Origine et histoire de l'Église Saint-Martin
L'église Saint-Martin se dresse sur une légère éminence à Wimy, dans l'Aisne. Sa façade offre l'aspect d'une véritable forteresse : un donjon carré en brique, flanqué en avant de deux tours cylindriques de cinq mètres de diamètre, dont les soubassements sont en grès. Le reste de l'édifice s'étend en arrière en un parallélogramme construit en petits moellons irréguliers, avec des encadrements de baies en briques et de fréquentes restaurations en brique. Le portail, plaqué sur la façade en 1867, et l'entrée principale ont été refaits à la fin du XIXe siècle ; les baies remaniées sont ogivales mais d'époque moderne. Le donjon et les tours n'ont qu'un étage au-dessus du rez-de-chaussée ; le donjon est percé de nombreuses meurtrières et comporte des cheminées tant dans la partie basse que dans la salle haute. La salle du premier étage, de huit mètres de côté, conserve deux cheminées et les restes d'un four. Les tours, voûtées en cul-de-four, sont percées d'une série de meurtrières à la naissance de la voûte ; leur diamètre intérieur est de 3,50 mètres et l'épaisseur des murs à la base atteint un mètre. Au-delà du porche d'entrée, l'église prend la forme d'une pseudo-basilique à trois nefs séparées par deux rangées de trois arcades ogivales. Deux degrés, qui traversent la largeur de l'édifice, marquent la transformation des nefs en sanctuaires : le sanctuaire central au maître-autel, le sanctuaire de droite à saint Joseph et celui de gauche à la Vierge. Le sanctuaire principal communique avec les deux autres par des arcades qui retombent sur un pilier cylindrique ; tous les autres piliers sont carrés. La nef centrale est entièrement voûtée ; les nefs latérales ne sont voûtées qu'au niveau des sanctuaires, avec des voûtes d'arêtes à nervures retombant sur des culs-de-lampe qui semblent en plâtre et dater de la restauration générale de la fin du XIXe siècle. Le portail paraît dater de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle, tandis que les arcades intérieures ogivales constituent les éléments caractéristiques les plus anciens de l'édifice. Le site paroissial de Wimy est connu dès 1138. Au fond de la nef principale se trouve un maître-autel en marbre brun, de forme tombale. Dans le sanctuaire de droite, un autel de saint Joseph en pierre blanche, de style gothique moderne, porte en parement un bas-relief représentant saint Joseph au repos ; dans le sanctuaire de gauche, un autel de la Vierge, également en pierre blanche et du même style, illustre en relief l'adoration des mages. Aucun retable n'est présent. Derrière le maître-autel, trois baies racontent chacune trois épisodes de la vie de saint Martin, et un oculus porte la scène du partage du manteau ; ces vitraux sont signés Olivier Durieux, Reims, 1873. Devant le chœur, une pierre tombale noire porte l'inscription funéraire de Jean-Antoine Régnier, prêtre et curé de Wimy, décédé le 28 juin 1758 à l'âge de cinquante-quatre ans. Des aménagements défensifs témoignent de l'usage protecteur de l'église : cheminées pour se chauffer et cuire des aliments, puits dans la tour nord pour tenir en cas de siège, et meurtrières à hauteur d'homme. Inscrite au titre des monuments historiques en 1989, l'église de Wimy, malgré restaurations et mutilations, reste l'une des plus représentatives des églises fortifiées de Thiérache ; son donjon, sa salle forte et ses meurtrières comptent parmi les plus remarquables de la région.
