Origine et histoire
L'église Saint-Martin d'Artonne est une ancienne collégiale romane située à Artonne, dans le Puy-de-Dôme, classée au titre des monuments historiques en 1886. Le site d'Artonne est un vicus depuis l'époque gallo-romaine puis sous la monarchie mérovingienne, situé sur la voie reliant Augustonemetum (Clermont) à Augustodunum (Autun). Des éléments antiques ont été remployés dans l'église et, au XVIIIe siècle, des tombeaux avec des inscriptions funéraires datés des Ve et VIe siècles ont été découverts dans la nef. La tradition rapporte que saint Martin, en traversant le vicus, alla prier devant le tombeau d'une sainte, Vitaline. Grégoire de Tours cite Arthonensem comme siège d'une paroisse-mère et mentionne un baptistère paléo-chrétien, appelé église Saint-Jean, situé à environ cinquante mètres de l'église. La cure d'Artonne fut le siège de l'archiprêtré de Limagne. En 1048, Guillaume de Thiers fonda un chapitre composé de douze chanoines et d'un doyen, et l'église paroissiale leur fut attribuée. La partie la plus ancienne de l'édifice, antérieure à la fondation du chapitre, comprend le transept et les deux premières travées de la nef avec leurs bas-côtés. Le chœur et le chevet ont été reconstruits au XIIe siècle. La décadence du chapitre conduisit le roi Louis XV à le supprimer et à réunir ses biens à ceux de Notre-Dame-du-Mathuret à Riom. Pendant la Révolution, le clocher établi au-dessus de la coupole du transept fut démoli, le trésor envoyé à la capitale pour y être fondu, les archives brûlées et les statues détruites ; l'église, devenue Temple de la Raison, fut dépavée et utilisée brièvement comme carrière de salpêtre, tandis que les trois cloches furent simplement descendues. La salle capitulaire a été fortement remaniée à la fin du XIXe siècle. L'église actuelle mesure 47,80 mètres de longueur et comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés, un transept non saillant, un chœur entouré d'un déambulatoire et trois chapelles rayonnantes rectangulaires. Le transept est prolongé au nord par la salle capitulaire et au sud par la chapelle Sainte-Vitaline, voûtée en plein cintre. L'édifice, bâti en calcaire de Chaptuzat, a connu de nombreux remaniements au cours des siècles. La grande nef ne devait pas être voûtée à l'origine ; elle a reçu tardivement un berceau brisé sur doubleau, tandis que les collatéraux sont couverts de demi-berceaux. Parmi le mobilier, plusieurs objets ont été classés : le maître-autel en marbre polychrome daté de 1792, classé en 1995 ; un tableau du XIXe siècle représentant le retour du fils prodigue ; une plaque en marbre noir en l'honneur de Louis XVI, rédigée peu après le retour de Louis XVIII à Paris le 2 mai 1814 et restée en place malgré le retour de Napoléon Ier le 1er mars 1815, apposée sur un pilier du côté gauche de la nef ; ainsi qu'une clôture liturgique en fer forgé du XVIIIe siècle. L'église possède trois cloches : la plus ancienne, datée de 1481 et dédiée à saint Martin, est la cloche du tocsin et comporte une dédicace en latin assortie de motifs religieux tels qu'un Christ aux bras croisés entouré des instruments de la crucifixion ; le texte gravé inclut notamment "Sancta Maria", "Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat" et l'appel à saint Martin. Une seconde cloche, fondue en 1756 et dédiée à saint Jean-Baptiste, est sonnée pendant les orages ; son inscription en latin demande que le nom du Seigneur soit béni et indique qu'elle a été réalisée aux frais du chapitre afin de protéger de la foudre, de la grêle et de la tempête, avec la date du dix mai 1756 et le nom Ioannes Vissaguet-Baillus. La troisième cloche, qui sonnait les messes, fut remplacée en 1883 par une nouvelle cloche dédiée à sainte Vitaline ; cette cloche, installée par Émile Vauthier à Saint-Émilion (Gironde) et parrainée par Antoine Jean-Baptiste Picot Lacombe, a pour marraine Marie Rouher-Gilbert et porte des inscriptions mentionnant les dévots artonnois ainsi que le curé et le maire de l'époque. Les inscriptions et ornements des cloches comportent des détails de symbolique et des variantes linguistiques, et la seconde cloche présente des fautes de latin notées dans les sources. L'ensemble de ces éléments témoigne d'une longue histoire liturgique et architecturale marquée par des remplois, des reconstructions et des transformations successives.