Origine et histoire de l'Église Saint-Maurice
L'église Saint-Maurice, autrefois appelée Saint-Dominique, se situe dans la vieille ville d'Annecy, en Haute-Savoie, face à l'hôtel de ville. Elle est l'ancienne chapelle d'un couvent dominicain dont la construction a été engagée le 22 mars 1422 à l'initiative du cardinal de Brogny ; l'édifice se trouvait alors en bordure des murailles, le long d'un canal reliant le Thiou au Vassé. Consacrée le 14 septembre 1445 alors qu'elle n'était pas totalement achevée, elle portait à l'origine le vocable de saint Dominique ; le nom a changé après la destruction d'une ancienne église dédiée à saint Maurice située près du château, saint Maurice étant le patron protecteur de la Savoie. Les voûtes ont été élevées en 1491 et la chapelle Notre-Dame-de-Pitié-et-Saint-Michel, demandée par le comte apanagiste Janus de Savoie, a été édifiée le 23 mai 1478 ; elle abrite les sépultures de Janus et de sa femme Hélène de Luxembourg. Durant la Révolution française, l'édifice a été pillé puis transformé en marché aux grains puis en écurie, avant d'être rendu au culte le 24 août 1803 lors du Concordat, prenant alors le vocable de saint Maurice. Le clocher a été reconstruit en 1822 et l'église a fait l'objet de travaux de restauration en 2014-2015. L'édifice présente un style flamboyant savoyard, une variante du gothique tardif propre aux Alpes ; on ignore l'identité de l'architecte et, selon Raymond Oursel, il manque d'élégance faute de ressources. Les peintures murales comprennent notamment la peinture funéraire du tombeau de Philibert de Monthoux et une représentation de l'Assomption de la Vierge sur fond rouge vermillon. Dans cette Assomption la Vierge, aux mains jointes, est portée par quatre anges tandis que, au niveau du sol, figurent le bienheureux Pierre de Luxembourg et l'apôtre Thomas, ce dernier tenant la "Sainte Ceinture" en référence à une tradition médiévale ; le cardinal Pierre de Luxembourg est mis en scène comme donateur, en lien avec la famille de Luxembourg. L'orgue de l'église a été construit par la manufacture Merklin-Schütze en 1869 et profondément modifié en 1966 par le facteur Athanase Dunand, qui a changé des jeux, installé une nouvelle console et ajouté un positif de dos. Le clocher contient quatre cloches : la plus grande, fondue en 1561 par François Sermond, la deuxième, réalisée par Claude Paccard en 1826, une troisième en acier fondue à Unieux par Holtzer, et une petite cloche non utilisée, trop modeste à côté du bourdon devisé à un peu moins de deux tonnes. Parmi les éléments remarquables de l'intérieur figurent la façade, la peinture funéraire du milieu du XVe siècle du tombeau de Philibert de Monthoux, une Vierge en gloire entourée d'anges avec deux saints en prière (début du XVIe siècle), les vitraux du chœur, la statue de saint Maurice, l'autel, les stalles, l'orgue, le bénitier, les fonts baptismaux, un relief en bois, une statue du Christ, plusieurs chapelles dont celle du Rosaire, ainsi que la décoration et le clocher au-dessus du canal Saint-Dominique qui passe sous l'église. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1943 et partiellement classé en 1957.