Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint‑Martin est une église catholique paroissiale située à Versigny (Oise), face au château à l'entrée est du village. Elle se trouve dans la région Hauts‑de‑France, dans le Parc naturel régional Oise‑Pays de France, et son élévation méridionale est alignée sur la route RD 330a. Le clocher sobre, daté de la fin du XVe siècle, porte une haute flèche ajourée dont le style évoque le XIIIe siècle. Le reste de l'édifice appartient principalement à l'architecture gothique flamboyante du second quart du XVIe siècle : nef large et élancée malgré une faible profondeur, piliers particulièrement fins et abside à pans coupés. Trois travées droites précèdent l'abside ; des bas‑côtés longent la nef et se terminent par un chevet plat. La dernière travée du bas‑côté sud se distingue extérieurement par des arcatures trilobées et intérieurement par une voûte ornée de quatre clés secondaires délimitant un rectangle. Un portail latéral sud aujourd'hui bouché et le remarquable retable en pierre daté de 1561 sont de style Renaissance ; le portail occidental, de style Renaissance tardive, a été ajouté postérieurement. L'église est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 6 mai 1907. Placée sous le vocable de saint Martin, elle dépendait autrefois du doyenné et du diocèse de Senlis ; depuis la Révolution elle relève du diocèse de Beauvais et a été intégrée à la paroisse Notre‑Dame de la Visitation du Haudouin en 1996. Le village n'a plus de prêtre résident et le service paroissial est en grande partie assuré par le curé à la retraite d'Ermenonville ; les messes dominicales y sont célébrées environ un samedi par mois à 18 h 30. La datation des parties de l'église se lit dans les maçonneries : le clocher est l'élément le plus ancien tandis que la majeure partie des élévations et des remplages de fenêtres appartient à la seconde moitié du XVIe siècle. La porte de la sacristie au sud de l'abside présente un décor flamboyant, bien que son authenticité soit discutée. Une plaque commémorative indique une restauration générale conduite entre 1863 et 1867 grâce au concours de la comtesse Aglaée de Junquières, à qui la fabrique a consacré une messe annuelle le 14 mai. Orientée avec une légère déviation vers le sud‑est, l'église se compose d'une nef aveugle de trois travées, de deux bas‑côtés et d'une abside polygonale ; la sacristie occupe l'angle entre l'abside et le bas‑côté sud. Le clocher s'élève au droit de la première travée du bas‑côté sud ; une cage d'escalier octogonale s'intercale entre ce clocher et la façade occidentale. L'ensemble est voûté d'ogives ; seules l'abside et la dernière travée du bas‑côté sud comportent des voûtes à quatre tiercerons dessinant un rectangle autour de la clé. Extérieurement, la flèche octogonale reposant sur pyramidons et cantonnée de contreforts renvoie à des modèles régionaux et à l'influence de la cathédrale de Senlis ; des gargouilles et dix éléments saillants subsistent encore. Le clocher, sobre dans son élévation, est rythmé par des larmiers et percé au niveau du beffroi de deux baies abat‑son par face, tandis que la tourelle d'escalier est éclairée de petites meurtrières. La façade occidentale associe le clocher, le mur en pierre de taille du bas‑côté nord et le mur en moellons de la nef ; le portail occidental en plein cintre est cantonné de pilastres doriques et surmonté d'un fronton brisé encadrant une niche. Les élévations latérales et le chevet sont soignés : murs en moyen appareil, larmiers, corniche moulurée et contreforts enrichis d'arcatures trilobées plaquées et d'ornements sculptés, tandis que certaines baies montrent la transition du remplage flamboyant vers des formes renaissantes. À l'intérieur, la porosité du vaisseau central s'explique par de larges arcades retombant sur de minces piles ondulées à quatre ronflements ; les doubleaux et ogives présentent un profil parfois atténué annonçant l'évolution du style. Les clés de voûte de la nef sont des rosaces de feuillage entourées d'étoiles à six branches ; celle de l'abside associe octogones superposés et feuillages et présente une polychromie néogothique visible dans l'ensemble de l'abside et des chevets des bas‑côtés. La base du clocher s'ouvre sur la nef et le bas‑côté sud par des arcades en tiers‑point à double rouleau ; la travée comporte un trou de cloches au centre de la voûte, des cul‑de‑lampes sculptés et des vestiges liés aux usages anciens de la sonnerie et de l'horloge. Les bas‑côtés, hauts et lumineux malgré leur largeur réduite, sont couverts de boiseries de qualité au soubassement ; la seconde travée du sud, anciennement chapelle seigneuriale devenue chapelle de la Vierge, conserve une voûte décorée de quatre tiercerons et des arcatures extérieures. Le mobilier comprend plusieurs éléments protégés : le retable de pierre de 1561, richement sculpté et rehaussé de dorures, porte des armoiries et des bas‑reliefs représentant la Nativité, l'Adoration des Mages et les évangélistes ; il a été repeint et doré au XIXe siècle et classé en 1907. Des stalles datées du troisième quart du XVIe siècle, des grilles en fer forgé et d'autres panneaux sculptés sont également classés ; on remarque aussi un groupe sculpté polychrome de la Charité de saint Martin, daté de la seconde moitié du XVIe siècle et classé en 1925, ainsi que plusieurs statues, un aigle‑lutrin et des bannières de procession. Parmi le mobilier funéraire, sept dalles sont protégées en tant qu'objets, quatre datant de la période comprise entre environ 1560 et 1631, dont plusieurs portent des effigies gravées et des armoiries, notamment des membres des familles de Marle et Dubief. L'église, bien dégagée de constructions mitoyennes, se contemple partiellement depuis la rue Charles‑de‑Gaulle, la place du village et une impasse nord, tandis qu'un passage étroit entre la ferme et l'élévation septentrionale permet de gagner le parvis.