Origine et histoire de l'Église Saint-Martin-Saint-Léonard
L'église Saint-Martin-et-Saint-Léonard de Vez (Oise) est une paroisse catholique implantée au nord de la vallée de l'Automne, dominée par le donjon de Vez, et reculée par rapport à la rue principale du village ; son portail sud donne sur une petite place près du monument aux morts, et la façade occidentale et l'élévation nord s'ouvrent sur la voie publique tandis que le chevet est enclavé dans un jardin. La date de fondation de la paroisse est inconnue ; sous l'Ancien Régime elle dépendait du doyenné de Coyolles, de l'archidiaconé de la Rivière et du diocèse de Soissons, le collateur de la cure étant l'évêque de Soissons, et les deux saints patrons sont saint Martin et saint Léonard. La façade occidentale de la nef est datable des alentours de 1150, la nef elle‑même remontant au milieu du XIIe siècle, le clocher ayant été élevé au nord du sanctuaire vers 1200, puis le sanctuaire roman démoli pour laisser place au chœur gothique, daté stylistiquement des années 1225‑1230 et proche de l'abbatiale de Saint‑Jean‑aux‑Bois ; au XVIe siècle on a percé de grandes arcades dans le mur nord et adjoindre un bas‑côté. L'église a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 3 avril 1926 ; elle relève aujourd'hui de la paroisse Saint‑Sébastien de Crépy‑en‑Valois et des messes dominicales y sont célébrées environ tous les deux mois à 11 h. L'édifice a fait l'objet de travaux au cours du XXe siècle.
Bâti selon un plan dissymétrique à deux vaisseaux, il se compose d'une nef de quatre travées accompagnée d'un seul bas‑côté au nord, d'un chœur d'une travée à chevet plat, d'un clocher en bâtière au nord dont la base accueille la chapelle de la Vierge, d'une sacristie au sud du chœur et d'une tourelle d'escalier cylindrique à l'angle nord‑ouest du clocher. L'ensemble n'a qu'un seul niveau d'élévation intérieur : la nef est couverte d'une fausse voûte en berceau brisé en bois plâtré, le bas‑côté présente un plafond incliné correspondant au toit en appentis, et le chœur ainsi que la base du clocher sont voûtés d'ogives. On accède au bâtiment par le portail occidental de la nef ou par un portail latéral dans la première travée au sud.
La nef, conçue comme vaisseau unique et non destinée à être voûtée, doit son caractère aux grandes arcades flamboyantes ouvertes au nord et aux hautes baies en plein cintre du mur sud ; sa charpente partiellement apparente conserve des engoulants sculptés en têtes de monstre. La façade occidentale est remarquablement conservée, et les boiseries sobres à panneaux à fenestrages qui habillent les allèges datent du XVIIIe siècle, comme le lambris du plafond qui atténue l'austérité de l'intérieur. Les grandes arcades en tiers‑point, ouvertes au XVIe siècle, retombent sur des piliers cylindriques appareillés reposant sur des socles octogonaux ; le profil des pourtours, la continuité d'un filet dans l'intrados et l'absence de chapiteaux intermédiaires relèvent du vocabulaire flamboyant régional. Les piliers portent encore des inscriptions et symboles laissés lors de la profanation révolutionnaire.
La base du clocher communicate directement avec la nef et abrite la chapelle de la Vierge ; son arcade occidentale à double rouleau conserve un rang de claveaux au profil simple, et l'espace, de dimensions réduites, présente une voûte d'ogives au profil en tore amande dont la clé est ornée d'une fleur à huit pétales. Le retable de la chapelle, inséré dans les boiseries, montre un tableau de l'Assomption encadré par des pilastres ioniques.
Le chœur, légèrement désaxé vers le sud et de plan approximativement carré, ne comprend qu'une travée sans croisée de transept ; malgré sa petite superficie il constitue la pièce maîtresse de l'église par la sobriété et la qualité de sa construction. Le chevet est percé d'un triplet de lancettes en arc brisé fortement ébrasées et le mur méridional reçoit deux lancettes de même hauteur, tandis que le mur septentrional reste aveugle sauf pour l'arcade donnant sur la base du clocher. Les ogives et l'arc triomphal retombent sur colonnettes à chapiteaux sculptés de crochets stylisés, la clé de voûte représente une couronne de feuillage percée en son centre, et les tailloirs présentent un profil annonçant la dernière étape de la première période gothique.
L'extérieur offre une silhouette singulière : une longue nef largement dominée par un petit chœur et légèrement dépassée au nord par la bâtière du clocher. La façade occidentale en moyen appareil, restée sensiblement telle que construite vers 1150, est flanquée de contreforts à ressauts et percée d'un portail en léger avant‑corps sous un petit gâble ; le portail, en arc brisé, est cantonné de groupes de colonnettes et présente des archivoltes à tore et listel, un tympan appareillé et des consoles soutenant un linteau assemblé en plusieurs éléments. Le clocher compte trois niveaux : une base sobre, un premier étage autrefois ajouré et aujourd'hui aveugle, et un étage de beffroi percé de baies géminées en arc brisé dont la sobriété architecturale se signale par l'absence de colonnettes à chapiteaux et par l'emploi de rangs de têtes de clous en frise.
Le mobilier comprend plusieurs éléments protégés : six objets ou ensembles ont été inscrits au titre des objets par arrêté du 15 mai 1996, parmi lesquels des tableaux, une statue et un lutrin ; les boiseries et les trois retables, malgré leur qualité, ne sont pas inscrits. Les boiseries générales de la nef et du bas‑côté sont principalement des panneaux à fenestrages du XVIIIe siècle, tandis que les boiseries du chœur, plus élaborées et datées du début du XVIIIe siècle, ont fait l'objet d'une restauration autour du début des années 1990 ; elles intègrent le maître‑autel et son retable avec un grand tableau représentant la Résurrection, et un tabernacle sculpté de l'agneau mystique au‑dessus du livre aux sept sceaux.
Parmi les sculptures, une statuette polychrome d'Évangéliste de 50 cm, datée du XVIe siècle, est déposée et exposée au musée de l'Archerie et du Valois à Crépy‑en‑Valois, de même que l'aigle‑lutrin en bois taillé du XVIIIe siècle ; la statue de saint Nicaise en bois, la Charité de saint Martin fragmentée et la statue en pied de saint Martin sont conservées mais ne sont pas protégées au titre des monuments historiques, la Charité ayant été transférée au musée pour conservation. Les peintures comprennent un ensemble de panneaux peints attribués à la fin du XVe siècle représentant diverses scènes hagiographiques, un panneau du martyre de saint Érasme daté du XVIe ou XVIIe siècle, ainsi que d'autres panneaux attribués au XVIe siècle ; les tableaux des trois retables représentent le martyre de saint Sébastien, l'Assomption et la Résurrection.