Origine et histoire
L'église Saint‑Martin de Janzé, dédiée au Sacré‑Cœur, à saint Martin et à saint Pierre, a été construite entre 1874 et 1887 d'après les plans des frères Jules et Henri Mellet, ce dernier assurant seul la conduite du chantier à partir de 1884. Son parti néo‑roman est proche de celui de l'église Saint‑Martin de Vitré, antérieure de quelques années. Une église consacrée à saint Martin est attestée à Janzé dès la fin du XIe siècle : elle fut donnée par Raoul de Janzé aux bénédictins de l'abbaye de Marmoutiers, donation confirmée vers 1090 par la renonciation des moines de Saint‑Florent de Saumur et approuvée par les évêques Marbode et Hamelin. L'église et ses dépendances furent érigées en prieuré sous le nom de prieuré de la Franceule, annexe de Béré, et le prieur de Béré présentait le desservant. En 1880 subsistaient encore des éléments romans, peut‑être du XIe siècle, notamment à la base de la tour ; l'ancien édifice présentait un chevet à pans coupés, une nef à trois vaisseaux datée de 1625, une chapelle seigneuriale du XVe siècle au nord et un portail Renaissance à l'ouest. La première pierre de la nouvelle construction fut bénite par l'évêque de Rennes, Godefroy Brossay‑Saint‑Marc, le 18 octobre 1874. L'édifice, bâti en croix latine, présente une abside unique, un transept légèrement saillant surmonté d'une tour‑lanterne coiffée d'une coupole sur pendentifs, et un clocher‑porche dont la flèche en pierre culmine à 67 mètres. L'élévation intérieure comporte trois niveaux — grandes arcades, triforium et fenêtres hautes — et l'appareillage alterne des assises de tuffeau de Saumur et de pierre de Caen, tandis que les grandes arcades et les arcs doubleaux de la nef sont en granit gris. À l'extérieur, l'appareil associe calcaire dur et moellons de schiste. Le décor sculpté est particulièrement soigné : tous les chapiteaux sont sculptés, avec des motifs inspirés de l'Arche de Noé, et les vitraux historiés de la maison Champigneulle intègrent un chemin de croix. Le mobilier, remarquable, comprend le maître‑autel, la chaire et les stalles en châtaignier commandées au sculpteur Augier de Vitré, l'autel réalisé par l'entreprise parisienne Cachalfroc, et des éléments de décor harmonisés avec l'architecture. Le coût du chantier s'est élevé à 450 000 francs, dont 15 000 pour l'autel et 32 000 pour les stalles et la chaire. L'orgue actuel remplace un orgue portatif Debierre du début du XXe siècle : à partir de 1930 l'église a accueilli un instrument d'occasion construit par Dom Séjourné, reconstruit totalement en 1972 par le facteur Yves Sévère qui a conservé le buffet en chêne logé au fond de l'abside. Le buffet présente une plate‑face de quinze tuyaux sous un arc surbaissé et deux tourelles latérales abritant chacune une plate‑face de cinq tuyaux ; la console est retournée et la transmission est mécanique pour les notes et électrique pour les jeux. La composition de l'orgue comprend de nombreux jeux — Montre 8, Bourdon 8, Prestant 4, Flûte conique 4, Doublette 2, Cornet V, Plein‑Jeu IV, Cromorne 8 — ainsi que des jeux de récit et de pédale (Bourdon 8, Diapason 8, Voix céleste 8, Nazard, Tierce, Cymbale, Bombarde 16, Soubasse 16) et des dispositifs tels que tirasses, accouplements, appels d'anches et combinaisons fixes. Le clocher abrite quatre cloches fondues par Bollée du Mans et bénies le 16 octobre 1888 : le bourdon, nommé Sacré‑Cœur, a un diamètre de 1,75 m, pèse 3 300 kg et sonne Si♭2 ; les trois autres cloches, Saint‑Martin, Saint‑Pierre et la Nation, donnent respectivement Do3, Ré3 et Mi♭3 et pèsent 2 100 kg, 1 350 kg et 1 250 kg pour des diamètres de 1,50 m, 1,32 m et 1,25 m. L'église est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 18 avril 2016.