord subsistent d'autres traces : un grand quadrilobe à bordure ocre-rouge et ocre-jaune presque effacé, une scène peinte peut‑être du XIIIe siècle dont une partie de l'inscription est encore lisible au‑dessus d'un visage de femme coiffé d'un touret ou d'un voile, et, à gauche de la baie, un fragment de scène d'époque romane représentant très probablement soit le Repas chez Simon soit la Pêche miraculeuse au lac de Tibériade; dans ce fragment les personnages sont nommés de gauche à droite : Judas, Thomas, Job, IHS (Jésus), Simon, Petrus et une femme dont le nom est illisible. Sur le mur diaphragme du chœur subsiste un autre décor dont le sujet et la datation ne peuvent être précisés en raison du badigeon. Sur le chevet apparaît un Christ en Majesté dans une mandorle accompagné du tétramorphe : ce décor, très effacé, est probablement contemporain ou de peu postérieur à la construction des travées du chœur. La travée est a reçu une décoration picturale insérée dans une architecture feinte, vraisemblablement mise en place au XVIIe siècle à l'instigation des seigneurs de Bigny. Une litre seigneuriale, posée au XVIIe ou au XVIIIe siècle, fait le tour des murs et subsiste en traces, notamment sur le mur nord et autour du chevet du chœur.