Origine et histoire de l'Église Saint-Martin-ès-Vignes
L'église Saint-Martin-ès-Vignes est une église catholique située à Troyes, dans le département de l'Aube. Elle était autrefois une paroisse du diocèse de Troyes, en l'archiprêtrise, la cure relevant de la collation de l'abbé de Montiéramey puis, après sa suppression en 1768, de celle du prieur de Saint-Jean-au-Châtel ; le prêtre de la cure portait le titre de prêtre-cardinal. Implantée dans le faubourg Saint-Martin, entre les portes Comportés et Madeleine, l'église subit le 28 juin 1582 la destruction du petit clocher par la foudre. En 1590, le comte de Saint-Pol, commandant pour la Ligue à Troyes, ordonna la démolition totale de l'édifice afin qu'il ne serve ni d'abri en cas de siège ni de réserve de pierres ; ses matériaux, ainsi que ceux de la commanderie de Saint-Antoine et des Trinitaires, furent employés pour l'édification du fort de Chevreuse. Après les troubles, une chapelle Sainte-Jule fut rebâtie sur le site, autour d'un puits réputé lieu du martyre et connu pour guérir les fièvres, mais elle fut abandonnée pendant la Révolution et détruite en 1833. La décision de construire une nouvelle église Saint-Martin fut prise en 1590 sur le terrain de Luc Lorey, à deux kilomètres de la ville. L'église porte une dédicace secondaire à Sainte Jule ; elle conserve des vitraux relatant la vie de la martyre et une relique. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1908.
Relevée bientôt après sa destruction de la fin du XVIe siècle sur un plan rectangulaire, l'église présente un portail daté de 1681 dressé d'après les plans du chanoine Louis Maillet, surmonté des armes de l'abbé Pierre Henri Thiebault de Montmorency-Luxembourg. Le clocher date de 1747, sous le ministère du curé Doublet ; le chevet est à trois pans, le transept à une travée et la nef compte quatre travées soutenues par des piliers cylindriques. Sous le portique, à gauche de l'entrée, se trouve un cadran solaire portant la mention Bazin fecit 1778. L'église comporte un portail, des vitraux de donateurs — notamment la famille Guibert — et des verrières dédiées à Sainte Jule. Le Primatice reçut en 1516 les revenus de l'abbaye.
Le sol était carrelé de carreaux du XVIe siècle qui furent refaits en 1850 à la demande du sculpteur François Joseph Valtat ; réalisés par une tuilerie Millard de Montiéramey, ces carreaux de 20,5 × 20,5 cm, mal préparés et mal cuits, virent leurs décors émaillés s'effacer sous le passage. Parmi le mobilier, Valtat a également réalisé une statuaire comprenant saint Antoine et deux battants recouverts de velours rouge ; la hauteur du tambour de porte est de 5 m, pour une largeur de 2,80 m et une profondeur de 1,5 m. On y conserve une Madeleine (?) en calcaire polychrome et doré du XVIe siècle, une déploration de la Vierge en calcaire du XVIe siècle et un Christ aux liens en calcaire avec des traces de badigeon. Les tableaux comprennent, entre autres, une Descente de Croix de Jacques de Létin (XVIIe siècle) et des œuvres de Pierre Cossard, dont une Résurrection du Christ (XVIIIe siècle) ainsi que plusieurs panneaux représentant saint Edme, une résurrection et une apparition à Madeleine. Les fonts baptismaux ont une vasque, une tige et un pied en marbre rose veiné de blanc, avec un couvercle ovale en laiton doré surmonté d'un globe et d'une croix du XIXe siècle. L'orgue possède un buffet central dont la menuiserie est due à Damien Doublet en 1534, un second buffet arrière ajouté en 1878 et une ébénisterie réalisée par Henri Kuhnowski en 1963.